Nos dirigeants nous font vivre sous le régime de la peur déclinée et entretenue. Nous allons de menace en menace, pris dans une sorte de kaléidoscope géant qui ne nous permet plus de nous arrêter le temps de prendre un peu de recul pour réfléchir sur la situation.
Les dividendes de la paix n’ont jamais existé
En février 1960, la France est devenue une puissance nucléaire. De Gaulle a théorisé le principe de la dissuasion en donnant comme image celle de l’éléphant d’Afrique qui n’empruntait jamais les chemins sablonneux à cause des scorpions qui pouvaient s’y trouver. La piqûre de ceux-ci, même si elle n’était pas toujours mortelle, dissuadait les éléphants de s’aventurer sur ces chemins.
Les armes nucléaires françaises devaient jouer le rôle du scorpion et dissuader tout agresseur éventuel de nous attaquer. Ce concept a été adopté par toute la classe militaire dirigeante, plus ou moins rapidement, et cela a eu des conséquences sur le dimensionnement et l’équipement de notre armée et c’était logique.
Le rôle de l’armée a été redéfini en tenant compte de la protection définitive et insurpassable que lui conférait, en matière de défense du territoire, la possession de l’arme atomique.
L’ancien ministère de la Guerre a, à juste titre, pris le nom de « ministère de la Défense ». Etait-il encore nécessaire de maintenir une armée de plus d’un million comme c’était le cas en 1960 ?
Une armée adaptée au contexte
La décolonisation s’étant pratiquement achevée en 1962 avec l’indépendance de l’Algérie, il convenait d’alors de moduler les effectifs en fonction de cette nouvelle donne. Contrairement à ce que certains veulent nous faire croire, les économies ainsi réalisées n’ont pas grand-chose à voir avec les « dividendes de la paix ». Celles-ci auraient pu avoir un sens si nous avions renoncé à une armée qui, la paix étant assurée, serait devenue inutile. Cela est loin d’être le cas et la réorganisation de l’armée s’est faite en ayant le soin de lui conserver toutes ses missions et en la dotant de tous les moyens nécessaires à leur accomplissement. Tout, ou presque, s’articulant autour de la dissuasion, il fallait cependant la compléter par des moyens intermédiaires en hommes et en matériels.
De plus, il fallait conserver à notre armée une capacité de « projection » pour intervenir en cas de menace de nos ressortissants. L’affaire de Kolwezi a, par exemple, répondu à cette attente, tout comme l’opération « Turquoise » en 1994.
La guerre en Ukraine sert de prétexte
La version « officielle » décrit la Russie comme l’agresseur de l’Ukraine, comme s’il s’agissait d’un « plan de conquête » bien établi de toute l’Europe de l’Ouest et commençant par cette dernière. Qui d’un tant soit peu informé peut croire à cela ? Il suffit le lire « Le grand échiquier » écrit par Zbignew Brzezinski pour y apprendre que l’Ukraine est le « point faible » de la Russie en matière de défense et que celle-ci ne peut en aucun cas accepter que l’Ukraine rentre dans l’OTAN. Pas plus, d’ailleurs, qu’en 1962 les États-Unis ne pouvaient tolérer les missiles soviétiques sur le sol de Cuba. La chronologie des évènements montre que, depuis 2014 et le coup d’état dont les évènements de la place Maidan ont été le déclencheur, tout a été fait pour pousser la Russie à agir.
Alors que les « accords de Minsk » auraient dû « calmer le jeu », l’armée ukrainienne a commencé à frapper le Dombass. Le 31 août 2018, le président de la république autoproclamée du Donbass trouve la mort dans un attentat. De 2014 à 2022, ce sont 14 000 personnes qui sont tuées par les tirs d’artillerie ukrainiens, avec une intensification précédant le 24 février 2022.
Aujourd’hui, la plupart des spécialistes s’accordent pour dire que l’Ukraine est en train de perdre cette guerre. Et le pire est que le plan de paix proposé en 2022 à Istambul par la Russie, qui était tout près d’être accepté par le représentants ukrainiens revient aujourd’hui sur le devant de l’actualité, proposé par Donald Trump. Et nous l’avons l’impression d’un « bis repetita ». Le Premier ministre anglais Boris Johnson avait réussi à faire capoter le plan de 2022 et nous avons le sentiment qu’aujourd’hui la France et l’Angleterre font pression sur le président ukrainien pour qu’il refuse de signer ces accords proposés par le président américain. Pourquoi s’y opposent-ils ?
Une paix indésirable ?
En quoi ce retour à la paix que, pour des raisons élémentaires d’humanisme, chacun ne peut qu’approuver, s’avère-t-il gênant pour certains dirigeants de l’Union européenne ?
Cela commence par Emmanuel Macron et sa vision d’un « ogre Russe » qui a un besoin insatiable de se repaître de ses conquêtes. Il est ensuite relayé par le général Mandon, nouveau CEMA, qui dramatise notre avenir en nous prévoyant une guerre probable avec la Russie dans les cinq ans à venir, dans laquelle nous devrons accepter le sacrifice de nos soldats.
Pourtant, dans une vidéo télévisée, l’ancien ministre Luc Ferry laisse éclater sa colère et celle-ci est probablement partagée par une grande majorité de Français qui croient de moins à tous ces discours mais qui sont cependant de plus en plus inquiets.
Alors, peut-être que le véritable but recherché par les dirigeants européens est justement de faire peur aux peuples pour qu’ils deviennent plus « dociles ». Il serait alors plus facile de leur imposer la constitution d’une armée « européenne » qui serait un grand pas de plus vers ce fédéralisme qu’ils veulent nous imposer « à marches forcées » depuis des décennies. Et peut-être espèrent-ils secrètement qu’un État fédéral et supranational permettrait de combattre la Russie et d’affaiblir les bases du futur monde multipolaire dont l’émergence devient évidente ?
Jean Goychman
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