Sarah Knafo – « La lutte contre l’immigration nous rapportera bien plus qu’elle ne coûtera ! » [Interview]

Travailleuse acharnée et fine stratège, Sarah Knafo bouscule les codes d’une vie politique française anesthésiée par le conformisme. À 32 ans, cette énarque passée par la Cour des comptes est bien plus qu’un « bras droit » d’Éric Zemmour : elle est l’une des rares figures de la jeune génération capable de renvoyer les ayatollahs du politiquement correct à leurs contradictions, chiffres en main.

Loin des postures et des indignations automatiques, elle impose une méthode : rigueur budgétaire, lucidité stratégique et refus total de la soumission à l’idéologie dominante. Qu’il s’agisse d’immigration, de narcotrafic, d’audiovisuel public ou de l’Union européenne, Sarah Knafo incarne un conservatisme offensif, assumé, fondé sur le réel. Et elle le prouve dans cet entretien sans filtre, où l’on devine aussi en filigrane les contours d’une relève possible pour Reconquête – et peut-être au-delà.

Breizh-info.com : Vous avez été attaquée pour avoir enquêté puis diffusé des chiffres sur le gouffre financier de l’Aide au Développement. Vous avez répondu en dénonçant une forme de censure. Plus largement, faut-il aujourd’hui interroger l’impartialité des organes dits de vérification de l’information ?

Sarah Knafo : Vérifier les faits et faire reposer le débat sur des données exactes et chiffrées c’est ma méthode, donc je n’ai rien à redire là-dessus. En revanche, nous parlons d’autre chose avec ce fameux « fact checking », comme on appelle ce nouveau jouet, tout droit venu d’une pratique éprouvée par leurs confrères américains du Washington Post ou du NY Times. Passons sur l’inutile anglicisme (le mot « vérification » n’est pourtant pas si difficile à prononcer). On « check » donc des faits, généralement quand on n’apprécie à pas leur émetteur. La partialité du fact-checking, du Huffington Post, des Décodeurs du Monde à la Desintox de Libération, n’est plus à démontrer. Je n’ai jamais vu un journaliste vérifier avec exactitude l’un de mes propos. Je les ai toujours repris et j’ai même obtenu des rectificatifs de leur part tant leurs journalistes avaient mal travaillé.

Breizh-info.com : Vous êtes évoquée comme potentielle candidate à la mairie de Paris. Est-ce un positionnement tactique pour préparer l’avenir politique de Reconquête, ou une candidature sérieuse dans une ville dominée par la gauche et désertée par votre électorat ? Si vous deviez vous lancer à Paris, vous feriez face à des figures fortes à droite. Quelle serait la stratégie pour ne pas simplement ajouter une candidature de plus au risque d’éparpiller les voix ?

Sarah Knafo : Si je devais me présenter à Paris, il sera toujours temps de répondre à toutes vos questions ! En attendant, je regarde avec attention ce qu’il se passe dans la capitale de mon pays, je lirai les programmes, je verrai si les Parisiens ont les candidats qu’ils méritent et je déciderai !

Breizh-info.com : Vous avez critiqué France Télévisions pour son orientation idéologique et son coût. Êtes-vous favorable à une privatisation complète du service public audiovisuel, ou à une réorientation de ses missions et de sa gouvernance ?

Sarah Knafo : Complète ! Il ne s’agit pas de remplacer une propagande de gauche par une propagande de droite, mais de regarder les choses en face : l’audiovisuel n’est pas un service public. L’audiovisuel public est obsolète. En réalité, si on a fait des chaînes publiques, ce n’était pas par raison d’Etat : c’était pour des raisons économiques. Quand l’ORTF a été créé, il fallait de gros moyens pour avoir de quoi filmer et émettre. Seuls les pouvoirs publics pouvaient le faire et lancer cette technologie. Aujourd’hui il y a des milliers de chaînes, tout le monde peut lancer sa chaîne avec son téléphone portable. Donc cela n’a plus aucun sens d’avoir une télévision publique d’Etat. Il faut recentrer l’Etat sur le régalien. L’Etat n’arrive plus à assurer ses missions essentielles : nous protéger, éduquer nos enfants, soigner. Il faut qu’il cesse de se disperser.

Et d’autre part, au-delà de la question de la propagande, le privé et le public font exactement la même télévision : de l’information, du sport, des programmes jeunesse, des jeux, des talk shows, des feuilletons. D’ailleurs c’est pour cela que TF1 a porté plainte contre l’Etat et France Télévisions pour concurrence déloyale : leur argument est de dire que France Télévisions bénéficie d’énormes subventions (supérieures à la totalité du chiffre d’affaires de tout le groupe TF1) alors qu’ils font la même chose qu’eux, sans obligation supplémentaire. D’ailleurs les animateurs passent de l’un à l’autre, les programmes aussi. Quelle différence entre Fort Boyard et Koh Lanta ? Quelle différence entre un match de l’équipe de France sur TF1 ou sur France 2 ? Quelle différence entre les feuilletons, les jeux télé et les émissions de variétés de de France 2, de TF1 et de M6 ? Aucune.

Breizh-info.com : En supprimant l’AME, en coupant dans les énergies renouvelables, en éliminant les subventions dites « woke », vous assumez un tournant clair. Mais ces économies suffiront-elles à financer les priorités régaliennes, notamment les reconduites massives à la frontière, sans créer d’autres déséquilibres ?

Sarah Knafo : La lutte contre l’immigration nous rapportera bien plus qu’elle ne coûtera ! Mais oui, il faut un plan d’économies massif. J’ai publié un contre budget, le premier jour de l’ouverture des discussions budgétaires. Ce contre-budget, c’est 80 milliards d’économies et 20 milliards de baisse d’impôts. Et ce n’est qu’un plan d’urgence, il faudra aller plus loin ! Les députés auraient pu le faire adopter. Si toute la droite s’était coalisée, on avait le nombre de voix POUR. A la place, ils ont préféré inventer des taxes, inventer des dépenses. Je pose le diagnostic suivant : la France n’a pas un problème de recettes, elle a un problème de dépenses. C’est comme un homme qui gagne très bien sa vie mais qui dépense tout dès qu’il reçoit sa paye. Résultat ? Il vit toujours à découvert ! La solution, ce n’est pas de l’augmenter ce monsieur, on sait d’avance qu’il dépensera tout ce qu’il aura. C’est de lui apprendre à dépenser moins.  Pour l’Etat français, la solution n’est pas de prendre encore dans vos poches en augmentant les impôts, puisque l’Etat est un tonneau percé, mais d’arrêter de dilapider. De briser ce système de la dépense.

Concrètement, où baisser les dépenses ? 15 milliards d’économies sur l’aide au développement, 15 à 20 mds sur les aides non contributives aux étrangers, 8mds sur la politique de la ville, 8mds sur le soutien public aux éoliennes, 8 mds en supprimant des organismes comme l’ANAH, France Travail, l’Arcom, le CESE. On peut faire des économies partout, c’était mon métier !

Breizh-info.com : Vos échanges avec la présidente de la Commission européenne au Parlement ont été particulièrement virulents. Estimez-vous que l’Union européenne est aujourd’hui irréformable ? Souhaitez-vous porter un projet de rupture avec Bruxelles dans les années à venir ?

Sarah Knafo : Avant de penser à « réformer » l’Union européenne, pensons à défendre les intérêts des Français. Oui, il faut une stratégie de rupture. Il faut faire ce que la France n’a jamais fait : poser un ultimatum. Dire au Conseil et à la Commission : voici les sujets sur lesquels nous considérons que nos intérêts vitaux sont menacés (immigration / sécurité, énergie et agriculture).

Si les textes ne sont pas révisés dans les trois prochains mois, nous ne les respecterons plus. De manière unilatérale. C’est un rapport de force que la France n’a jamais tenté. La Commission européenne n’est forte que de nos faiblesses.

Breizh-info.com : Vous insistez régulièrement sur la distinction entre islam et islamisation. Pensez-vous néanmoins que l’islam politique est devenu un facteur de déstabilisation majeur, incompatible avec les valeurs françaises, et qu’un référendum sur le sujet serait légitime ? Concrètement, il a été question ces derniers jours d’interdiction du port du voile…mais n’est-ce pas d’une part de la poudre aux yeux, vexante pour les Musulmans, et d’autre part, totalement impossible à mettre en place, sachant que les forces de l’ordre sont déjà surveillées pour leurs moindres faits et gestes, et poursuivies très facilement ?

Sarah Knafo : Car c’est l’islamisation de la France qui nous guette, si nous ne faisons rien. Interdire le voile est une mesure nécessaire. Bien sûr qu’on peut la mettre en pratique : je peux vous redonner l’exemple du Covid où l’Etat fut capable de contrôler que chacun portait bien son masque. Vous allez me dire : certains ne le portaient pas et la police ne peut pas contrôler tout le monde en même temps. Oui, mais cela rend coûteux une telle pratique, car une violation de la loi s’accompagne d’une amende. Aujourd’hui le port du voile est promu, encouragé (notamment par la Commission européenne) : demain, il sera puni. C’est un changement d’état d’esprit majeur. Alors, vous avez raison, ce n’est pas suffisant, mais cela règle déjà une partie du problème.

Refuser le voile dans l’espace public, le halal en collectivité, les minarets visibles depuis l’espace public, les tapis de prière dans les entreprises, etc. tout ceci, c’est un changement d’état d’esprit fondamental. Prenez les Frères musulmans : ils sont dans une logique de conquête. Si nous mettons un coup d’arrêt à cette conquête, si nous leur montrons que nous sommes résolus à ne plus les laisser faire, ils se rabattront sur un pays plus propice. S’ils voient qu’ils ne progressent plus, qu’ils n’ont plus d’espoir de progresser car les Français sont résolus à ne plus les lasser faire, ils cibleront un autre pays.

Breizh-info.com : Vous évoquez régulièrement l’explosion des trafics et l’impuissance des pouvoirs publics. Êtes-vous favorable à une présence militaire ponctuelle dans certaines zones, en France mais aussi dans le monde, pour traiter les narcos comme des terroristes, c’est à dire les éliminer ? Quid du renforcement des pouvoirs des maires et préfets dans la lutte contre les trafics ? N’y-a-t-il pas également un grand débat à ouvrir sur les causes de l’explosion de la consommation de stupéfiants, mais aussi de médicaments ou d’alcool ? N’est-ce pas finalement révélateur d’une société qui va très mal ?

Sarah Knafo : Le moteur du narcotrafic c’est la forte rentabilité d’un côté, le laxisme judiciaire de l’autre. Des gains importants, des risques minimes. Il faut totalement changer de doctrine sur le narcotrafic. Plus d’immunité pour personne : du petit guetteur au gros caïd. Du consommateur au dealer, tout le monde doit payer très très cher. Il faut priver ce marché de ses consommateurs et le priver de sa main d’œuvre abondante et bon marché. Pour cela : des peines planchers, des saisies automatiques, des amendes énormes. Aujourd’hui pour les consommateurs, les contrôles sont rarissimes et c’est une amende de 200 euros. Il faut multiplier les contrôles et dépistages, porter l’amende forfaitaire à 5000 €, et faire, systématiquement, saisir par huissier les sommes dues en cas d’impayé : sur les comptes bancaires, les salaires, les aides sociales. C’est la seule manière de changer les comportements. La force des réseaux n’est pas dans leurs chefs, mais dans leur structure, leur maillage, leur ancrage.

Breizh-info.com : Vous avez critiqué les propos du chef d’état-major évoquant un possible conflit avec la Russie. Estimez-vous que la France s’oriente vers une diplomatie de confrontation inutile ? Faut-il redéfinir nos alliances et notre doctrine stratégique ?

Sarah Knafo : Le CEMA nous dit que les Russes veulent « nous » attaquer, à horizon 3 ou 4 ans. Il dit « je le sais ». Et là c’est une question cruciale : nos services sont-ils capables de prévoir, avec autant de certitude, ce qui se passera à cette échéance ? A-t-il des informations vérifiées à cet égard ? Ce n’est pas moi, une femme politique qui ne suis pas à la tête de la DGSE, qui peut vous répondre. Mais c’est de sa responsabilité de nous dire ce qu’il sait : il ne peut pas nous inquiéter à moitié ou parler à tort et à travers de ces sujets graves.

Ensuite, à mes yeux, la conclusion reste la même. Nous avons un devoir de puissance. Il faut absolument renforcer notre effort de défense nationale, privilégier notre industrie de défense, arrêter de dilapider notre argent dans des gabegies pour l’investir dans le régalien.

Screenshot

Breizh-info.com : Les électeurs de Reconquête et du RN appellent à une union, mais les appareils politiques semblent rétifs. Faut-il aujourd’hui acter une stratégie d’alliance pour 2027 ? Et êtes-vous prête à en prendre l’initiative au nom d’une priorité civilisationnelle ?

Sarah Knafo : Bien sûr. Je suis une ardente partisane de l’union des droites. Le peuple le veut. La France en a besoin. Bien sûr, l’union des droites n’implique pas de se dissoudre, de se résigner à des compromissions, ni de nier les différences évidentes entre personnalités de droite. Bien sûr, nous ne partageons pas les réflexes économiques de gauche du Rassemblement national, ni les réflexes politiciens centristes des Républicains. Et pourtant, et pourtant, nous devons nous engager sur deux principes clairs :

Le premier, c’est d’appeler à voter pour le plus à droite au second tour. Si on n’est pas capable de faire cela, ce n’est pas la peine de parler d’autre chose. Chez Reconquête, nous l’avons fait en 2022 et en 2024. Dieu sait que les mots avaient été durs de part et d’autre : mais nous avons su enterrer la hache de guerre et faire notre devoir de patriote. Nous comptons bien, cette fois, être au second tour et être soutenus par les autres, mais nous le referrions sans hésiter. Les autres doivent s’y engager aussi. Il est regrettable qu’ils ne l’aient pas fait par le passé. En 2022, comme en 2017, LR a soutenu Emmanuel Macron au second tour. En 2012 Marine Le Pan a refusé d’appeler à voter pour Nicolas Sarkozy, lui faisant sans doute perdre les quelques voix qui nous ont valu cinq ans avec François Hollande et déjà 8 ans avec Macron. En 2017 encore, Marine Le Pen a refusé de tendre la main à François Fillon, disant qu’elle préférait « parler aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon », sur une ligne sociale et anti-élites. Mais il n’est plus temps de ressasser le passé.

Il faut enfin s’engager à tendre la main aux autres forces politiques, dès le lendemain de l’élection présidentielle. Il faudra une alliance législative en bonne et due forme et un accord de gouvernement : la gauche, qui s’entre-tue à chaque scrutin, arrive parfaitement à s’allier dès le lendemain et à rafler de précieuses circonscriptions. Pourquoi serions-nous condamnés à avoir la droite la plus bête du monde ? Si demain nous sommes en position de force à droite, nous continuerons de tendre la main. Nous ne dirons jamais : « nous sommes assez forts nous n’avons pas besoin de vous ».

Breizh-info.com : Votre notoriété personnelle progresse rapidement. Pensez-vous que votre profil, plus jeune, plus institutionnel, pourrait incarner une nouvelle phase du projet Reconquête ? Ou Éric Zemmour reste-t-il l’homme de la situation, y compris pour 2027 ?

Sarah Knafo : En 1965, Malraux attaquait Mitterrand en disant qu’il n’était qu’un politicien, comme on en a toujours connu et comme on en connaitra toujours, face à un profil bien plus rare : celui du Général de Gaulle, qui lui, était un homme de l’Histoire. Eric Zemmour est un homme de l’histoire : il la connait, il arrive à prévoir en avance ce qu’il va se passer, il nous l’a montré à maintes reprises depuis 20 ans. Les Français n’auront pas cent fois l’occasion d’élire un homme de sa trempe. Quant à moi, je ne prends la jeunesse ni pour une qualité, ni pour un défaut. Et je ne sais pas si mon profil est « institutionnel » : je connais les institutions, oui, mais je pense vraiment qu’il faut renverser la table.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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