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Rennes. L’Italienne à Alger, ou la maestria de Gioachino Rossini

02/01/2017 – 07H00 Rennes (Breizh-info.com) – Les représentations de L’Italienne à Alger se terminent à Rennes les 3 et 5 janvier. Les mélomanes de Morlaix pourront en profiter le 15 janvier. Ainsi cet opéra-bouffe de Rossini, créé en 1813 dans l’écrin du Théâtre San Benedetto de Venise, poursuit-il ses deux siècles de carrière triomphale.

Les « turqueries » étaient à la mode au début du XIX° siècle, tout comme, en peinture, les scènes orientalisantes. Rossini avait écrit dans ce genre l’année précédente (Cyrus à Babylone). Il y reviendra notamment avec Le Turc en Italie, puis Moïse en Égypte (1818), Mahomet II (1820) ou Moïse et Pharaon (1827).

La partition, comme souvent chez Rossini, réutilise des procédés à succès et des mélodies employées par ailleurs. Il ne prétend pas à l’innovation. Moins que par une invention harmonique particulière, il brille par les profits qu’il sait tirer du legs de ses prédécesseurs et de leurs techniques éprouvées sur les scènes italiennes ou européennes. La virtuosité vocale, par exemple, vient directement des écoles baroques, mais elle est ici poussée à une précision, et parfois à une vélocité (cabalette), que les anciens n’avaient pas connues.

Surtout, la technique des ensembles dépasse tout ce qui avait été fait avant lui, même par exemple par Mozart dans les finales acrobatiques des Noces ou de Don Giovanni. La mécanique de la composition rossinienne va, dans les ensembles de ce type, jusqu’à transformer les chanteurs en pantins musicaux. C’est le cas dans L’Italienne, où le finale du premier acte laisse entendre quelques-uns des sept chanteurs se partager des onomatopées telles que ding, ding pour l’un, tac, tac pour l’autre, cra, cra pour un troisième ou boum, boum pour un dernier comparse. L’intention de divertissement est ici évidente, soulignée par un crescendo époustouflant. Rossini, en résumé, ne donne pas dans l’opéra métaphysique cher aux générations suivantes, et la maestria dont il fait montre dans l’exercice de son talent fut l’un des motifs d’émerveillement de ses contemporains, notamment de son admirateur français Stendhal.

Le livret de L’Italienne, signé d’Angelo Anelli, brille moins par ses subtilités que par ses successions de quiproquos permettant à Rossini de jouer de sa verve. Impossible de le résumer, tant les chausse-trappes y sont doublées d’équivoques. En gros, le bey d’Alger Mustafa, lassé de son épouse Elvire, demande à l’un de ses serviteurs de livrer à son harem une italienne prête à consommer. Mais les péripéties de la comédie finiront dans le respect des bonnes mœurs.

On peut entendre à Rennes, dans le rôle de Mustafa, la basse Luigi de Donato qui avait chanté sur la scène rennaise dans La Cenerentola en mai 2015, puis dans La Pie voleuse du même Rossini à Francfort en janvier 2016. Daniele Zanfardino, qui chante l’esclave Lindoro, a triomphé dans ce rôle, depuis 2012, tant à Catane qu’à Liège, et dans le rôle du comte du Barbier, à Nice en mars dernier puis à Majorque en mai. L’Italienne du titre est la contralto Victoria Yarovaya, qui a chanté le rôle à Florence en mars dernier, et a aussi été remarquée dans la Cenerentola à Glasgow, Rouen et Moscou. Quant à la soprano espagnole Sandra Pastrana, ancienne élève de Victoria de Los Angeles et de Mirella Freni, qui joue le rôle de l’épouse Elvire, c’est une cantatrice de première grandeur qui, outre Rossini, épanouit une carrière remarquable dans des œuvres de Janacek, Donizetti, Verdi, Puccini ou Bizet.

J.F. Gautier

Renseignements : Opéra de Rennes

Photo : DR
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