Le traditionnel concert du Nouvel An prévu sur les Champs-Élysées n’aura pas lieu cette année. Si la version officielle invoque des raisons de sécurité liées à l’affluence attendue, plusieurs représentants syndicaux de la police établissent un lien direct avec un match de l’équipe nationale algérienne prévu le soir du 31 décembre.
La décision est tombée à la demande de la préfecture de police de Paris, appuyée par les services de renseignement. Si le feu d’artifice est maintenu, le concert, lui, a été enregistré à l’avance et sera simplement diffusé à la télévision. Une source proche du dossier évoque auprès de TF1info la crainte de « mouvements de foule, de bousculades et de panique », du fait de la configuration peu adaptée de l’avenue pour un rassemblement massif.
Mais en coulisses, d’autres raisons plus politiques et sécuritaires sont évoquées.
La crainte de nouveaux débordements liés aux supporters algériens
Invité sur CNews, Benjamin Camboulives, porte-parole du syndicat Alternative Police CFDT, n’a pas mâché ses mots. Selon lui, la concomitance du concert avec un match de Coupe d’Afrique des Nations – Algérie contre Guinée équatoriale – a pesé lourd dans la balance. « Il y a déjà eu des antécédents », a-t-il rappelé, faisant référence aux violences qui avaient émaillé les Champs-Élysées en 2021 après la victoire de l’Algérie face à la Tunisie. À l’époque, pillages, échauffourées et affrontements avec les forces de l’ordre avaient marqué les esprits.
Même son de cloche du côté du syndicat CFTC-Police. Alex Ronde évoque « l’impossibilité de déployer massivement des policiers sur tous les fronts », entre marchés de Noël, réveillons, et événements sportifs à haut risque. Il évoque également des risques similaires pour le match Algérie-Soudan, prévu… la veille de Noël.
La multiplication des missions et la tension permanente sur les effectifs rendent difficile toute sécurisation optimale. Et les services de renseignement ne cachent plus leur inquiétude devant certains profils radicalisés ou des risques d’agitation communautaire.
Un contexte sécuritaire globalement tendu
Outre les risques de débordements liés à des supporters exaltés, le climat sécuritaire en France reste marqué par une menace terroriste élevée. Le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez a adressé un télégramme aux préfets en ce sens, demandant un renforcement de la vigilance autour des marchés de Noël, rappelant les précédents tragiques de Strasbourg (2018) ou Berlin (2024).
Dans ce contexte, l’annulation d’un concert rassemblant potentiellement plus d’un million de personnes sur la « plus belle avenue du monde » n’a rien d’anodin. L’an dernier, un événement similaire organisé à l’occasion des Jeux Olympiques avait drainé une foule immense, dans une ambiance festive. Mais cette année, l’ambiance est plus pesante, et les priorités de l’État semblent avoir changé.
Derrière les motifs invoqués officiellement se cache aussi une question plus profonde : l’Etat est-il encore capable d’assurer le bon déroulement d’un événement populaire, en plein cœur de sa capitale, sans craindre d’émeutes communautaires ? Pour nombre de policiers, la réponse est non.
Dans un silence gêné, les autorités semblent acter un renoncement : ne pas risquer l’affrontement, éviter la provocation, fuir la confrontation directe avec des groupes qui ont, par le passé, montré leur capacité à semer le chaos. Et pendant ce temps, des familles françaises devront, une fois de plus, se contenter d’un concert télévisé, pendant qu’une minorité communautarisée dicte, de fait, le calendrier de la tranquillité publique.
Photo d’illustration : DR
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