La Chambre régionale des comptes (CRC) de Bretagne a rendu public son rapport définitif sur la gestion de la ville de Vannes pour les exercices 2019 à 2024. Ce contrôle livre une analyse largement positive de la situation de la commune. Finances assainies, endettement maîtrisé, stratégie patrimoniale ambitieuse : Vannes présente un bilan globalement solide.
Quelques fragilités demeurent toutefois, notamment dans la gestion de certaines régies et dans le calibrage des relations financières avec le Rugby Club Vannes (RCV).
Une situation financière parmi les plus saines de la région
La CRC souligne d’abord la très bonne santé financière de Vannes. La capacité d’autofinancement nette a bondi de près de 60 % en cinq ans, passant de 6,3 millions d’euros en 2019 à 10,4 millions en 2024. Cette amélioration permet à la commune de financer l’essentiel de ses équipements sans recours massif à l’emprunt.
L’endettement confirme cette maîtrise : l’encours consolidé s’établit à 60,8 millions d’euros fin 2024, soit 1 015 euros par habitant, un niveau largement inférieur à la moyenne nationale. La capacité de désendettement, à 3 ans, figure parmi les meilleurs indicateurs possibles pour une collectivité de cette taille.
La ville a également bénéficié d’une cession foncière exceptionnelle en 2023, supérieure à 8 millions d’euros, tout en maintenant une pression fiscale modérée. Les charges de personnel, maîtrisées à 51 % des produits de gestion, restent sous contrôle.
Le seul accroc concerne les délais de paiement, qui ont brutalement augmenté en 2024 à cause d’un changement de logiciel financier. Avec 34 jours en moyenne, la commune dépassait alors le seuil réglementaire. La situation est revenue à la normale dès février 2025.
Comptes et information budgétaire : des irrégularités à corriger
Si la situation financière est solide, la CRC appelle néanmoins à des efforts en matière de fiabilité comptable. L’inventaire des immobilisations ne concorde pas totalement avec l’état de l’actif : un écart de 133 millions d’euros est relevé, dont 38,9 millions d’immobilisations en cours non suivies.
La chambre pointe également des restes à recouvrer trop élevés, certains datant même d’avant 2019, ainsi que des imputations comptables trop fréquentes dans les comptes « divers » et « autres charges », pour un total de 14,7 millions d’euros sur la période.
Ces irrégularités ne remettent pas en cause l’équilibre financier de la commune, mais témoignent d’une information budgétaire perfectible. La municipalité a déjà engagé plusieurs actions correctives : réorganisation des régies, mise en conformité des inventaires et renforcement des rapprochements comptables.
Régies de recettes : un point faible bien identifié
Le rapport revient en détail sur les régies de stationnement et de droits de place. Les deux services manipulent encore beaucoup de numéraire, ce qui rend les contrôles plus sensibles.
Des manques ont été relevés : procédures insuffisamment formalisées, contrôles irréguliers, rapprochements impossibles sur certains exercices. Un détournement de fonds de 16 748 euros a d’ailleurs été détecté en 2024, donnant lieu à une plainte.
La ville a réagi en formalisant un processus de contrôle avec la DDFiP, en développant les moyens de paiement dématérialisés et en renforçant les contrôles inopinés.
Stationnement : vers une gestion totalement unifiée
La ville gère directement une partie du stationnement tandis que d’autres parkings sont délégués. Ce fonctionnement hybride entraîne un déficit chronique du budget annexe, régulièrement compensé par le budget principal, ce qui n’est légalement possible qu’à condition de justifications précises.
Pour sortir de cette situation, Vannes a créé en janvier 2024 une Société publique locale (SPL) destinée à reprendre progressivement l’ensemble du stationnement, parkings et voirie payante compris.
L’objectif est clair : harmoniser les tarifs, réduire les paiements en espèces et simplifier la gestion. La CRC encourage la commune à formaliser davantage les justifications des subventions nécessaires à la transition.
Rugby Club Vannes : un soutien public très généreux
Le soutien financier au Rugby Club Vannetais constitue le volet le plus commenté du rapport. Entre 2019 et 2023, la commune a consacré 15,4 millions d’euros brut au club professionnel, dont 11,6 millions pour l’entretien et l’investissement dans les stades Jo Courtel et La Rabine.
Une fois les investissements amortis, le soutien net pour la période équivaut à 6,6 millions d’euros. En parallèle, Vannes n’a perçu que 1,08 million d’euros de redevances.
Si la CRC valide les missions d’intérêt général assurées par le club et les prestations achetées par la ville (notamment le sponsoring et l’achat de places), elle juge plusieurs redevances insuffisantes.
La redevance du stade Jo Courtel doit passer de 27 000 à 40 000 euros par an pour correspondre au coût réel du site. Celle de La Rabine doit intégrer une part variable liée au chiffre d’affaires du club, qui s’élevait à 13,2 millions d’euros en 2023-2024.
Enfin, le loyer du local commercial utilisé par la billetterie, fixé à 69 €/m²/an, est très en dessous du marché local, estimé à environ 275 €/m²/an.
L’étude externe citée par la chambre rappelle toutefois que le club génère un impact économique important : près de 3 millions d’euros par saison en Pro D2 et jusqu’à 7 millions en Top 14. La relégation pour 2025-2026 fragilise cependant ces projections.
Patrimoine : une politique jugée exemplaire
Le rapport est particulièrement élogieux concernant le patrimoine historique. Avec 38 édifices protégés et près d’1,7 km de remparts, Vannes mène une politique patrimoniale jugée ambitieuse, rigoureuse et conforme aux exigences réglementaires.
La commune a réduit sa consommation énergétique de 19 % entre 2021 et 2024 et respecte le décret tertiaire sur plusieurs sites. Les grands chantiers sont pilotés de manière sérieuse : la restauration de la chapelle Saint-Yves (10 M€) s’achève, tandis que le chantier du château de l’Hermine — futur musée d’arts — voit son coût réévalué à 25,8 millions d’euros, en raison de fouilles archéologiques.
La CRC recommande toutefois une programmation pluriannuelle des investissements encore plus détaillée.
Une réponse constructive du maire
Dans sa réponse du 2 octobre 2025, le maire David Robo accepte l’essentiel des observations. Il annonce des améliorations sur les documents budgétaires, la mise en conformité complète de l’inventaire, la stabilisation des délais de paiement et la révision des redevances liées au rugby dès 2026.
Une programmation patrimoniale 2026-2032 est également en cours.
La ville de Vannes obtient un bilan très favorable. Sa situation financière est solide, son endettement maîtrisé, sa stratégie patrimoniale saluée et ses efforts de sobriété énergétique reconnus.
Les difficultés relevées — irrégularités comptables, régies perfectibles, soutien financier au rugby à ajuster — sont déjà, pour la plupart, en voie de correction.
En somme, la CRC adresse surtout un rappel à l’ordre sur quelques procédures, sans remettre en cause la trajectoire globale de la commune. Vannes apparaît ainsi comme l’une des collectivités les mieux gérées de la région, avec un seul sujet sensible à clarifier : le juste partage des coûts liés au rugby professionnel.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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