« Notre pays a été pillé, saccagé, violé et dévasté », assène Donald Trump. Pour certains, ces mots sont excessifs. Pour d’autres, ils sonnent comme une douloureuse vérité. Car le XXe siècle finissant et le XXIe naissant ont vu l’Occident — États-Unis en tête — sacrifier ses classes moyennes, ses ouvriers, son tissu industriel, sur l’autel d’un libre-échange absolu, dérégulé et aveugle. Aujourd’hui, Trump réagit. Il frappe fort. Il referme les frontières douanières. Et il a raison.
La fin de la naïveté commerciale américaine
Les droits de douane généralisés annoncés par Washington sont sans précédent : 10 % sur toutes les importations, 20 % sur les produits européens, 34 % sur la Chine, 46 % sur le Vietnam… Avec une logique simple : protéger le travail américain, relocaliser les chaînes de valeur, équilibrer la balance commerciale et restaurer une souveraineté économique longtemps abandonnée.
Contrairement aux larmoiements habituels sur la « croissance mondiale » ou les « règles de l’OMC », il faut le dire : Trump ne détruit pas l’économie américaine, il la restaure.
La grande illusion du libre-échange total
Depuis les années 1990, l’Union européenne et les grandes puissances occidentales ont multiplié les accords commerciaux multilatéraux et bilatéraux, avec des effets bien connus :
- Un déficit commercial chronique pour la France (plus de 100 milliards d’euros en 2023, un record historique) ;
- La désindustrialisation de pans entiers du pays : l’industrie représentait 25 % du PIB français en 1980, à peine 10 % aujourd’hui ;
- La destruction de l’agriculture paysanne au profit d’importations à bas coût (céréales ukrainiennes, fruits d’Espagne, viande d’Amérique latine…) ;
- Un dumping environnemental, avec des produits importés à bas prix issus de productions polluantes, non conformes aux normes européennes, transportés à l’autre bout du monde ;
- Et enfin, l’effondrement de la classe moyenne occidentale, piétinée par une économie mondialisée au service de profits déterritorialisés.
Et si l’Europe osait, elle aussi ?
Au lieu de geindre face aux mesures américaines, l’Union européenne devrait s’en inspirer. Car il est temps de rompre avec la religion du libre-échange pour entrer dans l’ère de la préférence européenne, de la détaxation de la proximité et de la protection raisonnée.
Que proposons-nous ?
- Des droits de douane modulables sur les produits importés selon la distance d’importation, leur bilan carbone et le respect des normes sociales et environnementales ; Et une surtaxe dissuasive pour tout produit qui peut potentiellement être fabriqué sur notre continent.
- Une baisse massive des taxes sur la production locale et de proximité, aujourd’hui surtaxée face aux produits importés ;
- Une TVA différenciée entre biens européens et extra-européens ;
- La mise en place d’un « mur douanier vert », qui protège notre agriculture contre la concurrence déloyale de produits subventionnés ou non conformes aux normes européennes.
L’Europe n’a pas de pétrole, mais elle a des idées… et elle avait des usines
En 2000, la France comptait plus de 4 millions d’emplois industriels. En 2023, il n’en reste que 2,7 millions. Pendant ce temps, l’Allemagne, mieux protégée, mieux organisée, a maintenu son industrie, son tissu de PME exportatrices et sa balance commerciale excédentaire (encore +67 milliards d’euros en 2022 malgré les crises).
Si nous voulons retrouver la souveraineté énergétique, alimentaire, numérique et stratégique, il faut arrêter d’importer tout ce que nous sommes parfaitement capables de produire nous-mêmes.
Le rejet du libre-échange est mondial. Le Brexit, Trump, la montée des partis identitaires en Europe, traduisent une demande claire : reprendre le contrôle de nos frontières, de nos monnaies, de nos industries.
Ce ne sont pas les traités de libre-échange qui nourrissent un peuple. Ce sont les usines qui tournent, les artisans qui travaillent, les champs cultivés, les produits de qualité, la proximité. L’âge d’or américain est peut-être de retour, oui. Mais que fait l’Europe ? Que fait la France ? Va-t-on continuer à pleurer nos fleurons délocalisés et nos exploitations agricoles liquidées… ou allons-nous enfin relever la tête et bâtir un nouveau modèle de prospérité enracinée ?
Le choix de Trump est brutal. Mais il est lucide. Il répond à une impasse historique : celle d’un libre-échange qui n’a enrichi qu’une caste mondialisée, au prix de l’appauvrissement généralisé des classes populaires.
L’Europe a une chance historique : choisir la voie de la relocalisation, du bon sens économique, de la préférence continentale.
Ce que nous devons faire n’est pas de punir l’Amérique pour ses barrières douanières. C’est de faire comme elle.
M. S
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9 réponses à “Vive les droits de douane ! Ce que l’Amérique ose enfin faire, l’Europe doit en tirer les leçons [L’Agora]”
Solutions illusoires : ce sont toutes les taxes et règlementations (européennes, notamment) qui faussent le jeu du véritable libre-échange, notamment en gonflant les prix de revient : ce n’est pas en en remettant une couche que l’on va régler le problème, au contraire…
Et « les accords commerciaux multilatéraux et bilatéraux », ce n’est pas le libre-échange…
(Voir Bastiat, « Libre-Échange »)
Trump démolit – et avec d’excellents arguments – tout ce qu’ont fait les administrations US depuis les deux mandants de William Clinton, dominés par la puissance des financiers et des négociants – contre les industriels US : désindustrialisation massive, chômage massif, achats massifs à l’étranger, importation monstrueuse d’étrangers pour accroître la consommation intérieure et concurrencer – par des esclaves sous-payés – les travailleurs US, Dette extérieure croissante.
À nous autres, Français, cela évoque l’action de tous les gouvernements depuis Mitterrand et la plongée dans l’économie globale qui a provoqué : la désertification industrielle, 10 à 15 millions d’envahisseurs d’Afrique et du Proche- et Moyen Orients, un chômage incompressible de 5 à 6 millions de chômeurs au lieu des 1,5 du règne, déjà néfaste de Giscard – décret de regroupement familial des étrangers, avortement de complaisance, limitations à la liberté d’expression).
Suivre Trump – ou Poutine dans ses réformes intérieures, pas forcément dans son action guerrière -, ce serait refaire vers 2025-30 tout ce que l’on a détruit en Europe Occidentale depuis les années 1980-90…. ce serait une ouvelle Renaissance, soit la preuve d’une volonté de remonter la pente après la DÉCADENCE de 1973 à nos jours.
Demat dans sa vidéo YouTube d’hier, Florian Philippot en a parlé : »Trump vient de tuer là mondialisation et l’Union Européenne » ; je vous invite à la regarder et après on reparlera de tout cela ce soir en direct à partir de 19 heures en répondant à toutes les questions à se poser sur ce thème ; à noter que le live de cette semaine de François Asselineau était aussi très intéressant et notamment sur l’abandon catastrophique du programme nucléaire « Astrid »en 2019 par le Micron ; kenavo
Le libre échange et le libéralisme ont fait plus pour le bien et la prospérité des nations que vous ne semblez l’imaginer. En mettant à disposition, et au choix de chaque consommateur une immense variété de produits, à des prix concurrentiels.
Ce qui est la cause de notre désindustrialisation est que nous ne sommes pas concurrentiels. A mon avis pour 2 raisons principales : l’état, par les taxes et l’endettement représenté plus de 60% du PIB ; l’état par les normes et règlementations qu’il inflige étouffe toute volonté (et toute possibilité) de production.
Sur le plan économique au moins, nous vivons dans un état totalitaire. C’est de cela qu’il nous faut nous libérer.
BRAVO pour votre courage et lucidité.
Il est bon le guy Trump ce sont les ordures Yankees qui nous ont imposé clefs en mains cette Europe d’ordures libérales et aujourd’hui on constate qu’ils se réservent de droit à tout le moins la possibilité de modifier le résultat des élections, on constate aussi que leurs séides s’emplissent les fouilles comme le célèbres Kohler. Je rappelle que grâce à une célèbre Lumière sortie de l’ENA (oui l’inventeur du regroupement familial) il nous reste des avions renifleurs dans des hangars! Et que nous aurons bientôt en magasins de brocante des éoliennes qui ne servent à rien!
l’ue est une passoire , les autres avant les notres, on devrait imiter trump sur ce sujet
L’Europe a ce qu’elle a cherché surtout ces 7 dernières années ou des apprentis sorciers guerriers et financiers pensaient pouvoir faire ce qu’ils veulent en guerre tout en ruinant leurs pays respectifs. Russie et Chine alliés comme un roc ont vu venir l’occident de très loin depuis 2008. Biden mondialiste avec Scholz et Macron sont périmés. La route de l’Arctique sous l’égide de la Russie va changer complètement le transport mondial et les forces stratégiques en un trajet 3 fois plus court. Le sommet de l’Arctique en début d’année n’a pas vu beaucoup de monde de l’UE trop occupée à faire la guerre à la Russie. Mr Trump a vu venir le deal et s’empresse d’avoir lui aussi des routes via la convoitise du Groenland pour avoir des bases de missiles. L’UE dans l’histoire paie le prix fort de 160 milliards brûlés de sa guerre contre la Russie. L’UE persiste mais en faillite et n’a encore rien compris. Pourtant Mr Poutine a avertit 6 fois de faire partie du marché de l’UE, a averti l’UE que cette guerre ne les concernait pas et donc alliée avec les BRICS la Chine l’Inde cela fait froid dans le dos. Mr Trump ne pourra rien faire les USA ne sont pas dieu, plus les gendarmes du monde avec leur armada vulnérable qui fait peur puisque les Houtis en on touché un. Donc cette armada elle peut être détruite en 15 minutes avec des missiles hypersoniques extrêmement puissants à 13’000 kms heure. Notre seul porte avions ferait bien de faire attention dans les coins du globe en mer de Chine, car nous exaspérons et énervons passablement USA et Russie avec la Chine. Ce sont des cibles tellement faciles par triangulation satellite missiles que ces gros porte avions sont comme le tir aux pigeons.
@Sioc
C’est exactement ce que j’ai écrit plus haut, me référant à Bastiat…
Mais il n’est pire aveugle..