À partir de ce mardi 30 décembre 2025, les assistants de régulation médicale (ARM) du Samu des Côtes-d’Armor entrent en grève illimitée. Officiellement, le service continuera de répondre aux appels grâce aux réquisitions. Mais derrière cette continuité de façade, la situation apparaît de plus en plus critique, tant pour les personnels que pour la population.
Depuis le début des vacances de Noël, le centre 15 des Côtes-d’Armor fait face à un afflux massif d’appels, avec des pics dépassant les 1 700 appels quotidiens. Grippe saisonnière, fermeture de nombreux cabinets médicaux, afflux de population lié aux fêtes : la pression s’accumule sur un système déjà fragilisé depuis des mois.
Une régulation sous tension permanente
Les assistants de régulation médicale dénoncent une dégradation continue de leurs conditions de travail. Les délais de réponse peuvent atteindre jusqu’à quinze minutes, une situation inédite pour un service censé gérer l’urgence vitale. Selon les représentants syndicaux, cette saturation crée un double risque : une perte de chance pour les patients et une exposition accrue des régulateurs aux responsabilités médico-légales.
La mise en place récente de nouveaux protocoles, notamment pour la régulation des maisons médicales de garde ou la gestion des carences de médecins généralistes, a profondément modifié le quotidien des équipes. En pratique, lorsque les médecins libéraux ou régulateurs font défaut, tout repose sur les ARM, sommés de trier, orienter et décider sous une pression constante.
Un métier clé… mais difficilement accessible
Au cœur de cette crise se pose une question rarement abordée : pourquoi est-il si difficile de recruter des assistants de régulation médicale ?
Depuis 2019, l’accès au métier est conditionné à une formation diplômante obligatoire d’un an, représentant 1 470 heures, réparties équitablement entre théorie et stages. Si l’objectif affiché est la sécurisation de la régulation médicale, la réalité est plus contrastée et rien n’indique que la qualité de service a été améliorée avec cette formation obligatoire. La sélection s’effectue sur dossier et entretien, le diplôme est classé au niveau 4, et les contraintes organisationnelles sont lourdes. Dans le même temps, aux Etats-Unis, certaines villes commencent à envisager l’utilisation de l’IA pour faire un premier tri dans les appels d’urgences (911) auprès de la police ou des secours mais une fois encore, la France semble choisir la voie du Tiers monde médical.
En Bretagne, l’offre de formation est particulièrement limitée : seuls Rennes et Vannes disposent de centres agréés. Aucune formation n’existe dans les Côtes-d’Armor, alors même que Saint Brieuc dispose d’un centre d’appel, contraignant les candidats potentiels à se déplacer, se loger ailleurs ou renoncer, puisque tout se fait en présentiel, ce qui est un comble pour un métier basé sur le centre d’appels. Un frein supplémentaire dans un département déjà confronté à des difficultés de recrutement dans de nombreux métiers de la santé.
Salaires modestes et conditions éprouvantes
À cette barrière de formation s’ajoutent des rémunérations peu attractives, au regard du niveau de responsabilité, et des conditions de travail éprouvantes : horaires décalés, pression émotionnelle permanente, exposition à la détresse, parfois à l’agressivité, et sentiment croissant de travailler en flux tendu sans marges de manœuvre.
Le résultat est connu : un turnover élevé, des équipes fragilisées, et une incapacité structurelle à renforcer durablement les effectifs. Comme dans bien d’autres secteurs en France, tout se passe comme si la complexité des parcours, combinée à des conditions peu incitatives, empêchait volontairement l’élargissement des recrutements.
Une crise révélatrice d’un système à bout de souffle
La direction hospitalière rappelle la nécessité d’un « bon usage » du numéro 15 et évoque la mise en place de renforts ponctuels. Mais ces réponses conjoncturelles peinent à masquer une réalité plus profonde : la régulation médicale fonctionne aujourd’hui à la limite de la rupture.
Dans les Côtes-d’Armor, la grève illimitée des assistants de régulation médicale agit comme un révélateur. Derrière l’urgence, elle met en lumière un modèle où l’on exige toujours plus de professionnels de moins en moins nombreux, tout en maintenant des obstacles structurels à l’entrée dans le métier. Une équation intenable, pour les équipes comme pour les patients.
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[cc] Article rédigé par la rédaction de breizh-info.com et relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par une intelligence artificielle.
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