12/12/2017 – 07H00 Nantes (Breizh-info.com) – Dix-huit mois de travail, soixante-six pages : les chiffres le disent, la chambre régionale des comptes des Pays de la Loire a trouvé du grain à moudre en visitant Le Voyage à Nantes. Elle vient de publier ce lundi son rapport d’observations définitives (ROD) sur cette société publique locale (SPL) créée en 2011 pour centraliser la politique du tourisme à Nantes et dirigée par le célèbre Jean Blaise. Sur le ton toujours feutré qui caractérise la Cour des comptes et ses chambres régionales, il recense une quantité énorme d’anomalies.
Le contrôle portant sur les années 2011-2015, la Chambre s’est spécialement intéressée à la construction du Carrousel des mondes marins, l’une des trois attractions majeures de l’île de Nantes aux côtés du Grand Éléphant et de la Galerie des Machines. Il a été inauguré en juillet 2012. Cette opération a fait l’objet de dix-huit marchés, pour un montant de 8 millions d’euros. À l’analyse « ils ont révélé une gestion administrative et financière qui présente de nombreuses insuffisances. » Au fil de plusieurs tableaux annexes, la Chambre relève ainsi
- des décomptes généraux irréguliers pour les neuf marchés de travaux,
- une absence de décompte général pour les huit marchés de services,
- des délais d’exécution non respectés pour cinq lots, sans que la SPL applique les 131.450 euros de pénalités prévus
- une « imprécision des prestations… contrairement aux dispositions de l’article 10 de l’ordonnance n° 2005-649 » pour le marché d’études et de fabrication des Mondes marins confiée à l’association La Machine
- l’absence de nombreux documents concernant différents lots (procès-verbal de réception, révisions de prix, ordres de service, justificatif de prestations payées…)
« L’absence de ces documents fait apparaître de nombreuses défaillances dans le suivi administratif et financier des marchés », souligne la Chambre. Il s’y ajoute des irrégularités dans les paiements, en particulier des révisions de prix calculées d’après d’un indice qui n’était pas celui prévu par le marché, et diverses facturations redondantes de l’association La Machine pour un montant proche de 70.000 euros.
« Le budget alloué (a) été globalement respecté », note cependant la Chambre. Mais c’est parce que son contrôle n’est pas remonté au-delà de l’année 2011. Au lancement de l’opération, en octobre 2007, le conseil de Nantes Métropole avait fixé un budget de 6,4 millions d’euros, ultérieurement relevé à 10 millions d’euros. Le dépassement est donc supérieur à 50 %.
À propos de la compétence « tourisme » du Voyage à Nantes, la chambre régionale des comptes n’a pas poussé aussi loin ses investigations. Elle accepte globalement les statistiques d’augmentation de la fréquentation touristique présentées par la SPL. Mais elle laisse planer le doute en notant dans un tableau ( annexe n° 22) que les sources d’analyse utilisées ne sont pas d’une grande fiabilité : les unes sont des estimations, les autres ne fournissent que des indications partielles.
Le conseil de Nantes Métropole a pris acte du ROD dans sa séance du 8 décembre, conformément à la loi. Aucune sanction n’a été prise publiquement à ce jour. Les principaux acteurs de la construction du Carrousel planchent aujourd’hui sur un projet 3,5 fois plus coûteux : l’Arbre aux Hérons, qui devrait être érigé au pied de la butte Sainte-Anne à Nantes.
Illustration : DR
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2 réponses à “« Nombreuses défaillances » dans la gestion du Voyage à Nantes selon la chambre régionale des comptes”
A la lecture de cet article, le champ d’investigation de la Chambre des Comptes semble assez étroit. Il eut été intéressant de savoir si elle a investigué plus largement sur les conditions d’attibut des différents marchés publics, ou sur le fonctionnement de La Cantine sur l’ile de Nantes. Mais les « copinages » mis en œuvre sont de notoriété publique.
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