La question du handicap est rarement traitée avec bienveillance. C’est tout l’intérêt de Soà, une nouvelle bande dessinée qui se déroule sur une île bretonne imaginaire.
1886. Sur Soline, île bretonne près de Molène, les habitants vivent essentiellement de la pêche et de la récolte du goémon. Les conditions de travail des goémoniers sont rudes. Même les enfants participent à cette tâche éprouvante. En pleine tempête, un goémonier, qui renonce à l’idée de perdre sa récolte, prend trop de risques et périt en mer. Yann, son fils, s’est alors jeté à l’eau mais n’a rien pu faire pour le sauver. Désormais seul, Yann est aidé par François et sa famille, dont la petite Soà (diminutif de Soazig). Soà, devenue muette apparemment suite à une maladie, se lie d’amitié avec l’orphelin. Le curé de l’île, qui a remarqué son intelligence exceptionnelle, parvient à convaincre son père qu’elle poursuive ses études sur le continent, dans un Etablissemnt religieux situé près de Brest. En effet, une Sœur qui a appris la langue des signes est prête à l’y accueillir. Soà vient immédiatement en aide à Bernadette, une jeune fille trisomique, qui va l’entourer de son immense affection et devenir sa meilleure amie. Soà, au fil des années, va surmonter un traumatisme d’enfance et nombre d’épreuves par sa bienveillance, son empathie et son intelligence…
Gérard Cousseau, dit Gégé, né en 1953 à Cintré (Ille-et-Vilaine), intègre une école d’ingénieur à Rennes, l’Institut national des sciences appliquées. A la fin de cette formation, il adresse des planches au journal Spirou, qui retient sa candidature. En 1978, il débute comme assistant de Jean-Claude Fournier. Il dessine pour le magazine Spirou, le périodique breton Frilouz, Le Journal de Mickey et Picsou Magazine. A partir de 2003, avec Bélom, il crée Les Ripoupons, bande dessinée comique destinée aux jeunes enfants. En 2007 paraît l’album humoristique Les Bretons, co-scénarisé par Bélom et Gérard Cousseau, dessiné par le québécois Jérôme Mercier. Encore avec la Bretagne comme cadre, Cousseau scénarise Les Souliers rouges, album dessiné par Damien Cuvillier (déjà présenté sur breizh-info : https://www.breizh-info.com/2014/02/21/8702/les-souliers-rouges).
Pour Soà, Le silence de mes cris, Gérard Cousseau imagine un récit touchant empreint de poésie. Il faut commencer par révéler que si l’album précise les dates, lieux et noms, tout est fictif, y compris l’île Soline et l’héroïne Soà. Seul le naufrage du Drummond Castel le 28 mai 1896, au large de Molène, est un événement historique.
Dans cet album, on découvre la vie des goémoniers de l’archipel de Molène et Ouessant. Le scénariste présente Soà comme une sainte : elle endure tout en souriant. Il déclare que « la sensibilité extraordinaire des personnes porteuses de handicap m’a beaucoup inspiré pour le personnage de Bernadette, atteinte de trisomie ». Mais la dernière partie de l’album, qui va bien trop vite, déçoit. Pourquoi avoir imaginé en si peu de planches que Soà milite pour les droits des femmes ou devienne médecin de guerre ? On aurait préféré que son amitié avec la jeune handicapée reste le centre du récit.
Soà est le premier album du dessinateur Shinja. Diplômé de l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan (Maroc), il poursuit sa formation à Angoulême, où il se concentre sur le storyboard d’animation. Travaillant avec l’outil informatique, il parvient par son trait et à sa colorisation à insuffler une véritable identité visuelle. Ses personnages ont des visages expressifs proches du manga avec leurs grands yeux.
Soà, Le silence de mes cris, 72 pages, 17,90 euros. Editions Bamboo, Grand angle.
Kristol Séhec.
Crédit photos : DE
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
Une réponse à “Soà, bande dessinée émouvante sur l’acceptation du handicap.”
Simple réflexion BASIQUE de ces temps-là et il suffit de regarder de vieilles photographies…les femmes portent une coiffe, même les gamines; regardez les hommes tous portent un chapeau ou un bonnet rouge ou bleu voire noir…c’est l’usage! Pour ne pas dire le « bon usage »! J’ai une photo sous le nez eh bien les adolescents portent un béret (pas un béret dégueulasse de prolo français crasseux à souhait!) non un vrai béret dit basque! Même certain abbés portaient un vrai béret basque. Aucune méchanceté de ma part mais avant de dessiner il faut savoir ce que l’on dessine!