À compter du 1er août 2025, les foyers français qui n’auront pas accepté l’installation du compteur Linky devront s’acquitter d’un surcoût. Selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE), les usagers non équipés seront facturés 6,48 € tous les deux mois, soit près de 39 € par an. Et pour ceux qui ne transmettent plus aucun relevé depuis plus d’un an, une pénalité supplémentaire de 4,14 € viendra s’ajouter. Résultat : plus de 60 € annuels pour conserver son ancien compteur, comme l’a détaillé le 5 mai le magazine 60 Millions de consommateurs.
Si la mesure peut sembler contraignante, elle n’interdit pas formellement le refus : le maintien de l’ancien compteur reste possible pour ceux qui acceptent d’en assumer le coût. Enedis prévoit néanmoins des exceptions : les cas d’impossibilité technique avérée (compteur inaccessible, installation incompatible) ne seront pas concernés. En revanche, les personnes se déclarant électrosensibles n’obtiennent pas d’exonération spécifique, malgré les demandes d’associations et de consommateurs.
Un cadre juridique désormais verrouillé
Le 9 avril 2025, la Cour de cassation a confirmé la légitimité du déploiement de Linky en rejetant le recours de deux usagères. Selon l’arrêt, « les usagers ne peuvent s’opposer à l’installation » dès lors qu’il s’agit d’un équipement public imposé dans le cadre du service universel, sur la base des obligations confiées à Enedis. Cette décision met un terme à plusieurs années de flou juridique, en reconnaissant le caractère réglementaire du compteur.
Malgré cette clarification, la défiance persiste. Depuis le lancement du programme, plusieurs incidents (erreurs de pose, incendies, dysfonctionnements) ont alimenté la méfiance de certains consommateurs. Les critiques portent aussi sur les ondes électromagnétiques, bien que l’Anses ait conclu que les émissions de Linky sont comparables à celles d’appareils ménagers classiques. D’autres craintes concernent la vie privée, notamment les données de consommation en temps réel.
Une contestation encore active dans certains cas
Le compteur Linky a été au cœur de nombreuses polémiques depuis son déploiement. En 2020, la Cour d’appel de Bordeaux avait reconnu le préjudice imminent de treize personnes électrosensibles et condamné Enedis à les protéger. L’arrêt soulignait aussi qu’« aucun texte légal ou réglementaire n’impose à Enedis d’installer un compteur Linky », du moins à ce stade.
Cette décision, bien qu’antérieure et partielle, a renforcé la détermination de certains collectifs à poursuivre la contestation sur le terrain judiciaire. En pratique, Enedis privilégie aujourd’hui la pression financière plutôt que la contrainte directe. Les usagers non équipés doivent choisir : accepter l’installation du compteur ou payer. Le Linky devient de fait obligatoire, sauf à y renoncer… contre paiement.
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