La route départementale 201, qui relie Cancale à Saint-Malo en longeant la plage de l’anse du Guesclin à Saint-Coulomb (Ille-et-Vilaine), est vouée à disparaître d’ici 2035. C’est l’annonce faite par le Conseil départemental, appuyée par les études scientifiques sur le recul du trait de côte. Selon Antoine Collin, directeur du centre de géoécologie littorale à Dinard, cité par le journal Ouest-France le 12 juin dernier, « le trait de côte reculera de 10 à 15 mètres en 2030 ; de 20 à 30 mètres en 2050 et de 50 à 100 mètres en 2090 ». Cité quant à lui par le média 20 Minutes le même jour, l’élu départemental Stéphane Lenfant en conclut : « La fermeture est inéluctable ».
Ce cordon dunaire, autrefois consolidé par des plantations de ganivelles et d’oyats, subit aujourd’hui les effets conjoints de la montée du niveau marin, de la fréquence des tempêtes et d’un massif dunaire fragilisé, aggravés par le changement climatique. La tempête Johanna, en 2008, avait déjà provoqué un recul de 14 mètres. Entre 1952 et 2025, le recul total atteint 38 mètres. Le Département d’Ille-et-Vilaine a donc choisi de « renaturer » le site, renonçant à entretenir la route devenue instable.
Une contestation locale vive
Pour de nombreux habitants, cette décision revient à « se tirer une balle dans le pied », selon les propos de certains rapportés par le journal Le Télégramme le 28 mai dernier. La réunion publique du 27 mai a rassemblé près de 170 personnes à Saint-Coulomb, venues exprimer leur attachement à cette portion de route empruntée chaque jour par 4 000 véhicules. Plusieurs voix ont proposé des solutions alternatives, inspirées du passage du Gois à Noirmoutier ou de techniques de génie biologique.
Mais la collectivité semble avoir tranché. Yann Soulabaille, vice-président en charge de la biodiversité au Département, a déclaré : « Ce que l’on sait, c’est que cette route sera recouverte […] on vise 2035 ». Les habitants redoutent que les promesses de concertation ne soient que formelles, la décision semblant déjà arrêtée.
Une transition imposée à la population
Des parkings relais, des pistes cyclables et des navettes sont actuellement à l’étude pour compenser la suppression de la route selon France 3 Bretagne. Trois parkings expérimentaux ont été installés à environ 500 mètres de la plage. Saint-Coulomb pourrait devenir une « base arrière » d’accès à l’anse du Guesclin, selon Stéphane Lenfant cité par le journal local Le Pays Malouin le 21 juin. Le Département affirme vouloir « transformer le territoire à l’aune du changement climatique ».
Mais cette transition, dictée par des projections scientifiques à long terme, se heurte à une réalité concrète : celle d’un axe essentiel pour les riverains et les professionnels, abandonné au nom d’une vision idéologique de la nature. À l’heure où l’aménagement du territoire exige équilibre et pragmatisme, la disparition de la RD201 illustre les renoncements imposés sous couvert d’écologie.
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6 réponses à “Saint-Malo. Route de l’anse du Guesclin : un littoral sacrifié au nom du climat ? [Vidéo]”
Oui-da, on ne va pas laisser la mer nous commander ! Respectons la démocratie : il suffit de voter contre la montée des eaux.
Bonjour ,Il faudrait consulter les Pays Bas très expérimentés dans ce genre de problème.
Nous avons aussi les moyens de faire une bonne digue ce qui pourra donner du travail à beaucoup de chômeurs.
Cordialement à tous.
Bernard
En Charente il y a le même phénomène, qui n’est pas forcément lié au réchauffement climatique. Et le phénomène inverse (recul de la mer) s’est passé pendant le vingtième siècle.
Mais il est vrai qu’une route de bord de mer, cela ne résistera pas: il faudra en refaire une plus loin, ou y renoncer.
Pour refaire le Mur de l’Atlantique, y’aura toujours des entreprises du BTP turques volontaires. Elles accepteront même d’être payées en liquide.
La route est déjà sécurisée en cas de tempête par sa fermeture provisoire parfait. Après la tempête, enlèvement du sable qui est passé sur la route, parfait, réouverture de la route,parfait.
Agissons ainsi que prévu et laissons l’anse tranquille. Pourquoi prévoir un aménagement de l’anse qui sera à terme détruit par le sable et la mer dans 10 ou 15 ans comme le département le prévoit?
Le climat n’est pour rien. Ce site a servi de prélèvement de sable pour la construction de l’usine marée-motrice du barrage de la Rance.
La nature reprend ses droits !