Après près d’un an d’impasse institutionnelle, les électeurs kosovars ont tranché. Le parti nationaliste albanais Vetëvendosje (« autodétermination ») est arrivé largement en tête des élections législatives, offrant à son leader, le Premier ministre sortant Albin Kurti, une nouvelle victoire politique malgré les critiques et les tensions accumulées ces derniers mois.
Selon les résultats provisoires portant sur près de 90 % des bulletins dépouillés, Vetëvendosje recueille un peu plus de 50 % des suffrages. Un score sans équivalent depuis l’indépendance proclamée du Kosovo en 2008, qui confirme l’ancrage durable du mouvement dans le paysage politique local. Les deux principaux partis d’opposition, le Parti démocratique du Kosovo (PDK) et la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), restent nettement distancés.
Un vote de validation malgré le blocage institutionnel
Ces élections faisaient suite à un premier scrutin organisé en février, à l’issue duquel aucune majorité claire n’avait émergé. L’incapacité à former un gouvernement avait plongé le pays dans une paralysie politique prolongée, privant le Kosovo de décisions budgétaires majeures et bloquant l’accès à plusieurs centaines de millions d’euros de financements européens.
La question centrale était donc simple : les électeurs allaient-ils sanctionner Albin Kurti pour cette situation, ou tenir l’opposition pour responsable du blocage ? Le résultat apporte une réponse nette. Malgré les critiques sur sa gouvernance, Kurti sort renforcé, tandis que les partis traditionnels paient leur refus de toute coalition.
Même si Vetëvendosje n’obtient pas à lui seul une majorité absolue en sièges, le Premier ministre sortant devrait pouvoir s’appuyer sur les députés issus des minorités ethniques, qui disposent de vingt sièges réservés au Parlement.
Une victoire politique, mais des défis majeurs
Albin Kurti a qualifié ce scrutin de « plus grande victoire de l’histoire du Kosovo » et appelé l’opposition à coopérer plutôt qu’à entraver l’action gouvernementale. Un message partiellement entendu : certains responsables de la LDK ont reconnu que le verdict des urnes ne pouvait être ignoré.
Mais cette victoire intervient dans un contexte diplomatique et économique délicat. Le Kosovo a vu ses relations se tendre avec l’Union européenne et les États-Unis, en raison des décisions répétées du gouvernement Kurti visant des institutions liées à la minorité serbe, notamment dans le nord du pays. Ces mesures ont ravivé les tensions communautaires et provoqué des sanctions européennes en 2023, récemment levées.
Bruxelles attend désormais un changement de méthode, notamment sur le dialogue de normalisation avec la Serbie, au point mort depuis des années. Or les relations entre Albin Kurti et le président serbe Aleksandar Vučić restent particulièrement conflictuelles.
Si le style de Kurti divise, son succès électoral reflète aussi le discrédit persistant de ses adversaires. Les formations issues de l’ancienne guérilla de l’Armée de libération du Kosovo, longtemps au pouvoir, n’ont pas tenu leurs promesses de développement économique et de stabilité institutionnelle. Pour une partie importante de l’électorat, l’alternative apparaît donc encore moins crédible que le pouvoir en place.
Plusieurs analystes soulignent les limites du bilan de Vetëvendosje : croissance jugée insuffisante, tensions avec les alliés occidentaux, gouvernance parfois contestée sur le plan constitutionnel. Mais dans l’esprit des électeurs, ces défauts pèsent moins lourd que la crainte d’un retour des anciennes élites.
Le scrutin confirme ainsi une tendance de fond : au Kosovo, le nationalisme politique et le rejet des partis traditionnels continuent de structurer durablement le choix des électeurs, au prix d’un rapport souvent conflictuel avec les partenaires européens.
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