Quand on cumule les mandats, on fait évidemment les choses à moitié. Aujourd’hui, Alain Cadec (LR), réduit à l’état de conseiller départemental de Plérin et de président du conseil départemental des Côtes-d’Armor, aura le temps de s’occuper de ses électeurs.
Député européen, c’est un bon job. On peut vivre confortablement : un salaire mensuel de 6 825 euros net ; 4 513 euros mensuels pour couvrir « les frais généraux » en plus des voyages pris en charge ; 24 943 euros par mois pour employer des assistants parlementaires ; un complément de 320 euros par jour de présence (Le Monde, vendredi 17 mai 2019).
Dans ces conditions, on fait la gueule lorsqu’on perd ce beau fromage. C’est le cas d’Alain Cadec (LR), président du conseil départemental des Côtes-d’Armor, et député européen sortant. Lorsque la liste de Bellamy a été montée, les sondages la créditaient alors de 14 % des intentions de vote (enquête Harris Interactive Le Figaro, 11 mars 2019). Placé en 13ème position, Cadec était certain de repartir à Bruxelles.
Éliminé, Cadec pleurniche…
Mais la liste des Républicains, en obtenant seulement 8,48 % des voix et 8 sièges, prive Cadec de son beau train électrique ; il est condamné à rester à Saint-Brieuc. Alors notre homme pleurniche : « D’emblée, cette place rendait mon élection quasi impossible. C’était de la tambouille politique. J’ai payé cash ma fidélité à François Fillon. » (Ouest-France, mercredi 29 mai 2019). Ce qui est inexact, en réalisant un score correct, autour de 14-15 %, Bellamy aurait permis à Cadec de conserver son mandat européen.
Agnès Le Brun doit s’amuser…
L’échec d’Alain Cadec doit amuser Agnès Le Brun (LR), maire de Morlaix et conseillère régionale. En effet les deux « amis » s’étaient bagarrés pour obtenir une place éligible sur la liste de droite. Leur opposition est bien connue au sein de la droite bretonne. Lui a été filloniste, elle a été et reste sarkozyste. Finalement, Cadec l’avait emporté.
Critiquer le « virage ultra-conservateur » de Bellamy, comme le fait Cadec, c’est facile mais ça ne résout pas le problème. Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’IFOP, lui répond : « Tous ceux qui crient à l’erreur de casting n’auraient pas fait beaucoup mieux. Le problème est structurel. L’avènement du macronisme bouleverse tout. » (Le Point, 30 mai 2019).
N’ayant plus à présider la commission de la pêche au Parlement européen, Cadec va s’ennuyer. On lui conseille de s’occuper sérieusement de son canton de Plérin ; il y a été élu au second tour ric-rac : 50,25 % (29 mars 2015). Puisqu’il voulait, après sa défaite, se « consacrer à 200 % » au département, il pourrait pratiquer un heureux partage : 100 % pour le canton de Plérin et 100 % pour le conseil départemental.
Bernard Morvan
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