Auditionnée à l’Assemblée nationale dans le cadre de la mission d’information sur la baisse de la natalité, Ludovine de la Rochère, la présidente du Syndicat de la famille a livré un diagnostic sévère et argumenté sur les causes du décrochage démographique français. Devant les députés, elle a pointé une accumulation de décisions politiques, de transformations sociales et d’évolutions culturelles qui, selon elle, empêchent de nombreux couples de réaliser leur désir d’enfant.
Une politique familiale « déconstruite » depuis une décennie
Dès son propos liminaire, la représentante du Syndicat de la famille a rappelé que la France, longtemps citée en exemple pour sa politique familiale, a vu celle-ci profondément modifiée à partir de 2014. Universalité des aides remise en cause, logique d’économies de court terme, basculement d’une politique familiale vers une politique sociale ciblée : autant d’évolutions qui auraient fragilisé les classes moyennes, pourtant les plus susceptibles d’accueillir un ou plusieurs enfants supplémentaires.
Selon elle, la famille a cessé d’être considérée comme un investissement collectif pour devenir une variable budgétaire ajustable, alors même que 70 % des Français vivent en famille. Une contradiction qu’elle juge lourde de conséquences démographiques.
Le congé parental, symbole d’un échec politique
La réforme du congé parental a occupé une place centrale dans l’audition. Présentée à l’époque comme une avancée en matière d’égalité, l’obligation de partage entre les deux parents a, selon la présidente du Syndicat, produit l’effet inverse. Dix ans après, 96 % des bénéficiaires restent des mères, tandis que le nombre total d’allocataires s’est effondré.
Résultat : une organisation du quotidien rendue plus complexe, des difficultés accrues de garde d’enfants à partir des deux ans, et une insécurité matérielle qui conduit certains couples à renoncer à un enfant supplémentaire, voire à la parentalité elle-même. Pour le Syndicat, la solution passe par davantage de liberté laissée aux familles, afin qu’elles puissent organiser leur vie professionnelle et familiale selon leurs contraintes réelles.
Épuisement des mères et isolement des parents
Sur le plan social, l’audition a mis en lumière un phénomène largement documenté mais rarement abordé frontalement : l’épuisement des mères. Journées morcelées, charge mentale persistante, difficultés d’accès aux modes de garde, éloignement géographique des solidarités familiales, activité professionnelle prolongée des grands-parents : autant de facteurs qui rendent la petite enfance particulièrement éprouvante.
Selon la présidente auditionnée, cet épuisement conduit de nombreuses femmes à renoncer à l’enfant qu’elles souhaitaient pourtant avoir. Elle a plaidé pour des mesures concrètes : congés mieux adaptés, horaires compatibles avec la parentalité, temps partiels facilités, davantage de jours pour enfants malades, et reconnaissance des contraintes spécifiques de la maternité.
Mariage, stabilité du couple et natalité
Autre point soulevé : la corrélation entre natalité et stabilité du couple. Les données démographiques montrent que la baisse du nombre de mariages s’accompagne d’un recul durable de la natalité. Or, depuis la création du PACS, le mariage a perdu une partie de sa spécificité juridique et symbolique.
Sans prôner de discrimination, le Syndicat de la famille estime nécessaire de redonner au mariage une attractivité propre, en tant que cadre sécurisant pour le projet familial, afin d’encourager des engagements plus durables.
La dernière partie de l’audition a suscité de vifs échanges. Ludovine de la Rochère a dénoncé une dévalorisation culturelle croissante du couple, de la parentalité et de la famille. Selon elle, les discours publics, les programmes éducatifs et les représentations médiatiques diffusent une vision négative ou suspicieuse de la famille, tout en valorisant des modèles de vie sans enfants.
Elle a également mis en cause l’impact des écrans, des réseaux sociaux et des applications de rencontres sur la formation des couples, soulignant la concomitance entre leur généralisation et les premiers décrochages de la natalité française au début des années 2010.
Un débat politique tendu mais assumé
L’audition a donné lieu à des réactions critiques de la part de plusieurs députés, notamment sur les questions d’égalité femmes-hommes, de familles monoparentales et de prévention des violences. Le rapporteur de la mission a toutefois rappelé un principe fondamental : auditionner ne signifie ni approuver ni sanctuariser des positions, mais permettre la confrontation des analyses dans un cadre démocratique.
Au terme de cette audition dense, une certitude demeure : la baisse de la natalité ne relève ni d’un facteur unique ni d’un simple choix individuel. Elle interroge en profondeur les orientations politiques, sociales et culturelles d’un pays, ainsi que la place qu’il accorde à la famille et à la transmission.
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.