Du côté de Pont-l’Abbé, les masques lavables fabriqués par les ateliers Le Minor vont-ils devenir l’accessoire de mode ultime de la fin du printemps 2020 ? L’occasion nous est ainsi donnée de revenir sur l’histoire de la marque. Et sur les vêtements Le Minor, n’ayant désormais plus rien à voir ni avec l’enseigne fondatrice, ni avec son esprit…
Maison Le Minor : la mode du masque en Pays bigouden
Tandis que la crise du coronavirus a paralysé l’économie française depuis bientôt deux mois, certaines entreprises bretonnes ne manquent pas d’idées pour s’adapter à la situation. C’est le cas de la Maison Le Minor, enseigne incontournable de Pont-l’Abbé et l’un des symboles phares du style bigouden.
Après plusieurs semaines d’arrêt pour cause de confinement, l’activité a repris dans les ateliers et les sept salariés se consacrent désormais à la confection de masques lavables afin d’affronter le Covid-19 une fois les restrictions levées. Si l’on connaissait Le Minor pour son traditionnel linge de maison, ses articles de décoration et ses tapisseries d’art, voici donc un nouveau produit pour le moins inattendu qui vient compléter la gamme de l’enseigne bretonne.
Les masques en question (lavables à 60° et vendus au pris de 8 € l’unité), confectionnés à la main à Pont-l’Abbé, sont notamment disponibles via la boutique en ligne de la société avec différents coloris proposés. Plusieurs centaines ont d’ores et déjà été fabriqués. 100 % coton, ils répondent à la norme Afnor Spec S76-001.
Creston, Toulhoat et les autres…
Cette mise en lumière de la Maison Le Minor est aussi l’occasion de se pencher sur son passé, glorieux. L’enseigne, qui vit le jour en 1936 par l’intermédiaire de Marie-Anne Le Minor (1901-1984), fut d’abord spécialisée dans l’habillage de poupées, les costumes traditionnels bretons et le linge de table et de maison, sa fondatrice craignant à l’époque de voir le costume bigouden disparaître. Une prophétie qui, malheureusement, se réalisera…
Si les brodeurs du pays Bigouden vont alors contribuer aux productions de Le Minor, d’autres grands noms de la peinture et de la faïence bretonne apporteront leur savoir-faire pour certaines pièces. Parmi eux, Mathurin Méheut, Pierre Toulhoat ou encore le génial René-Yves Creston, cofondateur des Seiz Breur. Ce dernier redessinera d’ailleurs le Kabig créé en 1950 par Le Minor afin de lui redonner une nouvelle jeunesse.
D’autre part, Le Minor confectionnera également des bannières religieuses à partir de 1953, la première étant une commande de la paroisse de Locronan, dédiée à Saint Corentin et conçu par Pierre Toulhoat :
Source : leminor.com
Source : leminor.com
Enfin, détail important, l’activité « vêtements » de Le Minor sera cédée à la société MBL (Manufacture Bonneterie Lorientaise) de Guidel en 1982. Depuis lors, la Maison Le Minor de Pont-l’Abbé et la marque de vêtements Le Minor n’auront plus aucun lien entre elles.
Vêtements Le Minor : une Tour Eiffel pour illustrer la Bretagne…
En 1987, MBL est reprise par la famille Grammatico et les vêtements commercialisés le sont alors sous le nom « Le Minor ». À partir de 2018, nouveau changement de cap avec le rachat de la société par Sylvain Flet et Jérôme Permingeat.
Sylvain Flet et Jérôme Permingeat. Source : lepoint.fr
Les deux ex-étudiants versaillais travaillant auparavant dans le secteur de la finance vont alors choisir de « dépoussiérer » l’image de la marque bigoudène : réouverture d’une boutique à Paris avec pour objectif d’inscrire Le Minor en France dans le paysage du prêt-à-porter haut de gamme, développement sur le marché asiatique et particulièrement japonais, refonte du site internet… Sur lequel le « Made in France » répété à l’infini (le créneau est porteur ces temps-ci) est illustré par une tour Eiffel sur la page d’accueil. Nous voilà désormais loin des Seiz Breur ! La Bretagne a bon dos…
AK
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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