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Gilles Bourdouleix sur François Bayrou et le Modem : « C’est le parti des putes qui a appelé à voter Hollande en 2012 »

31/05/2017 – 07h15 Cholet(Breizh-Info.com) – Elu en 1995 maire de Cholet, député de la cinquième circonscription du Maine-et-Loire depuis 2002, porte-parole puis président du CNIP jusqu’en 2015, Gilles Bourdouleix est une figure politique incontournable du Maine-et-Loire. Habitué des déclarations tonitruantes, ennemi du politiquement correct, durablement fâché avec la presse locale qui lui mène une guerre d’usure, il a aussi réussi un petit miracle économique.

Avec moins de 8% de chômage sur la zone d’emploi (au troisième trimestre 2016), près de 35.000 emplois pour 25.000 actifs, Cholet, qui compte 56.000 habitants au centre d’un bassin de vie de 200.000 habitants entre Mauges et nord du Poitou, est le second bassin industriel de la région et l’un des rares territoires français qui a surmonté avec succès la désindustrialisation. Ici, c’était le textile – l’Histoire a retenu le mouchoir, mais une grande partie du linge de maison français venait de Cholet et de ses environs. Si le textile et la chaussure survivent toujours (Eram à Saint-Pierre Montlimart, Bellamy à la Chapelle du Genêt, Bionat au Longeron, UMO à Beaupréau, Pindière à Saint-Macaire…), Cholet chausse maintenant… les voitures, avec une imposante usine Michelin.

Entourée de zones industrielles de toutes parts, carrefour majeur où se croisent toutes les routes des Mauges, dominée par ses clochers (Notre-Dame, Saint-Pierre, le Sacré-Coeur) et les tours plantées un peu partout dans les années 1970, Cholet a la forme d’une ville en grande forme économique. Nous avons interviewé Gilles Bourdouleix, qui cette année ne se représente que comme suppléant sur sa circonscription.

Breizh Info :  Gilles Bourdouleix, cette année vous ne vous représentez pas aux législatives, pourquoi cette décision ?

Gilles Bourdouleix : A cause du non-cumul des mandats. Je reste maire et président de l’agglomération.

Breizh Info : Beaucoup d’élus font ce choix à cause d’un contexte politique très incertain. Est-ce votre principale raison ?

Gilles Bourdouleix : En 2012 il l’était aussi. Non, c’est un choix délibéré.

Breizh Info : Emmanuel Macron, tout juste élu, a choisi un premier-ministre juppéiste ; un sarkozyste, Gérald Darmanin, s’est retrouvé aux Comptes Publics. La tentation du pouvoir est forte, alors que Macron et En Marche multiplient les appels à l’ouverture à droite, est-ce que dans ces conditions une droite indépendante et d’opposition peut encore exister ?

Gilles Bourdouleix : Y a toujours eu les résistants et les collabos, l’esprit de Londres ou celui de Montoire. On peut s’allier autour d’un projet, là, les gens vont clairement à la soupe autour d’un projet socialiste de Macron, inspirateur de la politique non moins socialiste de Hollande. Macron est un usurpateur. Mes convictions survivront tandis que les arrivistes disparaîtront.

Breizh Info : Dès les législatives ?

Gilles Bourdouleix : Oui. Macron n’a eu que 52% de vote d’adhésion, c’est à dire qu’il a fait 12% au premier tour, si on compte les gens qui ont voté par adhésion à son programme. Les Français vont se réveiller et retrouver leurs valeurs, certains élus non. Je ne m’appelle pas Béchu, mais Bourdouleix, je n’ai jamais baissé mon pantalon pour entrer au gouvernement.

Breizh Info : Que pensez-vous des personnalités de droite dans le nouveau gouvernement ?

Gilles Bourdouleix : Il y en a deux à droite seulement.

Breizh Info : Et Sylvie Goulard ? Bayrou ?

Gilles Bourdouleix : Ce n’est pas la droite, c’est le Modem, bref le « parti des putes », qui a appelé à voter Hollande en 2012. La droite a été assez bête pour remettre Bayrou dans la course aux municipales, alors qu’il était cramé, en lui filant la mairie de Pau à laquelle il devait d’ailleurs se consacrer sans en sortir. Ce gouvernement, c’est du comique. Beaucoup de gauche avec quelques Modem, ça fait de la gauche.

Breizh Info : Pensez-vous que la présence de personnes de droite dans le gouvernement peut avoir un effet sur les législatives ?

Gilles Bourdouleix : Non. On est très loin de l’hémorragie annoncée. Il y a Édouard Philippe – lui, c’est d’une tristesse, Darmanin, un petit ambitieux qui a été chez Bertrand, chez Sarkozy, chez tout le monde, quant à Bruno Le Maire, je vais vous raconter sur lui une petite histoire qui en dit long. Un jour il vient dans ma ville à l’invitation d’un adjoint, il ne me prévient pas – ce qui est la courtoisie la plus élémentaire – donc je ne vais pas à sa réunion. La semaine d’après, il m’envoie une lettre pour me remercier pour les échanges fructueux qu’on a eu à la réunion, je l’ai gardée et encadrée. C’est tout ce qu’il faut savoir sur lui.

Breizh Info : Cela ne pose-t-il pas tout de même un problème politique ?

Gilles Bourdouleix : Il y a un vrai problème en effet. Quels candidats vont-ils soutenir quand ils iront sur le terrain ? Ils vont y aller pour soutenir les candidats de En Marche, donc il faudrait déjà les exclure.

Breizh Info : Que pensez-vous de Marine le Pen et de sa campagne ?

Gilles Bourdouleix : Elle a fait une bonne campagne, mais a été très mauvaise à la TV lors du débat.

Breizh Info : Et de Macron ?

Gilles Bourdouleix : Il est malin mais c’est un imposteur. C’est l’enfant terrible de la finance et de l’énarchie, ce couple consanguin qui a enfin trouvé son candidat. Et puis il y a plus inquiétant : tout ce qui se passe aujourd’hui ressemble à la démarche d’un régime fascisant, avec un individu qui s’imagine en sauveur du monde et crée son parti autour de lui, quasiment une secte. En Marche, ce sont aussi les initiales d’Emmanuel Macron. Il est dans un jeu dangereux où les convictions n’importent pas, où il veut tout contrôler pour avoir tout le monde à sa botte. Il veut gouverner par ordonnances, ce qui met complètement de côté le débat parlementaire. Les Français vont avoir un réveil douloureux. Je ne sais pas s’ils se rendront compte à quel point ils se sont fait bananer.

Breizh Info : Est-ce que des sujets importants vous paraissent avoir été oubliés pendant la campagne ?

Gilles Bourdouleix : Oui, bien sûr. L’immigration, la place de l’islam dans la République par exemple.

Breizh Info : Que pensez-vous de la chasse à l’homme médiatique qu’a subi le candidat UMP/LR, Fillon ?

Gilles Bourdouleix : C’est une opération méticuleusement préparée. Qui pouvait fouiller dans ses revenus sur des décennies ? Bercy, donc l’entourage de Macron. Le Canard n’a plus eu qu’à publier le dossier – ces gens là ne font pas d’investigation, ils publient les infos que d’autres leurs apportent.

Breizh Info : Néanmoins, vous trouviez en mars dernier que la droite aura une lourde responsabilité si Macron passe, surtout ceux qui soutiennent Fillon jusqu’au bout ?

Gilles Bourdouleix : Il y a l’affaire des costumes qui est très choquante. Et le fait qu’il a dit qu’il se retirerait s’il était mis en examen et qu’il ne l’a pas fait. Il aurait clairement du se retirer et surtout attendre avant de prendre position [il a appelé à voter Macron dès le soir de sa défaite, NDLR]. Je reproche aux élus LR de ne pas avoir eu le courage de lui dire « dégage ». Et malgré tout ça, les affaires etc. il a fait 20% ce qui montre que la droite et le centre étaient les grands favoris de cette élection.

Breizh Info : Au soir de la victoire de Macron, ses soutiens réunis à Nantes se rendaient compte que s’il échoue à relancer la France, ce sera Le Pen en 2022. Qu’en pensez-vous ?

Gilles Bourdouleix : Pour moi les extrêmes de droite et de gauche sont à mettre dans le même sac. Mais on a au premier tour plus de la moitié des français qui ont voté pour ces extrêmes. Je ne sais pas où on va mais il y a une déception énorme qui s’accumule.

Breizh Info : Toujours à Nantes, on constatait de visu que parmi ses soutiens, il y a des palanquées de bobos, des fonctionnaires par palettes, des quintaux de nantis, mais pas de paysans, d’ouvriers ou d’artisans. A se demander où est le peuple.

Gilles Bourdouleix : C’est le candidat des bobos, du cadre moyen, de la frange socialo-hollandiste et de la frange favorisée des électeurs de Fillon. Au premier tour, 52% des électeurs de Macron ont voté par adhésion, contre 75% pour Fillon. C’est que dalle, ça fait 12% des Français qui ont voté Macron pour ce qu’il est. C’est une manip qui a été entretenue par un bon service après-vente dans les médias.

Breizh Info : Et le tout, sans programme ?

Gilles Bourdouleix : Il n’y a rien dans son projet. Les quelques mesures qui ont été annoncées sont totalement irréalistes et intenables. Par exemple le service national d’un mois : il n’y a plus de casernes ni de militaires en nombre suffisant pour encadrer les jeunes ; et du reste, un mois, ça ne sert à rien, ce n’est pas assez long. La suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages : c’est catastrophique pour les communes, ensuite il y a déjà 40% des foyers exonérés [voire plus : près de 50% à Saint-Brieuc, 54% à Châteaubriant etc., NDLR] et ce n’est pas civique d’en augmenter le nombre : ce sont ceux qui bénéficient le plus des services publics et qui ne paient déjà pas d’impôt sur le revenu. Puis c’est un coup supplémentaire contre les communes alors que l’Etat ne cesse de nous enlever des dotations ; les communes devront donc chercher des recettes ailleurs et les charges qui pèsent sur les citoyens qui peuvent payer augmenteront.

Breizh Info : Pendant la campagne, contrairement à Fillon et Le Pen, Macron a bénéficié d’une incroyable mansuétude des médias, qui ont refusé de se poser des questions même là où on pouvait légitimement en avoir. Par exemple sur sa déclaration de patrimoine…

Gilles Bourdouleix : Son premier-ministre a carrément refusé de renseigner la déclaration [quant à la valeur de ses biens immobiliers ; Canard Enchaîné 17/5/2017, NDLR]. Après un blâme et une admonestation, il a fini par mettre une somme fantaisiste… et il prône l’exemplarité ! Quant à Macron, ça dépasse l’entendement. Il a un emprunt sur la maison du Touquet, qui appartient à sa femme – bien qu’ils soient mariés sous le régime de la communauté des biens, c’est le seul bien de sa femme qui apparaît sur sa déclaration d’ailleurs. En 2016, il n’y a presque plus d’argent et il explique au JDD, qui a fait toute sa campagne…

Breizh Info : …Jusqu’au dimanche du vote, où la Une du JDD donnait clairement à comprendre que Macron avait déjà gagné…

Gilles Bourdouleix : Oui, et personne n’a réagi. Face au FN, les médias se donnent tous les droits, ils peuvent bafouer la loi et l’embargo électoral. Il explique donc qu’il a dépensé 900.000 € pour les travaux de la maison que le fisc évalue à 1.4 millions d’euros. C’est à dire qu’avant travaux, elle ne valait que 500.000 €. C’est un non-sens total que personne ne soulève.

Breizh Info : Il y a-t-il d’autres questions importantes qui ont été zappées ?

Gilles Bourdouleix : Oui, comment a-t-il payé sa campagne depuis tous ces mois ? Les meetings, les déplacements, ça coûte de l’argent. Certes, En Marche, au début, ce n’était pas un parti et il a pu recevoir des dons plus importants que ce que la loi autorise aux partis politiques, mais tout de même…

Breizh Info : Le FN a annoncé une mutation politique et le début d’une politique d’alliances. Vous semble-t-il possible de vous allier avec le FN ?

Gilles Bourdouleix : Jamais, même si en face, c’est Macron. Je combattrai les deux. On doit défendre les valeurs de la droite, le problème, c’est qu’on s’est enfermé dans le centrisme mou et qu’on a déçu nos électeurs. Y a pas de honte à être de droite, à dire que les Français ont ras le bol de payer pour tout un tas de gens qui viennent ici pour en profiter, que l’islam doit se mettre en conformité avec les lois de la République et renoncer officiellement à l’application de la charia.

Propos recueillis par Louis-Benoît Greffe

Crédit photos : DR
[cc] Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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3 réponses à “Gilles Bourdouleix sur François Bayrou et le Modem : « C’est le parti des putes qui a appelé à voter Hollande en 2012 »”

  1. Pschitt dit :

    “Marianne” s’offusque que M. Bourdouleix puisse qualifier le MoDem de “parti des putes”. Marianne, Marianne ? N’est-ce pas cette publication dans laquelle un polémiste avait traité Marine Le Pen de “salope fascisante” ? Ces gens-là ont l’indignation bien sélective !

  2. guylaine dit :

    Il n’y a pas de manière plus directe pour qualifier Bayrou !

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