Ancien ministre de la Défense nationale et des Affaires étrangères, ancien président de la Région Bretagne, Jean-Yves Le Drian a évidemment des idées sur la décentralisation. Avec son club de réflexion, le Breizh-Lab, il travaille sur la question. « Par son histoire et sa sensibilité, la Bretagne peut être porteuse d’innovations. L’un des principes majeurs est le recentrage de l’Etat sur ses compétences régaliennes que sont la justice, la sécurité, les grands enjeux stratégiques du pays. Tout le reste revient aux régions. Avec une autonomie fiscale en fonction des compétences choisies », explique-t-il (Ouest-France, Bretagne, lundi 3 novembre 2025). Sur la réunification, il a aussi des convictions : « Sur la carte des régions, j’ai eu un désaccord avec François Hollande. Je ne comprenais pas ce redécoupage dans un scénario de dissolution de la Bretagne dans un grand-Ouest flou. Il a bien voulu entendre mon point de vue. Le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, auquel je suis favorable ne peut pas non plus être envisagé uniquement d’un point de vue géographique sans repenser la décentralisation sur le fond. Quant aux discours d’Emmanuel Macron en 2018, je suis convaincu qu’il était sincère, mais il y a eu l’enchaînement des crises que l’on connaît. La décentralisation est passée au second plan. Mais l’heure est venue », poursuit-il (Ouest-France, Bretagne, lundi 3 novembre 2025)
Chesnais-Girard fait confiance à Lecornu
Avant l’adoption de la « loi n°2015-29 du 16 janvier 2015 relative à la délimitation des régions » qui maintenait la Bretagne à quatre départements, François Hollande, alors président de la République, avait prévu de fusionner les Pays de la Loire et la Bretagne (4). Cet épisode est raconté par Benjamin Keltz et Nicolas Legendre dans leur ouvrage Le phénomène Le Drian-Enquête sur le plus influent des Bretons (Les Editions du coin de la rue, novembre 2016). « La Bretagne intégrée dans un Grand Ouest, ce n’est pas mon histoire. Si ça avait été le cas, je serais parti sans faire de drame, sans doute pas le lendemain matin mais au remaniement suivant. Pour être en accord avec moi-même », indique Le Drian (page 274) En réalité, le ministre de la Défense nationale se trouvait à Singapour pour vendre des avions – sa spécialité ! – lorsque Hollande lui téléphone pour solliciter son avis quant à la fusion. Le Drian ne veut pas en entendre parler, Hollande se contente de dire à ses collaborateurs : « Jean-Yves ne veut pas » et le “Grand Ouest mou“ est enterré. Notons au passage que Jean-Marc Ayrault (PS), maire de Nantes, et Nathalie Appéré (PS), maire de Rennes, sont favorables à la fusion de la Bretagne (4) et des Pays de la Loire.
Le Premier ministre Sébastien Lecornu ambitionne d’accoucher d’une grande loi sur la décentralisation, comme Gaston Defferre en 1982-1983. Il en a parlé lors de sa déclaration de politique générale (mardi 14 octobre). Mais de la coupe aux lèvres, il y a loin. Une pareille révolution dans le fonctionnement de la République française ne peut s’opérer qu’en début de mandat lorsque le président de la République est encore puissant et populaire, donc capable d’imposer aux élus et à la haute administration de profonds changements. D’abord Emmanuel Macron n’est pas un grand défenseur de la décentralisation, ensuite « sans majorité, sous la menace de motions de censure et à la merci du PS, Sébastien Lecornu sera-t-il encore en place, cet hiver, pour faire passer le texte promis ? Rien n’est moins sûr.» (Le Télégramme, jeudi 16 octobre 2025) Enfin, il faut tenir compte, à l’Assemblée nationale, de l’opposition farouche de deux groupes farouchement jacobins (La France insoumise et le Rassemblement national) qui feront tout pour faire capoter tout projet de réforme en la matière.
En marge du congrès des Régions à Versailles, Sébastien Lecornu a discuté de tout cela avec les présidents de Région. « Je ne veux pas d’un grand discours vertical : il faut se parler, pas se proclamer », leur a-t-il assuré. « Un calendrier de travail a été posé. On se revoit en décembre avec un certain nombre de chantiers. L’objectif c’est d’être efficace », souligne Loïg Chesnais-Girard (divers gauche), président de la Région Bretagne (Le Télégramme, vendredi 7 novembre 2025).
Bernard Morvan
Crédit photo : Dean Calma / IAEA/Wikimedia (cc)
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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