Yan Mac Oireachtaigh : un Breton au cœur du réveil identitaire en Irlande [Interview]

Alors que l’Irlande connaît depuis plusieurs années une mobilisation populaire croissante face à l’immigration massive, à la crise du logement, et à la paupérisation du pays, une nouvelle génération de militants cherche à renouer avec l’héritage gaélique, la foi et la souveraineté culturelle.

Parmi eux,Yan Mac Oireachtaigh, un jeune responsable d’origine bretonne, aujourd’hui à la tête de Óige Náisiúnach, l’aile jeunesse du National Party, figure montante du courant identitaire irlandais.

Dans cet entretien exclusif, il revient sur ses racines bretonnes, son engagement pour la défense des Gaëls et son regard sur les liens historiques entre la Bretagne et l’Irlande. Un échange qui illustre, au-delà des frontières, la même inquiétude face à la mondialisation culturelle et au déracinement spirituel des peuples européens.

Breizh-info.com – Votre mère est bretonne : quels souvenirs, quels lieux, quelle langue (français/breton) ont compté dans votre enfance ? Qu’est-ce que cela signifie concrètement dans votre vision de la nation ?

Yan Mac Oireachtaigh : Merci de m’avoir invité pour cette interview, surtout à répondre à des questions comme celle-ci que personne ne me pose ! Oui, ma mère est bretonne, et je suis fier d’être à moitié breton. Quand j’étais jeune étudiant, je passais souvent mes étés dans le Finistère. J’ai beaucoup de souvenirs là-bas : la culture, la langue bretonne, mais aussi les journées à la plage, ou dans les champs de mes arrière-grands-parents où nous récoltions des pommes de terre et d’autres fruits et légumes, en été ou à Pâques.

Mon arrière-grand-mère parlait principalement breton. Chez elle, c’était la norme : mes parents, mes cousins, mes oncles l’entendaient tous les jours. Je regrette aujourd’hui de ne pas avoir mesuré la chance d’avoir entendu une langue aussi ancienne, encore vivante dans ma famille. Car, du côté irlandais, le gaélique avait déjà disparu depuis la famine (1845).

Quand mon arrière-grand-mère est décédée en 2015 (Requiescat in pace), j’ai réalisé que j’étais le témoin de la fin d’une lignée linguistique. Une fin d’usage du breton dans ma famille : en deux générations, une chaîne brisée. Une horreur. Cette prise de conscience m’a radicalisé sur les questions culturelles et linguistiques.

Aujourd’hui, mon frère et moi parlons Gaeilge (le gaélique irlandais), mais nous ne connaissons plus un mot de breton. C’est ce qui m’a inspiré à parler uniquement gaélique avec mon fils de deux ans, pour sauver, à ma manière, l’honneur familial dans le contexte celtique. Je refuse d’appartenir à la génération qui aura tout abandonné.

Je dis souvent aux nouveaux membres du parti que notre combat a trois fronts : spirituel, culturel et ethnique. Si nous ne résistons pas sur ces trois terrains, la mondialisation nous détruira. Une nation, c’est un peuple avec une culture, une langue, une foi, un héritage. Pearse l’expliquait bien : « The Nation is the family in large. » Il y a beaucoup de sagesse dans cette phrase.

Breizh-info.com – Vous pratiquez les sports gaéliques et êtes attaché à la culture irlandaise traditionnelle. Pensez-vous que le sport, la langue et la vie communautaire sont aujourd’hui des bastions de résistance face à la mondialisation culturelle ?

Yan Mac Oireachtaigh : Oui, absolument. La culture d’un peuple — y compris ses sports, sa langue, sa vie communautaire — est une défense naturelle contre la mondialisation. Parce qu’elle renforce le local, elle freine la logique d’expansion infinie du marché.

Michael Cusack, fondateur de la Gaelic Athletic Association (GAA) et nationaliste irlandais, disait en 1884 : « The vast majority of the best athletes in Ireland are Nationalists. » Et il avait raison. Le hurling (An Iománaíocht), l’un de nos sports nationaux, vieux de plus de 3 000 ans, servait d’entraînement aux guerriers gaéliques. C’est un sport physique, rapide, technique — et profondément enraciné dans notre histoire.

Même les jeunes qui ne se disent pas nationalistes participent, sans le savoir, à un acte de résistance culturelle. Jouer un sport ancestral, né de notre terre et de nos mythes, c’est déjà être anti-mondialiste.

La langue nationale, elle aussi, est une forteresse. Thomas Davis disait : « A nation should guard its language more than its territories — ’tis a surer barrier than fortress or river. » Une langue protège mieux qu’une armée. Elle immunise contre la contagion mondialiste. C’est pourquoi je ne parle jamais anglais avec mon fils : uniquement Gaélique. Le National Party défend d’ailleurs une position radicale : faire basculer progressivement toutes les écoles irlandaises vers le gaélique, en une génération. C’est mon devoir de père de transmettre la langue et l’honneur gaélique.

Breizh-info.com – Comment passe-t-on d’un engagement local à la tête de l’aile jeunesse du National Party ?

Yan Mac Oireachtaigh : C’est difficile, car le cordon sanitaire en Irlande est omniprésent. Nous devons pousser notre message partout : dans les rues, les boîtes aux lettres, les réseaux sociaux. Lors de la dernière présidentielle, notre parti a mené campagne pour inciter à voter blanc, face à un système verrouillé où il faut 20 soutiens parlementaires ou quatre County Councils pour se présenter. Le National Party était le seul mouvement à le faire concrètement, avec tracts et équipes.

Nous avons aujourd’hui une énergie incomparable. Beaucoup de nos cadres sont jeunes, ce qui crée une proximité naturelle avec ceux que la société actuelle marginalise. Voir des jeunes — Jason, John, Jordan ou moi — chanter dans les manifestations ou parler de remigration, ça inspire. Notre engagement est un combat de terrain, mais aussi de visibilité : être en première ligne en ligne et dans la rue, c’est gagner le respect de la jeunesse.

Breizh-info.com – Le National Party parle souvent d’“immigration de remplacement”. Que craignez-vous concrètement pour l’avenir du pays ?

Yan Mac Oireachtaigh : Je crains le remplacement de notre peuple, les Gaëls. C’est cela que je combats. Je redoute que nous devenions minoritaires dans notre propre patrie. Mais le combat n’est pas perdu tant qu’il reste un Gaël debout. Le plus important, c’est de redécouvrir ce que signifie être un Gaëlique. Quand la majorité d’entre nous le comprendra à nouveau, nous gagnerons, comme en 1920 ou en 1014.

Breizh-info.com – Vous évoquez régulièrement la criminalité liée à l’immigration. Sur quelles données vous basez-vous ?

Yan Mac Oireachtaigh : Le Rape Crisis Network Ireland a publié en 2006 le dernier rapport incluant des données ethniques : les étrangers y étaient largement surreprésentés parmi les condamnés pour viols — comme en Allemagne ou en Suède. Mais au-delà des chiffres, notre opposition à l’immigration de masse repose sur un principe philosophique : les Gaëls sont le peuple indigène d’Irlande. Toute politique visant à réduire leur proportion sur leur propre sol est une trahison nationale.

Limiter la question à la criminalité, c’est s’affaiblir. Même un migrant paisible, s’il est importé en masse, contribue à effacer notre peuple. C’est d’abord un enjeu de survie culturelle et ethnique.

Breizh-info.com – Pensez-vous que l’Irlande subit une forme de “colonisation migratoire” dictée par Bruxelles ?

Yan Mac Oireachtaigh : Oui et non. L’Union européenne pousse clairement une politique pro-immigration, mais nos propres dirigeants la soutiennent avec zèle. Si Bruxelles disparaissait demain, nos frontières resteraient grandes ouvertes.

Le wokisme et la gauche mondialiste trouvent souvent leur source à Bruxelles, mais la responsabilité des expulsions et du contrôle des frontières appartient toujours à nos ministres.

Breizh-info.com – Votre parti met en avant la foi catholique, la langue gaélique, les valeurs traditionnelles. Dans une Irlande sécularisée, est-ce un retour aux sources ou une contre-culture ?

Yan Mac Oireachtaigh : Un peu des deux. Le National Party est laïque, mais beaucoup de ses membres, comme moi, sont catholiques pratiquants. Retrouver ma foi à 16 ans m’a sauvé. Sans spiritualité, on tombe dans la démoralisation moderne.

Les jeunes le comprennent : sans foi, il n’y a pas d’avenir. Beaucoup reviennent vers des formes de spiritualité, catholiques ou païennes. Je crois que les scandales de l’Église ont été nécessaires pour la purifier. Mais ceux qui attaquent l’Église aujourd’hui ne veulent pas la réformer : ils veulent la détruire. Malgré tout, je vois dans la nouvelle génération de prêtres une volonté de retour à la tradition.

Le modernisme a tout détruit : travail, foi, culture, identité. Le libéralisme et le wokisme sont des maladies.

Breizh-info.com – Vous avez des origines bretonnes. Voyez-vous un parallèle entre le déclin spirituel de la Bretagne et celui de l’Irlande ?

Yan Mac Oireachtaigh : Oui, les deux nations partagent ce déclin. Mais je le vois comme une épreuve nécessaire : il sépare les radicaux des tièdes. Le déclin est douloureux, mais il permet une renaissance de la foi, libérée des compromis imposés par les mondialistes.

Breizh-info.com – Vous accusez souvent les médias irlandais de censure. Quelle place accordez-vous à la presse alternative ?

Yan Mac Oireachtaigh : Une place essentielle. Sans les médias alternatifs, aucun nationaliste ne pourrait s’exprimer. À l’ère d’Internet, ils sont vitaux pour contrer le monopole idéologique des grands groupes.

Breizh-info.com – De plus en plus de jeunes Européens se tournent vers des partis patriotes. Y voyez-vous un réveil continental ?

Yan Mac Oireachtaigh : Oui, et il est déjà en cours. Ce “réveil” est le fruit de la fatigue migratoire, de la crise économique et du ras-le-bol général. Le confinement et le pass sanitaire ont accéléré la prise de conscience. Nous vivons les débuts d’un véritable tsunami anti-mondialiste.

Breizh-info.com – Peut-on imaginer une coopération identitaire entre mouvements bretons et irlandais ?

Yan Mac Oireachtaigh : j’en ai déjà vu les prémices. En août 2025, j’ai été invité à Academia Christiana à Angers, où j’ai rencontré des militants bretons, notamment de la Ligue Ligérienne. Leurs militants sont d’un excellent niveau. J’ai aussi échangé avec des nationalistes bretons venus sans appartenance partisane. Je reste en contact avec plusieurs d’entre eux. C’est trop tôt pour parler d’alliances, mais le potentiel est réel.

Breizh-info.com – Vous êtes jeune, engagé, souvent caricaturé. Quelle est la question qu’on ne vous pose jamais ?

Yan Mac Oireachtaigh : Celle que je me pose souvent : les rebelles d’autrefois nous trouveraient-ils trop mous ? Nos ancêtres ont pris les armes contre les envahisseurs. Mais aujourd’hui, la lutte se mène sur un autre terrain : politique, culturel, idéologique.

L’IRA, l’un des meilleurs groupes paramilitaires du monde moderne, n’a pas fait plier l’Empire britannique. Croire qu’on renverserait notre État par la force serait illusoire. Nos héros étaient stratèges. Ils sauraient que chaque époque exige sa méthode. La nôtre, c’est la reconquête des esprits.

Breizh-info.com – Que pense votre famille bretonne de votre engagement ?

Yan Mac Oireachtaigh : Certains sont fiers, d’autres moins. Je n’en parle pas beaucoup : la politique prend déjà une grande part de ma vie. Je travaille à temps plein, j’ai ma famille à élever, et mon engagement militant est presque un second métier — sans salaire. Quand je retrouve mes proches, je préfère profiter du temps familial plutôt que débattre.

Je ne vois plus très souvent ma famille bretonne, mais quand c’est le cas, je garde les discussions simples. Ils savent ce que je défends, et je sais d’où je viens.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR

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