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Kalifat. La série suédoise du moment qui traite de l’islamisme et de la radicalisation

Si Netflix s’avère au quotidien comme étant une plateforme distillant à haute dose de la propagande sociétale parfois presque dérangeante tellement elle est importante (regardez dans le catalogue le nombre de reportages et de films sur les pauvres noirs victimes du racisme des méchants blancs…), on y trouve également quelques films ou séries qui vaillent que l’on s’y attarde. Kalifat, série suédoise, est de ceux-là.

Voici une série en une saison (pour le moment) de huit épisodes, basée sur une idée de Wilhelm Behrman et de Niklas Rockström, qui suit le destin de trois femmes. Une officier de police suédoise d’origine bosniaque, une femme turque possédant des papiers suédois partie avec son mari à Raqqa, en Syrie islamique, et une jeune adolescente, Sulle, elle aussi fille d’immigrés habitant en Suède, qui va être confrontée avec sa sœur à l’embrigadement islamiste. Le destin de ses trois femmes va se croiser alors que l’une d’entre elles cherche à revenir en Suède ayant vu la réalité de la folie islamiste en Syrie, tandis que l’autre cherche à y partir aveuglée et manipulée par des islamistes sans scrupule, et que la troisième cherche à déjouer un attentat qui menace la Suède en son sein…

Il s’agit d’une excellente série, comme la Suède sait en produire depuis des années, dans la lignée d’une autre, britannique celle-ci, The State, que nous avions chroniquée ici.

Kalifat montre tout d’abord une société suédoise, et notamment des grandes villes, fortement touchée par l’immigration, et notamment par l’immigration musulmane. Comme la France, la Belgique, l’Allemagne, les Pays-Bas… la Suède a ouvert ses frontières à tous les vents depuis des années et des années, provoquant un changement progressif de sa population dans les grandes villes.

Ainsi, après la guerre des Balkans, de nombreux réfugiés bosniaques musulmans y ont-ils été accueillis, puis dans la foulée, des milliers d’immigrés, africains, arabes, moyen-orientaux, qui ont investi un pays qui pourtant n’a pas le passé colonial que peuvent avoir la France ou la Grande-Bretagne.

Le résultat aujourd’hui est explosif : jamais la Suède n’avait été autant en proie à des violences (et à des viols) dans ses grandes métropoles. Et concernant l’islamisme, sujet principal de notre série, il a grimpé en flèche au pays des Vikings, avec pour conséquence un engagement de nombreux jeunes notamment qui sont partis vers l’Irak et la Syrie pour mener la guerre sainte, tandis que certains immigrés ont mis en place des réseaux islamistes organisés sur le sol suédois, recrutant à la fois des jeunes femmes destinées à être mariées à des combattants islamistes, mais aussi de jeunes hommes (dont des repris de justice ou fragiles psychologiquement comme on le voit dans la série), candidats au martyre ou aux combats, y compris pour frapper l’Europe et les « koufars ».

Ce qui est épatant avec Kalifat, outre la bonne prestation des actrices principales de la série, c’est le côté non manichéiste des réalisateurs. On n’est pas dans les séries américaines, avec le bien d’un côté, le mal de l’autre. Chaque camp, chaque individualité, est étudiée, et possède « sa » vérité.

La série montre par ailleurs parfaitement (et on voit que les auteurs se sont inspirés de rapports sur ce qu’il s’est passé à Raqqa notamment) la désillusion d’une partie de ceux qui, Coran à la main, sont partis rejoindre les rangs de l’État islamique. Ils pensaient y trouver des hôtels halal 4 étoiles et une vie faite de luxe, de religion et de thé à la menthe, et ils se sont retrouvés embrigadés par des fous furieux décapitant à tout va, contrôlant chaque geste de la vie quotidienne, et appliquant le Coran dans le texte, plongeant la belle Syrie dans un régime sanguinaire et hors du temps.

La série montre également parfaitement le décalage qui peut exister entre des générations d’immigrés qui ont trouvé refuge en Europe pour y travailler et changer de vie, fuyant justement l’islamisme et le rigorisme de leurs pays d’origine, avec leurs enfants, en quête d’identité dans une société qui n’est pas la leur et qui cèdent assez facilement aux sirènes d’une religion low cost, clé en main, qui propose de contrôler le moindre geste de votre vie tout en promettant un au-delà radieux… Comment la société suédoise (comme la société française d’ailleurs) a-t-elle pu accepter d’enfanter cela sur son propre sol ? La réponse est sans doute à chercher du côté de l’errance des politiques éducatives en Europe de l’Ouest, qui ont appris aux Européens à avoir honte de leur histoire, de leur passé, et qui se sont prosternés devant « l’autre » au nom d’une religion nommée « ouverture sur le monde ».

En conclusion, Kalifat est une série choc, qui oblige à réfléchir sur l’évolution de nos sociétés occidentales, sur notre relation à l’islamisme et à la radicalisation qui en découle. Une série cinématographiquement réussie, pour ouvrir les yeux sur la réalité de ce qui menace toutes nos sociétés occidentales, y compris si en Irak et en Syrie, aujourd’hui, l’État islamique a une base arrière fortement amoindrie, pour ne pas dire plus…

Une série qui, enfin, nous amène une fois de plus à nous interroger sur la fameuse « exception culturelle » chère à la France et à son cinéma. Pendant que l’on verse des millions d’euros en France pour subventionner des films majoritairement nuls (et des séries qui, sauf exceptions de type Bureau des Légendes ou Engrenages, auraient parfois leurs places avec les navets dans le potager), le reste de l’Europe, Scandinavie, Italie, Espagne, Grande-Bretagne notamment, produit un cinéma qui fait honneur à l’Europe…

Une question de volonté politique sans doute…

Crédit photo :DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V

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