Il y a des familles politiques qui ne possèdent pas un gros poids électoral mais qui existent… C’est le cas de la droite conservatrice qui pourrait présenter une liste aux prochaines élections municipales. Sans espérer franchir la barre des 10 % indispensable pour obtenir des élus.
En Bretagne, la droite conservatrice n’existe pas qu’à Dinard et à La Baule. Cette famille politique trouve le moyen d’obtenir de petits résultats à Brest – sans doute l’effet officiers de la Marine nationale -, tandis que les classes populaires – peut-être les officiers mariniers – donnent au Rassemblement national des résultats “moyens“. A l’élection présidentielle de 2022, Eric Zemmour y obtient 3552 voix (5,88 %) et se classe cinquième, tandis que Marine Le Pen recueille 9 658 suffrages (15,98 %) et se classe troisième (premier tour, 10 avril 2022). Aux élections européennes de 2024, la liste conduite par Marion Maréchal (“La France fière“ – Reconquête !) obtient 2064 voix (4,65 %) et se classe septième, tandis que la liste dirigée par Jordan Bardella (RN) recueille 9 350 voix (21,06 %) et se classe deuxième (9 juin 2024). Lors des élections législatives, Reconquête! montre qu’il possède une clientèle fidèle dans la ville de Brest. En 2022, Elisabeth Louvel recueille 1274 voix (4,18 %) et se classe sixième (premier tour, 12 juin 2022). Pendant ce temps, Yvette Poullaouec (RN) obtient 2804 voix (9,20 %) et se classe cinquième. En 2024, Alain Rousseau (Reconquête !) se contente de 312 voix (0,73 %) et se classe septième, tandis que Denis Kervella (RN) recueille 9 300 voix (21,84 %) et se classe deuxième (premier tour, 30 juin 2024).
Avec une base électorale aussi étroite, on ne peut pas faire des miracles. Pourtant France Herman, déléguée départementale de Reconquête ! annonce que son parti va présenter une liste aux élections municipales dans la cité portuaire. « A Brest, nous avons un socle d’adhérents très solide, d’autres adhérents continuent d’arriver et c’est la raison pour laquelle nous créons une liste. Nous avons déjà une vingtaine de personnes qui nous ont ramené tous les documents nécessaires pour figurer sur la liste. Mais nous avons aussi la volonté d’élargir et ce sera donc une liste Reconquête ! divers droite », explique-t-elle (Le Télégramme, Brest, samedi 8 novembre 2025). France Herman espère pouvoir regrouper toutes les acteurs de la droite brestoise – de préférence autour de Reconquête !. D’autant plus qu’elle croit disposer de cartes importantes : « Reconquête apporte une vitrine, mais aussi des moyens logistiques et de communication. Bref, nous apportons le poids d’un parti arrivé quatrième à la dernière présidentielle. Cela pèse pour faire prospérer une liste incarnant les idées de la droite conservatrice, souverainiste et libérale à Brest. » (Le Télégramme, Brest, samedi 8 novembre 2025) Mais elle oublie de parler de l’essentiel dans une campagne électorale : l’argent. Les articles L. 242 et L. 243 du Code électoral fixent les règles qui s’appliquent à la propagande ; « le coût du papier, l’impression des bulletins de vote, affiches et circulaires, ainsi que les frais d’affichage » ne sont remboursés « qu’aux listes (…) qui ont obtenu au moins 5 p. 100 des suffrages exprimés ». Elle oublie également d’indiquer qu’à Brest, présenter une liste nécessite de trouver 55 candidats en respectant la parité. Pas facile lorsqu’on est une petite boutique…
« Retrouver Brest » a de grandes ambitions
Mais les choses se compliquent depuis que Franck Besombes, professeur de management à l’université de Caen, a décidé de présenter une liste baptisée « Retrouver Brest » aux élections municipales. Actuellement conseiller municipal dans le groupe « Brest c’est vous », conduit par Bernadette Malgorn, il entend « contribuer à refonder la droite brestoise par le renouvellement des idées, avec toutes les femmes et les hommes de bonne volonté » (Le Télégramme, Brest, mercredi 18 septembre 2024). Pour ce faire, il a monté une association politique dénommée Union du Ponant qui incarne « une droite diverse » qui sera ouverte « du centre droit chrétien, laïc et écologiste jusqu’à des formes nationales plus affirmées ».L’idée étant de représenter « une droite déterminée mais raisonnable » (Le Télégramme, Brest, vendredi 27 septembre 2024). « J’assume d’être de droite, sur une ligne à la fois conservatrice sur le plan sociétal, et libérale sur le plan économique. J’avance avec clarté. C’est la moindre des choses si nous voulons que nos concitoyens croient à nouveau dans la chose publique », précise-t-il. (Le Télégramme, Brest, samedi 25 janvier 2025) Le candidat de la « droite traditionnelle et conservatrice » est encarté chez LR et se défend d’avoir des contacts avec Reconquête !
Non seulement « dans cette élection, on représente l’union de la droite libre et indépendante », assure Franck Besombes, mais encore il ne donne pas suite au récent appel du pied de France Herman. « Nous avons la volonté de dépasser les logiques de partis qui prennent leurs ordres à Paris, et qui n’envisagent l’union que par ralliement derrière leur bannière », souligne-t-il. « Nous, notre seul sujet, c’est Brest. Or, Reconquête ! a quatre thèmes déconnectés du terrain qu’il va décliner dans toutes les villes de France. Quand on dit vouloir doper la natalité, ce n’est pas une compétence locale ! On ne va quand même pas investir dans un parc de poussettes », insiste-t-il (Le Télégramme, Brest, mardi 18 novembre 2025). En attendant, la liste « Retrouver Brest » s’attache à une rude tâche : « La politique socialo-communiste-écologiste, tournée vers la satisfaction d’une minorité ultra-favorisée et du communautarisme, a dégradé la ville et engendré l’injustice et le désordre. Nous, la seule communauté que nous défendons, c’est la communauté brestoise » (Le Télégramme, Brest, mardi 18 novembre 2025) Vaste programme !
Le Haut-Jaurès et le bas de Recouvrance ne sont plus en Bretagne
Quelques idées concrètes apparaissent. Ainsi Besombes défend « une nouvelle approche de l’urbanisme, en particulier concernant le logement social, qui doit d’abord bénéficier aux Brestois et aux locaux, et non à des populations venues d’ailleurs arrivées par des mécanismes de redistribution décidées au niveau national et échappant à la Ville ». A coup sûr, le Conseil constitutionnel – puis le Conseil d’Etat – s’opposerait à cette « nouvelle approche » susceptible de pratiquer une certaine “discrimination“. Autre idée : « préempter l’ensemble des pas-de-porte » qui relèvent du commerce « communautaire » (boucherie halal, kebab…). « Ce qui est choquant, c’est quand il n’y a plus que ce type de commerces sur des lieux très concentrés, comme c’est le cas dans le Haut-Jaurès ou le bas de Recouvrance », affirme-t-il (Le Télégramme, Brest, vendredi 21 novembre 2025)
Tous ces beaux discours ne tiennent pas dès que l’on regarde les résultats du sondage portant sur les intentions de vote qui a été commandé par le PS. Dans l’hypothèse d’une liste menée par François Cuillandre (PS), Nazim Yenier (divers droite) recueillerait 7% des suffrages, Stéphane Roudaut (Renaissance, Horizons, MoDem, UDI, LR) 18 % et Franck Desombes (étiqueté Reconquête !) 3 %. Tandis que Renée Thomaïdis (RN) monte à 16 % (Ifop, Le Télégramme, Brest, jeudi 25 septembre 2025). La « droite conservatrice et libérale » a fort peu de chances d’entrer au conseil municipal de Brest.
Bernard Morvan
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
