UVF et UDA préviennent d’incendier des véhicules et bâtiments municipaux en cas d’imposition de la langue irlandaise
La tension remonte d’un cran à Belfast autour de la question de la langue irlandaise. Après l’adoption par une majorité de conseillers municipaux d’une politique prévoyant la mise en place de panneaux bilingues et de logos en gaélique sur les uniformes et véhicules du conseil municipal, les principaux groupes paramilitaires loyalistes — l’Ulster Volunteer Force (UVF) et l’Ulster Defence Association (UDA) — ont menacé de lancer une campagne d’incendies contre toute installation arborant ces signes.
Une politique linguistique qui divise
Le projet, soutenu par Sinn Féin, l’Alliance Party, le SDLP et les Verts, prévoit l’introduction progressive du bilinguisme dans les équipements municipaux. Pour ses promoteurs, il s’agit d’un « moment historique » en matière d’égalité culturelle. La conseillère Sinn Féin Natasha Brennan a salué « un pas important pour la reconnaissance de la langue autochtone de la ville », en rappelant que la démarche s’inscrit dans les recommandations de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
De son côté, Michael Long (Alliance) a souligné que cette mesure « ne coûterait pas un centime de plus aux contribuables », précisant que d’autres conseils municipaux en Irlande du Nord — comme Derry & Strabane ou Newry, Mourne & Down — l’appliquent déjà.
La colère unioniste et loyaliste
Mais pour les partis unionistes et la base loyaliste, la décision passe mal. Le Traditional Unionist Voice (TUV), le DUP et l’UUP ont activé une procédure exceptionnelle dite de « call-in », permettant de demander une révision de la décision.
Ron McDowell, vice-président du TUV, a dénoncé « une langue utilisée comme une arme politique », estimant qu’elle était « imposée à des quartiers qui ne s’identifient pas à l’Irlande ». Même tonalité chez Gavin Robinson, leader du DUP et ancien maire de Belfast, qui affirme : « Nous ne nous opposons pas à ceux qui veulent apprendre l’irlandais, mais nous refusons qu’on l’impose à la majorité qui n’y voit aucun intérêt. »
Plus radicales encore, les menaces proférées par l’UVF et l’UDA à l’égard des dépôts municipaux situés en zones unionistes. « Ils seront brûlés », a prévenu un porte-parole loyaliste cité par la presse. Selon lui, de nombreux employés, eux-mêmes issus de milieux unionistes, « refusent de travailler dans des bâtiments ou de porter des uniformes marqués en gaélique».
La Police d’Irlande du Nord (PSNI) a été informée de ces menaces et se dit vigilante face au risque de violences. Les paramilitaires affirment qu’aucune attaque n’est prévue pour l’instant contre les centres de loisirs, considérés comme trop importants pour les communautés locales, mais n’écartent pas un élargissement de leur campagne si la mairie persiste.
Cette nouvelle polémique illustre une fois de plus combien la question linguistique reste une ligne de fracture en Irlande du Nord. Pour les nationalistes, la reconnaissance officielle de l’irlandais est une revendication identitaire et culturelle. Pour une large partie du camp unioniste, elle symbolise au contraire une pression politique et communautaire.
Alors que Belfast tente d’incarner une ville « partagée », la mise en œuvre de cette politique risque d’être un nouveau test de sa capacité à concilier deux visions de l’identité, encore irréconciliables pour une partie de la population.
Illustration : breizh-info.com (DR)
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine..