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Le nouveau conseil régional des Pays de la Loire : une vraie rupture ?

21/12/2015 – 07H00 Nantes (Breizh-info.com) – La séance d’installation du nouveau Conseil régional des Pays de la Loire avait lieu le vendredi 18 décembre. C’est à Maguy Lussaud, nouvelle élue FN et  doyenne de l’assemblée, qu’il appartenait d’ouvrir la séance. Sans aucun suspens Bruno Retailleau, sénateur de la Vendée et tête de la liste d’union de la droite et du centre,  a été élu président  par 54 voix contre 39 bulletins blancs (26 PS et EELV et 13 FN).

« le temps est à l’action »

Le discours du nouveau président a eu d’emblée une tonalité très droitière. Il a multiplié  les références à l’identité nationale, à l’enracinement en citant Charles Péguy et  « les patries charnelles », à la famille, au civisme … un vocabulaire encore jamais entendu dans cette enceinte. Bruno Retailleau a toutefois rendu hommage au président sortant, le socialiste Jacques  Auxiette,  qui a su « éviter le dépeçage des Pays de la Loire » lors du nouveau découpage régional et pour son combat en faveur du projet  d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Bruno Retailleau entend mobiliser la Région pour lutter contre les trois crises qui la fragilisent :

– La crise économique en soutenant davantage les PME et les secteurs les plus touchés : agriculture et BTP et en apportant une aide importante à l’apprentissage.

-La crise territoriale, en affirmant avoir compris « l’inquiétude, le désespoir et la colère dans les territoires  ruraux et la France périphérique des oubliés »» Bruno Retailleau s’engage à  aider massivement  ces territoires et à relancer les grands projets d’infrastructure.

– La crise civique en favorisant « la transmission des valeurs de la République dans les lycées et les CFA », par la valorisation des identités locales et le soutien actif au bénévolat. Il cite Régis Debray : « la vraie fraternité ce sont les bénévoles ».

Un audit financier de la Région sera lancé dès janvier 2017 avant un plan d’économie pour diminuer l’impôt et la dette « arme de destruction massive ».

Insistant sur la nécessité urgente de la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le nouveau président en appelle à l’évacuation rapide de la ZAD « vitrine de l’impuissance de l’État » et conclut  par ses mots : « le temps est à l’action ».

Bruno Retailleau  présente ensuite son équipe composée de 14 vice-présidents. Le premier est François Pinte, ‘filloniste’,  conseiller régional sortant, rejeté pendant 10 ans par le suffrage  universel, qui atteint là son bâton de maréchal. On y retrouve aussi Laurence Garnier, largement battue aux municipales de 2014 à Nantes. Il faut noter que 5 vice-présidences sont accordées à l’UDI sur un groupe de 15 élus.

« des  positions  réactionnaires  sur les questions sociétales et la place des étrangers dans la République »

Le premier président de groupe à prendre la parole est le socialiste Christophe Clergeau.  Dès ses premiers mots,  celui-ci s’en prend violemment au Front national accusé d’avoir « un projet destructeur pour notre République » et  interpelle Bruno Retailleau : « combattrez-vous cette idéologie ?».  Il rajoute à son égard : « tout nous oppose » mais  se  félicite ensuite  des récentes déclarations anti FN  de Christian Estrosi et de Jean-Pierre Raffarin. Celui qui a échoué à garder la région au PS accuse aussi le nouveau président de la région d’avoir « des  positions  réactionnaires  sur les questions sociétales et la place des étrangers dans la République ». Vantant  « le formidable travail et dévouement » des fonctionnaires régionaux,  et mettant en garde Bruno Retailleau  contre toute tentation de «dégraisser le mammouth » il s’écrie :”ne jetez pas le bébé avec l’eau du bain !”.

 Il se fait ensuite le défenseur du « monde associatif, culturel et d’éducation populaire », une de ses principales clientèles électorales. Annonçant sans rire « qu’il va continuer  à travailler avec les communistes » – ils ne sont plus représentés à la région  après le score le plus désastreux de leur histoire (3,3 %) – Clergeau énonce « ses points de vigilance » en citant pêle-mêle : lutte contre les discriminations, droits des femmes, école émancipatrice et laïcité…

Sophie Bringuy, présidente du groupe écologiste qui ne compte plus que 6 membres, constate que, sur 54 membres  la majorité de droite compte 40 « cumulards » de mandats électifs dont  Bruno Retailleau qu’elle interpelle : « allez-vous cumuler vos indemnités ?».

« être le tribun  du peuple »

Pascal Gannat, pour le nouveau groupe FN de 13 élus,  répond d’emblée aux attaques de  Clergeau : « c’est vous le bébé et un bébé de gauche et les électeurs vous ont jeté avec l’eau du bain ! », une tirade très applaudie sur les bancs de la majorité ! Se faisant le défenseur des territoires périphériques et ruraux « mourant de mort lente » il affirme que la métropole nantaise est devenue « un vortex absorbant progressivement les forces vives régionales ».  Gannat  assure que son groupe aura une fonction historique : « être le tribun  du peuple », mais lance aussi une adresse à Bruno Retailleau «  nous espérons pouvoir vous soutenir de temps en temps ». Un appel du pied à la majorité ?

Philippe Henry rappelle que  son groupe UDI-MODEM est porteur « des valeurs humanistes et démocrates chrétiennes » et qu’il luttera avant tout contre le « sentiment d’exclusion ». Vaste programme.

«il n’y aura pas de droite dure, de majorité dure dans l’hémicycle»

C’est enfin Christophe Priou, député de la presqu’ile guérandaise, qui intervient pour le groupe Les Républicains. Au cours de sa longue – et, pour certains, soporifique – intervention il évoque la « stature gaullienne »  du nouveau président de la région ajoutant qu’« il n’y aura pas de droite dure, de majorité dure dans l’hémicycle ». Il s’engage notamment à ne pas toucher au budget de la culture, semblant déjà donner  des gages aux socialistes.

Que retenir de cette journée d’installation ? Un président qui a prononcé un discours de rupture complète avec les valeurs de gauche qui ont régné durant deux mandatures. Aux deux  oppositions – PS et Front national – qui entendent s’affirmer clairement sur le plan politique, les deux groupes LR et UDI n’ont su répondre que par des propos consensuels s’apparentant à un robinet d’eau tiède. Faut-il y voir un premier hiatus entre Bruno Retailleau  et sa majorité ? Les premières décisions de l’assemblée nous renseigneront vite.

Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine. 

 

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3 réponses à “Le nouveau conseil régional des Pays de la Loire : une vraie rupture ?”

  1. Pschitt dit :

    Bruno Retailleau est bien obligé de faire la procession avec ce qu’il a de paroissiens. D’autant plus qu’il devra déléguer puisqu’il demeure sénateur. M. Pinte, qui lui sert paraît-il de “bras droit”, est au mieux un “bras centre”, et d’une gaucherie maintes fois démontrée ! Mme Garnier a largement fait ses non-preuves lors de la dernière élection municipale. Et l’UDI se demande comment réconcilier ses valeurs humanistes et démocrates chrétiennes avec les cartes d’essence de Saint-Sébastien. La procession regarde peut-être vers la droite mais elle est partie du pied gauche.

  2. kervarker dit :

    La démocratie exige le retour légitime rapide de la loire-atlantique en Bretagne.

  3. Ar Vran dit :

    Faites attention! J’ai cru à un miracle en lisant votre titre : Le nouveau conseil régional des Pays de la Loire : une vraie rupture ? J’ai cru un moment que la Loire-Atlantique avait décidé de quitter cette région artificielle. Là ce serait pour le coup une vraie rupture…
    et enfin on pourrait passer à autre chose…

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