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Réchauffement climatique, nucléaire, voiture à hydrogène : le point avec Philippe Murer

La transition écologique : tout le monde en parle, mais très peu en parlent calmement et sans discours culpabilisateur.

Philippe Murer, économiste, est de ceux là. Nous vous proposons aujourd’hui une heure passionnante à discuter avec lui des grandes transformations auxquelles notre monde devra faire face s’il veut se survivre à lui-même. Et la clé pourrait bien être… l’écologie souveraine.

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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2 réponses à “Réchauffement climatique, nucléaire, voiture à hydrogène : le point avec Philippe Murer”

  1. FGLR dit :

    Très intéressant, je vais commenter en deux messages, le 1er au sujet du nucléaire, et le 2ème reprend dans l’ordre certains points abordés (hors-nucléaire) dans l’interview, à la fin des deux messages je tente de formuler une proposition à la fois écolo et pragmatique.
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    L’électricité d’origine nucléaire :
    J’ai beaucoup ri en entendant les affirmations de Philippe Murer sur ce sujet, merci.
    Mais je me dois de réagir et d’essayer d’expliquer simplement.
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    (version courte) En 30 ans le parc nucléaire français produit 15 milliards de tonnes de déchets radioactifs équivalent radioactivité uranium. On ne peut donc pas considérer le nucléaire comme une solution propre et durable.
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    (version longue) L’aspect du nucléaire le plus important à comprendre concerne les déchets et leurs caractéristiques.
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    En fait c’est très simple : un réacteur nucléaire transforme de l’uranium (élément chimique U235 ou U238) en d’autres éléments, cette transformation produit de la chaleur.
    Voici les valeurs de radioactivité par masse : activité massique (en mégaBecquerel/g) et durée de demi-vie, des principaux éléments rencontrés dans une barre de combustible :
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    Uranium238 : 0.012 , 4.5 milliards d’années
    Uranium235 : 0.08 , 700 millions d’années
    Césium137 : 3220000 , 30ans
    Iode131 : 4600000000 , 8jours
    Plutonium238 : 2300 , 24000ans
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    Comme on peut le voir les éléments artificiels sont énormément plus radioactifs que l’uranium, le Cesium137 est un bon exemple et il est approximativement 100 millions de fois plus radioactif.
    L’argument principal de l’industrie nucléaire est de dire que la masse consommée/produite est faible, c’est assez vrai : environ 100kg par réacteur par an.
    Ils omettent de mentionner que les déchets sont 100 millions de fois plus radioactifs que l’uranium (comparaison intrants- extrants), au point qu’il faille les diluer très fortement (béton, etc).
    On peut considérer qu’un réacteur produit chaque année des millions de tonnes de déchets radioactifs équivalent radioactivité uranium, déchets qu’il faut surveiller et refroidir pendant 300 ans à 240000 ans.
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    Cette radioactivité extrêmement élevée est une partie de la source de chaleur produite par un réacteur en activité, et nécessite un refroidissement constant, sinon en l’absence de refroidissement un cœur peut en seulement 30 minutes dépasser les 1000°C et mener à sa fusion/fonte (tmi, chernobyl, fukushima, etc).
    Les générateurs diesel de secours sont là pour pallier à cela, mais en pratique au Japon ils étaient en mauvais état et placés en sous-sol inondable, en France l’ASN a rapporté que plus de la moitié des générateurs diesel du parc étaient HS.
    Plus les années passent et moins le combustible usé/déchets nécessite un refroidissement intense, mais même en stockage profond longue durée il faut le refroidir un minimum.
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    Les accidents graves arrivent dans toute industrie, y compris le spatial qui est pourtant au top niveau qualité hitech, donc quand on considère qu’un seul réacteur est capable de rendre une région française impropre à la vie humaine pour au moins 300 ans (radioactivité ambiante 3 fois, 10 fois, 100 fois plus élevée, contamination alimentaire et respiratoire, etc), et qu’en plus nous avons 58 réacteurs en fonctionnement depuis plus de 30 ans, on se rend compte que la France a produit assez de déchets (lahague) pour générer une catastrophe jusqu’à 500 fois plus grave que chernobyl ou fukushima.
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    La source de refroidissement des réacteurs est en général un cours d’eau (fleuve). Lors des périodes chaudes en été, les réacteurs doivent être arrêtés, ce qui arrive et arrivera de plus en plus souvent; c’est un comble pour une technologie censée permettre de lutter contre le (supposé) réchauffement climatique parti pour être au mini de +2°c quoiqu’on fasse.
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    De leur coté solaire (jour et été) et éolien (automne, hivers, printemps) se complètent bien pour lisser partiellement leurs courbes de production, et les solutions de stockage adaptées permettent de lisser encore plus.
    Le solaire a du (un peu de) retard en France, à cause de cela on se retrouve à devoir allumer de vieilles centrales thermiques quand des réacteurs sont à l’arrêt à cause de la chaleur ou de maintenance, alors qu’il fait un soleil magnifique.
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    La filière Thorium : cette filière ne dispose d’aucun réacteur commercial, il y a eu quelques prototypes et millions de dollars engloutis dans les années 60, mais les solutions n’étaient pas viables. Par exemple les réacteurs à sels thorium liquéfiés (600°C) posent de gros problèmes d’ingénierie sur les pièces mécaniques ou de filtrage.
    Il s’agit d’une filière fission qui produit autant de déchets radioactifs que la filière uranium.
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    En conclusion le nucléaire fission n’est pas une énergie propre et compatible avec un développement durable respectant autant que possible l’ordre naturel issu de 500 millions d’années d’évolutions naturelles.
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    D’un point de vue pragmatique, vu les réactions sur ce sujet et parce qu’il faut aller de l’avant et ne pas toujours camper sur ces positions, je suis pour une baisse en douceur et constante du volume d’électricité nucléaire (ce qui implique de construire de nouveaux réacteurs pour remplacer la plupart des anciens quand ils seront arrêtés), associé à la montée en puissance des ENR, de façon à obtenir une augmentation progressive du volume d’électricité totale, avec comme objectif 1/3 enr, 1/3 nucléaire, 1/3 gaz-pétrole à court-moyen terme (10-20ans).
    Ceci permet de passer, dans un délai raisonnable pour les usagers et pro, le secteur du transport vers le tout électrique (ville et transport routier), l’hybride (ville et autres) et diesel ou gaz ou essence haut rendement (hors-ville). L’hydrogène (ville et autres) est inclus dans l’offre électrique.
    Le stockage hydrogène est en effet une solution à haut rendement, on dispose même depuis une dizaine d’années d’un démonstrateur industriel français, prévu à l’origine pour stocker les excédents d’électricité nucléaire (electroHgena).
    La politique de Macron oriente vers une stabilisation du volume d’électricité nucléaire produite en France, au grand dam des écolo qui souhaitent une sortie assez rapide.
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    Le nucléaire fusion est une solution beaucoup moins radioactive que le nucléaire fission, et en étant un peu optimiste dans 50 ans cela permettra une nouvelle ère de production d’énergie (ITER et autres).
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    Infos bonus :
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    Le combustible nucléaire en France est 100% importé (Niger, Kazakhstan, Canada, Australie), donc 0% indépendance énergétique.
    54 des 58 réacteurs sont des réacteurs sous licence Westinghouse GE (donc US), donc les discours d’indépendance et d’excellence technologique paraissent un peu décalés avec la réalité, même si j’espère bien que nos techniciens et ingénieurs maîtrisent leurs installations.
    La part moyenne du nucléaire dans les pays l’OCDE est de 24%. Avec plus de 70% la France apparait surnucléarisée, notre dépendance élevée à cette énergie est plutôt une faiblesse, et même si on divisait par deux le nombre de réacteurs en France, on serait toujours 50% au dessus des autres pays développés. Lorsque certains crient que l’on va revenir à la bougie si on ferme quelques réacteurs cela dépasse le ridicule.
    Le coût du nouveau nucléaire est beaucoup plus élevé car il faut financer le stockage de déchets (Andra/Bure/etc) qui s’accumulent, le démantèlement des réacteurs trop âgés, et les normes de sécurité qui ne sont plus celles des années 70-80. (comme pour les voitures)
    L’OMS(WHO) a signé dans les années 50 avec l’AIEA (agence internationale-maçonnique de l’énergie atomique) un accord qui implique que seule l’industrie nucléaire a le droit de produire des études sur les conséquences sanitaires de l’industrie nucléaire… Ce sont ces mêmes études qui amènent à autoriser des rejets permanents de radioéléments pour les installations et à évaluer le coup sanitaire (cancers, leucémies, etc) comme un effet secondaire inférieur aux bénéfices.
    Le recours important à la sous-traitance est en effet pas mal lié à la privatisation d’EDF, et pose des problème de sureté et de de quasi-absence de suivi du personnel sous-traitant qui intervient dans les zones à irradiation moyenne-élevée.
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    Cadeau pour la fin : la CGT se finance à 95% par sa branche énergie : EDF nucléaire soviet.

  2. FGLR dit :

    (2ème partie)
    Sur les autres sujets en dehors de celui abordé dans mon commentaire précédent, je suis plutôt d’accord, certains thèmes sont très bien présentés.
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    L’agriculture :
    Un des rares domaines où l’EU a assez bien géré et résisté par rapport au reste du monde concerne les OGM et la défense des espèces naturelles consommées en Europe. C’est loin d’être parfait et l’agriculture intensive reste le dogme dominant.
    Un pays comme le Japon a depuis longtemps décidé de classer le riz national comme espèce/variétés protégées, et dispose d’un secteur agriculture biologique bien développé.
    Sur le papier je suis pour le 100% Bio, mais en pratique, après avoir testé pas mal de produits, mon avis est plus nuancé.
    Je trouve des produits frais de meilleure qualité gustative chez les primeurs (marchés ou permanents) par rapport à la supérette bio qui m’a assez souvent déçu question goût.
    Le problème vient d’une certaine agriculture à la fois bio et intensive qui reste trop proche de la filière agriculture intensive, industrie de transformation, hypermarchés.
    Au final je serais pour 50% Bio et 50% une agriculture qui respecte le sol (bactéries, champignons mycorhizes, lombrics, insectes, etc), évite les *cides autant que possible, et privilégie les qualités gustatives et nutritives, sans nécessairement être labellisée Bio tout en s’en approchant beaucoup.
    La nourriture est la 1ère médecine et au bonheur des français de pouvoir cuisiner (ou réapprendre à cuisiner) avec de bons ingrédients, ou de trouver des restaurants qui s’approvisionnent chez les bons.
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    Climat, énergie, transports :
    Que le CO2 soit une cause ou une conséquence du (supposé) réchauffement climatique, il est souhaitable de réduire notre dépendance au pétrole majoritairement musulman, limité en volume, et courant le risque de voir son prix s’envoler avec l’augmentation de la demande des pays émergents.
    Mais je signale deux choses quand même : le CO2 est bon pour les plantes jusqu’à 1200ppm (on est entre 300 et 400), les techniques d’injection de CO2 sous serres sont connues et utilisées. L’européen consomme en moyenne 3 fois moins de CO2 qu’un américain, et dans l’ensemble moins que beaucoup de pays, y compris la Chine qui a beaucoup de mal à concilier croissance à deux chiffres et stabilisation du CO2/hab.
    Donc l’hystérie anti CO2 en Europe semble un peu excessive.
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    Ceci étant dit, pour la production d’énergie, une bonne proposition (cf message précédent) serait une quasi stabilisation/légère baisse constante de la production d’électricité d’origine nucléaire, associé à la montée en puissance des ENR, de façon à obtenir une légère augmentation de la production annuelle d’électricité. Ceci permet d’accompagner la transition dans les transports gros consommateurs de CO2. Les autres industries énergivores sont bien entendues amenées à trouver des solutions pour améliorer leur efficacité (solutions technologiques, économies, recyclages énergétiques, etc)
    Concrètement c’est une mini révolution technologique et par exemple je trouve assez admirable les solutions proposées par certains constructeurs japonnais (Toyota, Mazda, Honda) ou américains (Tesla), Toyota en particulier se paye le luxe d’être en avance (surtout sur l’hybride) et d’avoir une fiabilité élevée, appréciable à notre époque de voitures presque jetables comme le reste. (la transition a bon dos pour certains)
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    Les écolos politique ou en mode décroissance ont la voiture dans le viseur, j’y opposerais le droit à la mobilité individuelle ou collective, avec ses conséquences pour les libertés individuelles et la vie économique.
    En tant que physicien de formation, j’avoue avoir les SUV dans le viseur, cette mode en Europe est tellement con. Je verrais bien une grosse taxe sur ces véhicules pour financer les aides à l’achat de véhicules électriques et hybrides non-SUV.

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