Jamie Michael, vétéran de la guerre d’Irak et père de famille engagé dans le bénévolat sportif, s’est vu interdire de travailler avec des enfants par les autorités locales galloises. Son tort ? Avoir exprimé publiquement sa colère après un fait divers sanglant impliquant un migrant, dans une vidéo publiée sur Facebook. Acquitté par la justice, il reste néanmoins persona non grata pour encadrer une équipe de football. Un cas qui alarme les défenseurs de la liberté d’expression au Royaume-Uni.
Un vétéran visé pour délit d’opinion
Jamie Michael, 47 ans, ancien militaire des Royal Marines, vivait jusqu’à récemment une vie tranquille à Penygraig, dans la vallée galloise du Rhondda. Père de deux filles, il consacrait une partie de son temps libre à encadrer bénévolement des équipes locales de football féminin. Mais sa vie a basculé à l’été 2024.
Secoué par l’assassinat de trois enfants à Southport — une attaque qui a profondément choqué le pays — Michael poste une vidéo de 12 minutes sur Facebook. Il y exprime, de manière virulente, sa colère face à l’immigration illégale et à la gestion sécuritaire du gouvernement. Il y décrit certains migrants comme des « déchets humains » ou des « psychopathes ». Des propos qui, bien que maladroits et excessifs selon ses propres mots, ne constituaient aucun appel à la violence, précise-t-il. Le vétéran y appelle à une mobilisation citoyenne « dans le respect des lois ».
Acquitté par la justice, mais jugé inapte par les autorités locales
Malgré l’absence d’appel à la violence, Jamie Michael est arrêté, passe 17 jours en détention provisoire, et comparait pour incitation à la haine raciale. Le verdict du jury tombe après seulement 17 minutes de délibération : non coupable.
Mais la machine administrative, elle, ne s’arrête pas là. Moins de deux semaines après son acquittement, la commission de protection de l’enfance locale (safeguarding board) statue en privé qu’il n’est pas « apte à travailler avec des enfants ». L’Association galloise de football (FAW) lui interdit alors d’encadrer l’équipe de sa fille. Aucun élément nouveau, aucun témoignage d’enfants ou de parents ne vient appuyer cette décision. Le simple fait qu’il ait été accusé, puis relaxé, semble suffisant.
Michael n’a jamais eu la moindre plainte en tant qu’éducateur. Il avait pourtant passé toutes les vérifications obligatoires, dont les contrôles renforcés de casier judiciaire (DBS). Mais aujourd’hui, il se voit banni sans preuve ni justification concrète. « C’est une punition politique », affirme-t-il. « Je suis exclu pour avoir des opinions patriotiques qui ne plaisent pas à la nouvelle orthodoxie. »
Il a lancé une action en justice pour obtenir 25 000 £ de dédommagements au titre de la violation de ses droits fondamentaux.
Une instrumentalisation des dispositifs de protection de l’enfance ?
La Free Speech Union (FSU), organisation militante en faveur de la liberté d’expression, soutient le combat juridique de Michael. Elle dénonce une tendance inquiétante à utiliser les mécanismes de protection de l’enfance à des fins idéologiques, pour écarter ceux dont les opinions dérangent. L’organisation dit avoir recensé plus d’une quinzaine de cas similaires, impliquant des enseignants, des éducateurs, voire des bénévoles d’associations.
Lord Young, fondateur de la FSU, dénonce une dérive grave : « Ces protocoles ont été conçus pour protéger les enfants contre les abus sexuels ou la violence, pas pour écarter des citoyens engagés parce qu’ils ont des opinions patriotiques. »
Lors d’une réunion avec les responsables locaux, Michael aurait demandé pourquoi les joueurs de football pouvaient manifester leur soutien à Black Lives Matter en « mettant un genou à terre », tandis que lui était exclu pour avoir exprimé des opinions politiques à l’opposé. Réponse gênée de la part de la protection de l’enfance : aucun commentaire.
Michael ne cache pas son écœurement : « Je dois dire aux gens que je ne peux plus encadrer une équipe de filles… la première chose à laquelle ils pensent, c’est que je suis un pervers ou un agresseur. C’est ignoble. »
Un climat politique délétère au Royaume-Uni
Ce type d’affaire ne manque pas de faire réagir au-delà des frontières. Depuis Washington, des membres de l’administration Trump ont déjà exprimé leur inquiétude quant à l’état de la liberté d’expression sous le gouvernement de Keir Starmer. L’affaire Michael pourrait donc tendre davantage les relations entre Londres et les conservateurs américains, soucieux de défendre les libertés fondamentales.
L’affaire Jamie Michael cristallise les inquiétudes d’une partie croissante de la population britannique : la fin de la présomption d’innocence, le basculement vers une société de surveillance idéologique, et la criminalisation rampante des opinions conservatrices. Une réalité que peu de grands médias osent encore nommer, mais qui gagne du terrain. Jusqu’où ira cette logique de bannissement social pour cause de « mauvaise pensée » ?
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