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Les étiquettes du muscadet sont-elles les plus moches de la terre ?

07/02/2015 – 07h00 ‑ Vallet (Breizh-info.com) ‑ In Vino BFM est l’unique grande émission radiophonique sur le vin en France. Quand elle parle du muscadet, ce qui n’est pas très souvent, ses avis ont du poids. On a donc dressé l’oreille, samedi dernier quand le chroniqueur britannique David Cobbold s’est penché sur le vignoble nantais.

Oh ! comme sur le site Ecce Vino, dont il est l’un des animateurs, il a dit tout le bien qu’il pensait des « trésors cachés du muscadet ». Mais côté critiques, il a commencé par un avis définitif : « si on regarde les étiquettes en muscadet, c’est les plus moches de la terre ». Ce jugement tranché est-il mérité ? Nous avons posé la question à un expert, Michel Bertaud, ex-fondateur et dirigeant d’une grande agence de publicité nantaise, qui a travaillé pour de nombreux vignerons et négociants (1).

Les étiquettes de muscadet sont-elles vraiment les plus moches de la terre ?

Disons plutôt qu’elles témoignent souvent d’un certain passéisme, d’une timidité dans les formes, les couleurs, les harmonies, la typographie… Elles reflètent l’esprit du vigneron, qui est attaché à la terre, au terroir. Pour lui, le vin ne relève pas du marketing. C’est tout à son honneur, mais cet état d’esprit pourrait se manifester autrement que par des motifs traditionnels comme une feuille de vigne ou un édifice. Cela dit, ce caractère n’est pas propre au muscadet. Regardez les étiquettes du Bordelais, elles ne sont pas moins conservatrices.

Serait-ce dû à la modestie des tirages, puisque les muscadets ne sont pas des vins de très grande diffusion ?

Michel Bertaud

Michel Bertaud

Non, les quantités ne sont pas en cause. Certes, il est difficile de faire appel à des vedettes du graphisme, dont l’intervention peut coûter des milliers d’euros. Mais il y a beaucoup d’excellents graphistes capables de réussir des étiquettes esthétiques et attractives sans réclamer des honoraires exorbitants. En réalité, beaucoup de vignerons confient la création de leurs étiquettes à leur imprimeur, qui lui-même se retourne vers son maquettiste habituel, ce qui fait que les projets sortent rarement de l’ordinaire. Il y a pourtant des exceptions. Ainsi, il y a déjà plus de trente ans, mon client Donatien Bahuaud a imaginé, pour la première fois dans la région, de faire réaliser une bouteille sérigraphiée pour son Master.

Certains vins de pays portent des étiquettes originales. Pourquoi pas les AOC ?

Je crois que, pour les AOC, les vignerons s’autocensurent. Pour eux, la qualité va de pair avec le classicisme, l’originalité est réservée aux vins secondaires. Et cela correspond vraiment à leur réalité à eux. Quand ils voient des vins de cépage, des vins étrangers notamment, diffusés en masse dans les grandes surfaces, ils voient des étiquettes originales. Et il se peut que le consommateur averti raisonne aussi de cette manière. Cependant, il faut penser aux jeunes, qui sont l’avenir du marché. Et aussi aux étrangers. Qui sait, peut-être se disent-ils que si l’étiquette est banale, le vin est français ? On doit aussi se demander si une étiquette très classique ne renvoie pas à une époque où le muscadet avait mauvaise réputation. Cela dit, le consommateur ne va pas non plus se dire que le vin est forcément meilleur si l’étiquette est originale. Il n’y a pas de réponse toute faite.

L’étiquette fait-elle vendre, dans le fond ?

Elle sert au moins à distinguer un vin, un propriétaire. Il est plus difficile de dire qu’elle positionne une appellation. Cependant, elle y participe. L’étiquette a un caractère identitaire. Il faut une certaine cohérence d’ensemble. Quand on voit une étiquette en forme d’hermine bretonne, comme celle du Soleil nantais de Guilbaud Frères sur un vin présenté comme un vin de Loire, c’est un peu bizarre.

Faut-il éviter de présenter le muscadet comme un vin breton ?

Au contraire, l’image internationale de la Bretagne pourrait le servir, alors qu’il n’est pas bien placé pour profiter de celle de la vallée de la Loire. Voici des années, j’avais proposé à la profession de travailler la thématique du « vin sauvage », qui aurait distingué le muscadet en rappelant qu’il est proche, par la géographie et le caractère, de la mer et du plus grand fleuve sauvage d’Europe. Et qui aurait sûrement permis de belles réalisations graphiques, pour en revenir à l’étiquette !

(1) Lui-même passionné de vins, il est l’auteur, avec Jean-Paul Friol, d’un ouvrage qui fait référence : Jura, les vins authentiques.

Crédit photo  : Breizh-info
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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8 réponses à “Les étiquettes du muscadet sont-elles les plus moches de la terre ?”

  1. lusseaud dit :

    Pour qui il se prend ce “spécialiste” ? Non, mais on rêve… le Muscadet est un vin “authentique” bien loin des standards des vins marketés tels les vins du languedoc et “Sud de France” qui ont pris le nouveau monde comme exemple ! Bien loin de l’étiquette, fiez vous à la qualité d’un Sèvre et Maine sur Lie, nettement meilleur, fruité et fin qu’un vin issu de 6 ou 7 cépages… fait pour les bobos parigos. Notre Muscadet est très loin d’un vin comptoir et loin des avis de ce “spécialiste”…. a bon entendeur…

    • redacbzhinfo dit :

      Notre article ne portait que sur les étiquettes ! Michel Bertaud d’une part, Breizh-info d’autre part, ont plus d’une fois montré leur intérêt pour le muscadet.
      Breizh-info est un site d’actualité : l’actualité, ici, était l’avis définitif exprimé l’autre jour par David Cobbold, l’un des chroniqueurs les plus connus en matière de vins (et qui lui aussi apprécie le muscadet) : “les étiquettes du muscadet sont les plus moches de la terre”. Nous nous sommes donc demandé s’il y avait du vrai dans cette affirmation, et pourquoi.
      L’étiquette est peu de choses par rapport à la qualité du vin, c’est évident. Mais pour la grande majorité des consommateurs, elle représente le premier contact avec le vin, le premier obstacle à franchir. La question de l’ETIQUETTE (en capitales, pour éviter toute méprise sur le sujet traité) a donc son importance.

  2. Raphno dit :

    Nouveau Monde ? Allons ! le vin de l’Afrique du Sud remonte au 17ème siècle…
    Authentique ? il n’y a pas un projet d’assemblage du melon avec le colombardpour répondre au goût des “bobos parigos”? .
    Je trouve au contraire que cette interview est très intéressante et met bien en lumière une représentation surannée du Muscadet qui leste l’image de l’appellation.

  3. lusseaud dit :

    Pour le colombard cher amis, il n’y a rien de fait et rien de certains. Ce lobbying du négoce n’a pas encore abouti et de toute manière serait trop long à mettre en place, ce qui serait suicidaire pour l’appellation… Je le dit et le répète : nous avons un vin unique et authentique ici en Muscadet… Tite info pour le prof d’histoire-géo : en parlant du nouveau monde, on ne parle pas que d’Afrique du Sud… Secondo : vas voir en Bourgogne si leurs étiquettes ne sont pas has-been. Ce papier a été encore écrit par un mec mécontent du Muscadet et qui veut l’enterrer…

  4. raphno dit :

    Mais je ne doute pas des potentialités du Muscadet , un questionnement sur l’image du vignoble ne renvoie pas nécessairement à son enterrement .

    • redacbzhinfo dit :

      Notre article ne portait que sur les ETIQUETTES du muscadet, pas sur l’AOC elle-même — nous pensions que cela était clair. Breizh-info a plus d’une fois exprimé son intérêt pour le muscadet. Nous avions juste voulu examiner de plus près une critique exprimée par David Cobbold, un commentateur connu et estimé… qui, lui aussi, s’intéresse au muscadet. Comme il était question des ETIQUETTES, nous avons tenu à interroger un professionnel de la communication qui, pas moins que David Cobbold ou Breizh-info, a souvent témoigné son intérêt pour l’AOC.
      Il ne faut pas faire dire aux ETIQUETTES plus qu’elles ne signifient. Mais pas moins non plus : pour le consommateur lambda, elles sont le premier contact avec un vin. On frappe plus volontiers à une porte hospitalière : il serait dommage que des consommateurs qui auraient pu apprécier le muscadet passent à côté pour cette raison !

  5. Rédaction dit :

    Notre article ne portait que sur les ETIQUETTES du muscadet, pas sur l’AOC elle-même — nous pensions que c’était clair. Breizh-info a plus d’une fois exprimé son
    intérêt pour le muscadet. Nous avions juste voulu examiner de plus près une
    critique exprimée par David Cobbold, un commentateur connu et estimé… qui,
    lui aussi, s’intéresse au muscadet. Comme il était question des ETIQUETTES,
    nous avons tenu à interroger un professionnel de la communication qui, pas
    moins que David Cobbold ou Breizh-info, a souvent témoigné son intérêt pour
    l’AOC.
    Il ne faut pas faire dire aux ETIQUETTES plus qu’elles ne signifient. Mais pas
    moins non plus : pour le consommateur lambda, elles constituent le premier
    contact avec un vin. On frappe plus volontiers à une porte hospitalière : il
    serait dommage que des consommateurs qui auraient pu apprécier le muscadet
    passent à côté pour cette raison !

  6. dubo dit :

    Bonjour, Votre article nous a interpellé sur les réseaux sociaux et nous souhaitions vous présenter notre création d’étiquette pour les Vignobles Chéneau et leur Breizh’Cadet, que vous pouvez voir ici:
    http://dubo.dansvotrevie.com/#chapter_2 L’étiquette présente une vision iodée de la Bretagne à travers une peinture moderne autant qu’identitaire. Les “Bigoudens” de Martial Martiniaux se font ambassadrices du muscadet Breton ! Nous aurions aimer avoir votre opinion sur cette réalisation graphique qui nous l’espérons séduira les esthètes autant que les amateurs de vin. Mettez dubo dans votre vie !

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