Le 18 septembre dernier, en marge d’une journée de mobilisation nationale, des pancartes revendicatives ont été déposées sur une tombe au nom de Gourvennec dans le cimetière de Taulé (Finistère). On pouvait lire : « Ma retraite de misère me file le mal de mer » et « On rame, ils encaissent ». Une photo a circulé sur un groupe Facebook privé lié à Brittany Ferries, comptant environ 1 400 membres.
Aucune dégradation n’a été relevée, mais la municipalité rappelle que les faits restent constitutifs d’une profanation, même sans dommage, et « se réserve le droit » de porter plainte. La gendarmerie a été saisie. En réalité, la tombe visée n’était pas celle d’Alexis Gourvennec, fondateur de Brittany Ferries et de la Sica de Saint-Pol-de-Léon, puisqu’il a été incinéré en 2007. « C’est honteux », a dénoncé le 21 septembre Aude Goarnisson citée par le journal Ouest-France, première adjointe au maire de Taulé, fustigeant « une faute morale » et appelant à « laisser les défunts reposer en paix ».
Une réaction unanime contre un acte jugé honteux
Quatre grandes figures bretonnes, Jean-Marc Roué (président de Brittany Ferries), Joseph Rousseau (ancien président du Cerafel), Jean Le Vourch (ancien président du Crédit Agricole du Finistère) et Pierre Bihan-Poudec (ancien président de la Sica), ont condamné l’acte dans un communiqué commun : « Aucune lutte sociale ne justifie une telle atteinte à un tombeau, à une personne, à une famille ! Aucune ! ». Ils rappellent aussi qu’Alexis Gourvennec « a combattu toute sa vie, avec nos coopératives, pour que les marins de Brittany Ferries aient un emploi et une retraite digne et bien supérieure à celle de la majorité des paysans bretons ».
Un rassemblement de solidarité est organisé ce lundi 22 septembre à 17 h 30, au siège de la Sica à Saint-Pol-de-Léon. L’indignation est largement partagée : la CFDT parle d’« acte inadmissible » et « intolérable », tandis que la CGT du Finistère évoque une « lâcheté sans nom ». Maël de Calan, président du conseil départemental, condamne auprès du Télégramme « un acte honteux » et « une atteinte à la mémoire des morts », soulignant que « le sommet de la bêtise est même atteint puisque la tombe visée n’était pas la bonne ».
Alexis Gourvennec, bâtisseur de la Bretagne moderne
Né en 1936 à Henvic, dans une famille d’agriculteurs modestes, Alexis Gourvennec fut l’un des acteurs majeurs du désenclavement et du développement économique de la Bretagne. Co-fondateur du Comité de l’artichaut (1957), puis de la Sica du Pays de Léon (1960), il impulsa un syndicalisme rénovateur et la mise en place d’un marché au cadran pour les producteurs légumiers.
Il fut aussi à l’origine de grandes infrastructures : réseau de voies express, automatisation du téléphone, renforcement de l’université de Rennes et création de celle de Brest. Surtout, il fit construire le port en eau profonde de Roscoff pour l’exportation agricole et, face au refus des armateurs, fonda en 1972 Brittany Ferries avec l’appui financier des paysans du Léon. Devenue le premier employeur de marins français et un acteur majeur du transport maritime européen, la compagnie incarne encore aujourd’hui l’héritage visionnaire de cet entrepreneur.
Profaner son nom, même par erreur, c’est donc s’attaquer à la mémoire d’un homme qui a créé des emplois, de la dignité et des horizons pour la Bretagne.
© Brittany Ferries
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Une réponse à “Finistère. La mémoire d’Alexis Gourvennec souillée par des militants”
Nous attendons un homme comme lui, puisse t’il être né, et la Bretagne s’élèvera de nouveau !