Alors que plus d’un foyer sur deux possède un animal, seuls 5 % des compagnons à poils ou à plumes sont aujourd’hui assurés dans l’Hexagone. Une anomalie révélée par le baromètre mondial 2025 de HelloSafe.
Avec près de 80 millions d’animaux de compagnie recensés en 2025, la France se hisse parmi les pays les plus attachés à leurs compagnons. Pourtant, seuls 5 % des animaux sont assurés, un chiffre faible comparé à la Suède (91 %), au Royaume-Uni (25 %) ou même à l’Allemagne (20 %). Ce paradoxe entre attachement affectif et faible couverture assurantielle est au cœur du Baromètre mondial 2025 de l’assurance animaux, publié par la plateforme HelloSafe.
Si le marché mondial de l’assurance animale progresse en moyenne de 15 % par an, la France peine à suivre le rythme. Classée 13e sur 22 pays étudiés, elle se positionne loin derrière les leaders européens. Pourtant, les dépenses vétérinaires ne cessent d’augmenter, atteignant en moyenne 1 307 € par an pour un chien et 1 028 € pour un chat.
Cette situation s’explique par plusieurs facteurs : méfiance envers les assureurs, manque de lisibilité des contrats, et absence de culture assurantielle forte. À cela s’ajoute l’absence de politique publique incitative ou de partenariat structuré avec les vétérinaires ou les éleveurs, contrairement à ce qui se pratique dans les pays scandinaves.
Une population animale massive, mais peu protégée
En 2025, 52 % des foyers français possèdent au moins un animal domestique, principalement des chats (15,1 M) et des chiens (7,5 M). Mais seuls 5 % sont couverts par une assurance santé, dont 7 % des chiens et 4 % des chats. À titre de comparaison, la Suède affiche 91 % de couverture, et même l’Espagne, pourtant réputée en retard, atteint désormais 2 %.
Le profil des propriétaires assurés est bien identifié : urbains, 25–45 ans, revenus supérieurs à la moyenne, et usage fréquent des outils numériques. Ils assurent souvent des animaux de race, à risque, ou âgés, plus exposés aux soins coûteux.
L’argument financier pourrait pourtant justifier une progression rapide du marché. Entre les interventions chirurgicales facturées jusqu’à 1 500 €, les urgences vétérinaires à 1 000 €, et les actes de prévention (vaccins, bilans), la pression est forte sur les ménages. Selon le baromètre, près de 40 % des propriétaires ne peuvent pas faire face à une dépense imprévue de plus de 900 €.
Le paiement « à l’acte », encore dominant en France, montre ses limites face à une médicalisation croissante des animaux domestiques, dans un contexte où la santé animale est perçue de plus en plus comme un enjeu sociétal.
Un marché de 600 millions d’euros, en croissance mais morcelé
Le marché français de l’assurance santé animale représente 600 millions d’euros en 2025, avec un taux de croissance annuel prévu de +8 % jusqu’en 2030. Un développement soutenu par l’essor du digital, les comparateurs d’assurance, et l’arrivée de start-ups innovantes.
Toutefois, le secteur reste fragmenté : pas d’acteur ultra-dominant, mais une poignée de spécialistes comme SantéVet, Bulle Bleue, Dalma ou encore Assur O’Poil. Les multinationales du secteur, comme Trupanion ou Petplan, sont quasiment absentes du marché français.
L’offre type en France propose des formules accident-maladie, à 20-40 € par mois pour un chien, 10-25 € pour un chat, avec des plafonds annuels autour de 1 000 à 2 500 €, une franchise de 50 à 150 € et un reste à charge.
De nouveaux services apparaissent : téléconsultation vétérinaire, paiement direct au vétérinaire, ou encore hotline santé animale 24/7. Mais les exclusions sont nombreuses (âge avancé, maladies préexistantes, certaines races), et les contrats premium avec remboursement illimité restent rarissimes.
Numérisation et innovation : vers une transformation du secteur
La quasi-totalité des souscriptions s’effectue désormais en ligne. L’automatisation, l’intelligence artificielle, les applications mobiles, et même les objets connectés (wearables pour animaux) font progressivement leur apparition.
Les attentes des propriétaires évoluent : transparence des garanties, remboursements rapides, interface utilisateur fluide, conseils personnalisés. En l’absence de régulation spécifique à court terme, c’est la demande du consommateur qui pousse le secteur à se moderniser.
Alors que la santé animale devient un enjeu de société, la France a les moyens de rattraper son retard, à condition de surmonter les freins culturels et structurels. La montée des coûts, la pression vétérinaire, et la digitalisation galopante constituent autant d’opportunités de transformation.
Les assureurs devront convaincre : par la clarté, la souplesse et la fiabilité. Car si l’animal est souvent reconnu comme membre de la famille, il serait logique qu’il bénéficie, lui aussi, d’une protection digne de ce nom.
2 réponses à “Assurance santé animale : la France en retard malgré son amour des bêtes”
Cela me dépasse que l’on puisse dépenser plus de mille euros par an pour un chien ou un chat.
Deux de mes chats JAMAIS vaccinés, ont vécu sans jamais voir le véto (sauf pour stérilisation). Une a vécu 15 ans et l’autre 19 ans … Cherchez l’erreur !!