La tension reste vive dans les milieux républicains dissidents. Selon plusieurs sources issues de la mouvance paramilitaire, la New IRA aurait récemment débattu de mener des attaques contre des enquêteurs de la Garda, la police de la République d’Irlande, à la suite d’une opération transfrontalière menée conjointement avec la Police Service of Northern Ireland (PSNI).
Un projet de représailles après une série d’arrestations
L’origine de cette escalade remonterait à une arrestation conjointe entre la Garda et la PSNI ayant conduit à l’inculpation de deux figures connues du républicanisme dissident, Brian Calvan et Peter Granaghan. Les deux hommes, interpellés à Ravensdale (comté de Louth), ont été placés en détention provisoire à Strabane, en Irlande du Nord, début octobre. Ils sont accusés de préparation d’actes terroristes et de possession d’explosifs.
Selon des informations publiées par la presse nord-irlandaise, ces arrestations ont provoqué une réunion de crise au sein du mouvement, tenue dans le comté de Donegal.
Certains membres auraient alors proposé de viser des détectives irlandais impliqués dans les enquêtes transfrontalières. L’idée : riposter symboliquement à ce que les dissidents perçoivent comme une collaboration accrue entre Dublin et les autorités britanniques.
Un militant de la New IRA cité par ces mêmes sources aurait déclaré : « Si les détectives de la Garda travaillent avec les forces de la Couronne, alors ils deviennent des cibles légitimes. »
Pour l’heure, cette proposition aurait été écartée “temporairement” par la direction du groupe, mais elle demeure discutée dans certaines cellules locales, notamment dans les zones frontalières du Derry–Tyrone–Donegal et de Fermanagh–Monaghan–Cavan.
Une rupture avec les principes de l’IRA historique
L’idée d’attaquer des membres de la Garda Síochána, la police nationale irlandaise, est jugée hautement controversée, même au sein du milieu républicain radical. Le “Green Book”, texte doctrinal hérité de l’IRA provisoire et toujours respecté par la New IRA, interdit formellement toute attaque contre les services de sécurité de l’État irlandais, considérés comme relevant d’une administration nationale et non coloniale.
Dans le passé, des débats similaires avaient déjà émergé au sein du groupe, notamment après la condamnation du chef dissident Kevin Branney pour meurtre en 2021, mais aucune attaque contre la Garda n’avait été menée jusqu’ici.
Derrière ces discussions, se cache une réalité plus inquiétante pour l’organisation : la New IRA traverse une crise profonde.
Le mouvement, affaibli par les infiltrations policières, les divisions internes et la surveillance constante du MI5, peine à maintenir sa cohésion. Depuis le départ de son ancien chef d’état-major Thomas Mellon, basé à Derry, plusieurs opérations clandestines ont échoué, notamment la découverte par la Garda d’un engin explosif télécommandé dans la région de Ravensdale en juin 2024.
Mellon, ancien détenu condamné pour terrorisme en 2015 et longtemps placé sous surveillance du renseignement britannique, fait désormais l’objet de critiques virulentes au sein du mouvement, accusé d’avoir mis en péril sa sécurité interne.
Un militant cité par la presse nord-irlandaise a confié : « L’organisation est à genoux. C’est la pire situation depuis des années. Certains veulent une attaque spectaculaire pour rester dans l’actualité. »
Parmi les deux hommes récemment arrêtés, Brian Calvan (49 ans) est un habitué des tribunaux. Condamné à sept ans de prison en 2013 pour transport d’armes dans le comté d’Armagh (un pistolet, un fusil d’assaut AK-47 et deux autres armes automatiques), il avait déjà purgé plusieurs peines pour activités dissidentes et vols à main armée.
Son complice présumé, Peter Granaghan (44 ans), avait été acquitté en 2022 d’une tentative d’assassinat contre un policier du PSNI à Belfast, dans une attaque à la bombe placée sous un véhicule.
Les deux hommes sont désormais inculpés pour préparation d’actes terroristes, des accusations passibles de peines lourdes devant les juridictions d’exception nord-irlandaises.
Une organisation marginalisée mais encore active
Si la New IRA ne dispose plus du soutien populaire qu’avait jadis l’IRA provisoire, elle conserve un ancrage dans certains quartiers nationalistes de Derry, Strabane et Tyrone, où elle organise encore des défilés paramilitaires et des campagnes de recrutement.
Son objectif déclaré : poursuivre la lutte armée contre la présence britannique en Irlande du Nord et saboter les institutions issues de l’accord du Vendredi saint (1998).
Mais, selon les observateurs, les récentes arrestations et divisions internes confirment l’isolement croissant du mouvement. Faute de structure et de soutien logistique, la New IRA pourrait chercher à provoquer un acte symbolique, même risqué, pour tenter de relancer son influence dans le paysage républicain dissident.
Ces discussions autour d’une éventuelle attaque contre la Garda illustrent à quel point la frontière irlando-britannique reste un foyer de tensions, plus de 25 ans après la fin officielle des Troubles. Elles rappellent aussi que, malgré la pacification politique, une frange minoritaire demeure enfermée dans la logique de la confrontation armée, sans perspective réaliste d’unité nationale.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine