Une région à l’écoute de ses maux intérieurs, mais où le recours à un psy reste encore tabou chez les plus âgés et chez les hommes
En Bretagne administrative, la santé mentale est devenue un sujet d’attention croissante, en particulier chez les jeunes adultes et les femmes. C’est ce que révèle une analyse statistique menée par Doctolib sur les rendez-vous pris chez les psychologues de la région entre janvier et octobre 2025. Au total, plus de 537 000 consultations ont été recensées, dont 40 % prises en ligne, ce qui traduit une appropriation massive des outils numériques… et une demande en nette hausse.
Les jeunes adultes en tête des consultations
Près de 40 % des rendez-vous concernent les 18-34 ans, confirmant une tendance déjà visible à l’échelle nationale. Cette génération, souvent plus ouverte à parler de santé mentale, consulte davantage, que ce soit pour des épisodes anxieux, des questionnements identitaires, ou des difficultés relationnelles.
L’Ille-et-Vilaine, le département le plus jeune de Bretagne, concentre plus d’une consultation sur deux dans la région. Une surreprésentation logique au vu de la démographie, mais qui révèle aussi un rapport plus décomplexé à la psychothérapie.
« J’ai le sentiment que la nouvelle génération voit notre rôle comme un atout pour avancer, pas seulement comme un recours en cas de crise », explique Mathilde Dehame, psychologue à Saint-Malo.
Le tabou des seniors s’effrite
Les plus de 65 ans ne représentent encore que 3,8 % des consultations, bien qu’ils constituent plus de 20 % de la population bretonne. Une sous-représentation marquée, souvent liée à un regard culturel différent sur la psychologie : besoin de se débrouiller seul, pudeur face aux émotions, ou sentiment d’illégitimité à exprimer ses souffrances.
Mais les mentalités évoluent : cette classe d’âge enregistre la plus forte progression de l’année (+63,6 %). Une évolution lente, mais significative.
Deux patients sur trois sont des femmes en Bretagne, un chiffre qui grimpe à 75 % chez les 18-24 ans, et à 72 % au-delà de 55 ans. Une constante observée aussi bien dans les villes que dans les campagnes. La part masculine reste faible et évolue peu, malgré une progression sensible.
« Les hommes viennent plus souvent pour des problèmes concrets, liés au travail ou à la famille, mais ont encore du mal à consulter pour des troubles comme l’anxiété ou le manque de confiance », note Mathilde Dehame. « Ils doivent franchir des barrières culturelles qui leur disent qu’un homme doit tenir, seul. »
Une santé mentale en mutation
Les chiffres de Doctolib soulignent également qu’un quart des rendez-vous sont pris non pas pour soi, mais pour un proche : parent inquiet, conjoint attentif, ou ami impliqué. Cette donnée rappelle que la santé mentale est encore souvent un sujet collectif, où la parole de l’entourage joue un rôle déterminant.
L’essor des consultations en ligne, l’augmentation globale du nombre de rendez-vous et la diversification des profils de patients montrent que la Bretagne suit une dynamique nationale de banalisation – partielle – de la psychologie dans le quotidien. Mais les disparités entre générations et entre sexes témoignent aussi des résistances qui persistent.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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