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Cinéma. 7 films à voir ou à revoir sur Rome.

Breizh-info vous propose une chronique intitulée « 7 films à voir ou à revoir » et réalisée par Virgile pour le Cercle Non Conforme, qui nous a donné son accord pour reproduire le texte.

Cette semaine, 7 films à voir ou à revoir sur Rome.

N’en déplaise aux plus fervents Gavroches et autres Apaches, apôtres d’une légitime mauvaise foi cocardière, il se pourrait bien que Paris ne soit pas la plus belle ville du monde. Quelle autre cité aurait-elle l’outrecuidance de pouvoir se targuer de ce titre prestigieux ? Rome, la ville aux sept Collines, possède bien des atouts pour jouer la vedette. Le romantisme des ruines de la Rome Antique, la magnificence de la Rome baroque, l’austérité fasciste du quartier de l’Exposition Universelle, ce ne sont pas moins de 28 siècles d’histoire qui ont façonné une cité devenue musée à ciel ouvert qui ne s’est jamais résignée à se discipliner. Car la Rome révolutionnaire et alternative anime toujours la ville de son souffle.

Et il y en a pour tous les goûts entre le quartier gauchiste de la Garbatella et le quartier de l’Esquilino, au centre de laquelle se dresse fièrement le célèbre immeuble de CasaPound. Le cinéma a évidemment fait la part belle à la Ville Eternelle, appuyée en cela par l’une des meilleures productions cinématographiques au monde ; les studios de la Cinecittà rivalisant allégrement avec ceux de Babelsberg et Hollywood. Rome et la société romaine mériteraient bien plus de sept films pour être honorées comme il se doit. Mais il en faut normalement moins pour ressentir une irrépressible envie de sauter dans le premier avion.

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AFFREUX, SALES ET MECHANTS

Titre original : Brutti, sporchi, cattivi

Film italien d’Ettore Scola (1976)

Rome au début des années 1970. Une vue splendide sur la cathédrale Saint-Pierre… vue depuis un bidonville. Giacinto Mazzatella règne en tyran sur ce cloaque entouré des vingt membres de sa famille dans une cabane en bois qui tient lieu de château. Un château contenant un million de lires perçues comme indemnité après avoir accidentellement perdu un œil. Fusil en main, Giacinto veille sur son pactole comme sur la prunelle de son œil car d’aucuns se verraient bien les heureux propriétaires du trésor. Dans ce bouge, la promiscuité favorise aussi bien les rixes que les bruyants débordements hormonaux et déviances en tous genres. Aussi, Giacinto ramène-t-il dans le bidonville une prostituée obèse et hideuse dont il décrète qu’elle ne quittera plus le lit conjugal. L’épouse déchue par la catin entreprend de réunir le clan autour d’une appétissante découpe d’abats de bœuf et décide de la mort salvatrice du patriarche. Une mort d’autant plus souhaitable que Giacinto dilapide désormais sans compter le magot…

Evidemment, pour vanter les charmes de la capitale italienne, on a fait mieux. Mais quelle formidable satire ! Tourné dans le quartier de Monte Ciocci, l’un des anciens quartiers les plus mal famés de Rome, la réalisation décrit de manière splendide les affres d’un quart-monde romain déshumanisé, bestial et amoral. Il n’y aucun romantisme de la pauvreté dans cette œuvre de laquelle est absente toute solidarité clanique et sociale. Un film remarquable et sordidement drôle en rupture totale avec le cinéma néo-réaliste contemporain de cette décennie. A voir absolument !

 

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LES AMANTS DE LA VILLA BORGHESE

Titre original : Villa Borghese

Film italien de Gianni Franciolini (1953)

Situés au cœur de Rome, les jardins verdoyants et ombragés du parc de la Villa Borghese abritent chaque jour une multitude d’histoires détenues par les âmes de ses promeneurs. Amoureux, sportifs et enfants se côtoient dans cette douce oasis de verdure avant de céder leur place la nuit venue à une faune en quête de plaisir tarifé. L’une de ces journées qui ressemble à toutes les autres, un couple d’anciens amoureux se promène dans le parc, bien résolu à rompre définitivement. Or, y a-t-il lieu moins propice à la rupture que les jardins de la Villa Borghese ? Le charme romantique du lieu pourrait bien contrecarrer leurs velléités de déchirement…

En sept histoires sous forme de sketchs, la description d’une journée dans les jardins de la Villa avec une multitude de personnages dont aucun ne tient véritablement le premier rôle. Car la vedette, c’est bien la Villa Borghese dont les arbres et les fontaines autorisent toutes les histoires simples de la vie. L’un des films les moins connus de la carrière de Gérard Philippe au point qu’il ne connut aucune sortie en salles en France.

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LA DOLCE VITA

Film italien de Federico Fellini (1960)

Marcello Rubini a quitté sa province pour gagner Rome avec l’espoir de devenir écrivain. En fait d’écriture, Marcello croupit comme chroniqueur mondain dans un journal à sensations. Afin d’alimenter son papier, Marcello entreprend chaque soir la tournée des lieux les plus fréquentés par l’aristocratie romaine et les gens du cinéma afin de se mettre quelque indiscrétion sous la dent. Bientôt las de la jalousie maladive de sa maîtresse Emma, Marcello passe la nuit avec Maddalena, riche héritière désœuvrée. De retour chez lui, il découvre que son épouse a attenté à ses jours et ne parvient pas à masquer son indifférence. Le lendemain, le paparazzo attend à l’aéroport la venue à Rome de l’égérie hollywoodienne, Sylvia Rank. Il ne sait pas que cette arrivée va bouleverser sa vie…

Loin de tout hédonisme, la douceur de vivre vue par le génialissime Fellini tranche avec la morosité et le désabusement d’une jet-set morose, décadente et prisonnière de plaisirs pauvres. Le film, chapitré en plusieurs épisodes faussement distincts les uns des autres, décrit à merveille une certaine névrose romaine, cité empreinte de catholicisme qui se love dans la luxure. La Dolce Vita est la réalisation qui fait accéder Fellini à la maturité de son art. A voir absolument ne serait-ce que pour admirer la délicieuse et lascive Anita Ekberg se baignant dans la Fontaine de Trevi. La scène fit scandale au point que le quotidien du Vatican menaça les spectateurs d’excommunication. En matière de provocation cinématographique, les temps ont bien évidemment changé.

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FELLINI ROMA

Titre original : Roma

Film italo-français de Federico Fellini (1971)

Fraichement débarqué à la gare de Termini depuis sa province, un jeune homme découvre Rome et son histoire. Ce jeune provincial est Fellini lui-même qui décrit la capitale dans une anarchique succession de récits de la Rome des années trente à la Rome contemporaine des hippies en passant par une joyeuse découvertes des maisons de tolérance à l’époque fasciste. Rome, mère nourricière à l’image de la louve. Rome, la cité aux sept Collines dont les courbes sexualisent la cité tel le corps d’une femme. Une femme splendide dont Fellini demeure l’un de ses amants les plus sincères et ardents…

Difficile d’extirper un résumé de cette œuvre fictionnelle baroque qui constitue également un documentaire autobiographique. Comme dans La Dolce Vita, Romas’inscrit dans une certaine tradition cinématographique italienne de par son découpage déstructuré parvenant miraculeusement à une remarquable harmonie finale. Un film-jalon dans la filmographie du réalisateur qui, avec une parfaite maîtrise, passe sans transition, sans début ni fin, de la satire au lyrisme, de l’insolite à la nostalgie. A voir absolument !

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MAMMA ROMA

Film italien de Pier Paolo Pasolini (1962)

Mamma Roma, prostituée quadragénaire, est affranchie de son souteneur Carmine lorsqu’il se marie. Aspirant à un nouveau départ empreint de respectabilité, elle décide de refaire sa vie et asseoir de nouveau son autorité sur Ettore, son fils de seize ans qui a grandi dans un pensionnat de la campagne romaine et dont elle ignore tout. Ensemble, ils emménagent dans un appartement du quartier Don Bosco. Les souvenirs d’une vie blessée s’estompent progressivement et Mamma Roma est tout heureuse de regarder son fils grandir tandis qu’elle trouve un travail de maraîchère sur un petit marché. Jusqu’au jour où Ettore apprend le passé de sa mère… Aussi, se rapproche-t-il bientôt d’un petit groupe d’adolescents désœuvrés qui traînent leur ennui dans un terrain vague proche…

Second film du génialissime Pasolini qui s’inscrit dans la plus pure tradition du néo-réalisme italien. Toute l’essence du cinéma pasolinien est déjà inscrit dans sur ce second métrage. Pessimisme et noirceur totale face à une irrémédiable aliénation de l’individu empêchant toute ascension sociale. La longueur de certains plans fixes durant lesquels il ne se passe rien peut parfois nuire à l’ensemble pour qui est insensible à tout cinéma contemplatif. Anna Magnani est, en outre, extraordinaire de truculence, d’autant plus lorsque l’on sait la grande part laissée à l’improvisation par Pasolini, grand cinéaste en devenir.

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VACANCES ROMAINES

Titre original : Roman Holiday

Film américain de William Wyler (1953)

Agée de dix-neuf ans, Ann est une jeune princesse d’un pays imaginaire qui enchaîne les visites des plus prestigieuses capitales européennes. C’est à Rome qu’elle décide de s’extirper de la lourdeur protocolaire et de fuguer du palais. Auparavant droguée aux sédatifs par son médecin, elle s’endort bientôt sur un banc à proximité du Colisée. Joe Bradley, séduisant correspondant d’un journal américain, ne manque pas de remarquer la belle au banc dormant. Après l’avoir installée dans sa maison, il ne tarde pas à découvrir la qualité princière de la jeune femme qu’il devait, par le plus grand des hasards, interviewer le jour même. Se souciant peu de l’affolement provoqué par sa disparition, Ann, éprise de liberté, visite la capitale romaine fièrement juchée sur la Vespa de Joe. Cupidon semble devoir les accompagner dans leur escapade…

Pour qui n’a jamais vu Rome, la vision de cette réalisation vaut tous les guides touristiques ! Vacances Romaines est une curieuse et romantique anomalie dans la filmographie de Wyler, cinéaste professionnel du pathos sociétal. Prenant le contre-pied de ses précédents films, Wyler livre ici un touchant conte de fées, épuré de toute niaiserie, sur une jeune princesse désireuse de transgresser les lourdes conventions aristocratiques. Audrey Hepburn et Gregory Peck sont tout simplement aussi éblouissants qu’étourdissants. Enfin, c’est évidemment anecdotique mais la première séquence du film illustrant les Bersaglieri vaut le coup d’œil à elle seule.

 

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VENDETTA ROMANA

Titre original : Cemento armato

Film italien de Marco Martani (2007)

Diego est un petit caïd adulé par toute la petite bande qui gravite autour de lui. Préférant le menu larcin au travail et insensible au danger, Diego entend courir tous les risques nécessaires à l’alimentation de sa petite légende. Coincé dans un embouteillage, le bouillant Diego se fraye un chemin à coups de rétroviseurs cassés. Mal lui en prend de briser celui d’un parrain de quartier qui lance ses hommes à sa recherche. A la place de Diego, c’est sa petite amie Asia, au charmant décolleté, que le parrain rencontre par hasard. Il la viole. Provoquant la fureur de Diego, le jeune voyou entreprend de défier le parrain…

Si le présent film est certes en dessous d’un Romanzo Criminale, ce polar à l’italienne sorti en France dans la plus totale indifférence aurait pourtant mérité une promotion accrue. Certes, l’intrigue manque cruellement de profondeur et se résume parfois à une rapide succession de coups mutuellement portés à l’adversaire. Mais enfin, on aura vu largement pire dans ce genre cinématographique trop largement kidnappé par les productions américaines. Le film contient ainsi quelques fort plaisantes scènes. Première prestation convaincante à l’écran de la petite frappe Nicolas Vaporidis.

Virgile / C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source

Photo d’illustration : Pixabay (cc)

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