Ifremer et ses partenaires dévoilent une ambitieuse feuille de route pour renouveler et décarboner l’une des plus grandes flottes scientifiques du monde.
La Flotte océanographique française, pilier de la recherche maritime nationale et européenne, entame une profonde mutation. Le 11 juin 2025, à l’occasion de la Conférence des Nations unies sur l’océan, l’Ifremer a présenté son Livre blanc prospectif, fruit de 18 mois de réflexion collective menée avec plus de 200 scientifiques. Objectif : imaginer et planifier ce que devra être cette infrastructure stratégique à l’horizon 2035. À la clé, 20 recommandations précises, mêlant innovation technologique, enjeux environnementaux et ambition scientifique.
Des navires plus propres, plus performants, plus adaptés
Trois des quatre grands navires hauturiers — L’Atalante, Le Thalassa et Le Marion Dufresne — arriveront en fin de vie d’ici dix ans. Le plan prévoit leur remplacement progressif par des bâtiments hybrides utilisant notamment la propulsion vélique. Ces navires seront capables de déployer simultanément plusieurs engins lourds (sous-marins, carottiers), réduisant ainsi les émissions tout en augmentant les capacités scientifiques. Dès 2030, L’Atalante cédera la place à un premier prototype de ce type.
Le renouvellement concernera aussi les navires côtiers et régionaux. Ainsi, L’Anita Conti (actuellement en construction) viendra épauler le Côtes de la Manche dès 2026. Le Michel Rocard remplacera L’Antea dans le Pacifique, tandis qu’un nouveau navire opérera en Méditerranée à la place de L’Europe.
Une flotte sous-marine et aérienne modernisée
Le Livre blanc prévoit également une modernisation en profondeur des moyens sous-marins. Le sous-marin habité Nautile et le robot Victor 6000 seront rénovés. Deux nouveaux drones sous-marins capables de plonger à 6000 mètres viendront les compléter, ainsi qu’une nouvelle génération d’engins d’intervention. Des drones de surface autonomes, côtiers ou hauturiers, sont attendus à partir de 2030.
La Flotte émet actuellement quelque 43 000 tonnes de CO₂ par an. Pour réduire de 50 % son empreinte carbone d’ici 2040-2050, plusieurs leviers seront activés : réduction de la vitesse de transit, optimisation des parcours, alimentation électrique à quai, usage de biocarburants et construction de navires hybrides. L’exemplarité environnementale devient une condition sine qua non de la recherche scientifique maritime.
Pour répondre à des enjeux scientifiques parfois urgents (effets d’événements climatiques extrêmes) tout en planifiant efficacement l’usage des navires sur 5 à 7 ans, la Flotte devra gagner en souplesse. Le renforcement des partenariats européens est également au programme, à travers la création d’une structure de coordination « Eurofleets » visant à mutualiser les moyens scientifiques maritimes à l’échelle continentale.
Les 20 recommandations clés du Livre blanc
Renouveler la flotte hauturière en tenant compte des besoins scientifiques, des contraintes environnementales et technologiques.
Renouveler la flotte côtière et régionale, avec un maillage cohérent des zones littorales et d’outre-mer.
Maintenir une capacité de carottage long pour les recherches géologiques profondes.
Assurer la continuité des capacités profondes (engins habités et téléopérés jusqu’à 6000 m).
Développer la téléscience (pilotage d’engins scientifiques à distance).
Déployer des drones marins et aériens, pour compléter la flotte habitée.
Moderniser les engins existants (Nautile, Victor 6000…) et préparer la prochaine génération.
Améliorer les systèmes de communication à bord pour les données et la sécurité.
Intégrer des technologies sobres et innovantes dans tous les nouveaux navires.
Soutenir les infrastructures portuaires et les moyens logistiques associés.
Assurer une formation continue des personnels scientifiques et marins.
Favoriser l’interdisciplinarité et la transversalité dans l’usage de la flotte.
Encourager la relève scientifique et l’accès des jeunes chercheurs à la mer.
Structurer une gouvernance ouverte et agile de la Flotte.
Planifier à moyen terme les campagnes scientifiques sur une base pluriannuelle.
Garantir une souplesse de programmation pour répondre à des urgences scientifiques.
Renforcer les partenariats européens et internationaux autour de la flotte.
Favoriser les synergies public/privé, notamment avec l’industrie maritime.
Réduire de 50 % l’empreinte carbone de la flotte d’ici 2040-2050.
Partager les données et valoriser les résultats des campagnes scientifiques.
Avec 17 navires et six engins sous-marins, la Flotte océanographique française est l’une des trois plus importantes d’Europe. Elle répond à des missions fondamentales en matière de climat, de biodiversité, de géologie marine, mais aussi de souveraineté. Son évolution conditionnera la capacité de la France à rester à la pointe de la recherche maritime dans un contexte géopolitique et technologique en mutation.
Crédit photo : Ship-ST – KHMD
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
3 réponses à “Métamorphose en profondeur de la Flotte océanographique française : cap sur l’horizon 2035”
L’année dernière au large de Fos sur mer et Port-de-bouc le navire IFREMER ‘Europe’ faisait de traits parallèles de plusieurs milles, probablement pour cartographier le fond et sa nature. Le but ayant fuité, il s »agissait de préparer l’implantation d’éoliennes marines au grand désespoir des populations locales à qui on impose ces hideuse machines dans leur horizon. Vous pouvez-donc rajouter une 21éme recommandation clé du livre blanc : Obéir aux injonctions des promoteurs du lobby éolien allemand.
Encore une fois, laissera t on notre Flotte océanographique et innovante se dissoudre dans la marigot d’une idéologie mortifère comme ce fût le cas pour notre énergie nucléaire , manip qui a enrichi un grand nombre de lobbyistes.
En somme, barre à babord toute. Des voiliers ? Sérieusement? baptisé un navire Michel Rocard ? Qu’a t’il fait pour le maritime exactement?