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Le 22 décembre 1720, Rennes en flammes

Le 22 décembre 1720, l’une des dates les plus tragiques de l’histoire de la ville, un incendie monstre se déclencha dans Rennes. Voici le récit de la catastrophe d’il y a trois siècles, adapté du témoignage d’un contemporain, M. de Jacquelot(1).

Le feu prit chez un menuisier de la rue Tristin, sur les onze heures du soir(2). La femme du menuisier vendait de la chandelle. C’est pourquoi elle avait amassé dans sa maison une grande quantité de suif, hautement inflammable. « Il embrasa si fort toute la maison que cette pauvre misérable, ayant voulu sauver son argent, fut consumée par les flammes ».

Hélas, les maisons du quartier étaient construites en bois et toutes mitoyennes. La moitié de cette rue étroite brûla dès la première nuit. Les habitants cherchèrent à sauver les meubles en les sortant dans la rue. L’amoncellement empêcha de lutter efficacement contre le feu. Au matin, la confusion et le désordre régnaient, personne ne savait comment attaquer le brasier.

Des pillards à l’œuvre

Vite, les soldats du régiment d’Auvergne, stationné à Rennes, furent envoyés lutter contre les flammes. Mais, dans la confusion, sans ordre et sans encadrement, ils se livrèrent plutôt au pillage. Il fallut les désarmer et les écarter en lisière de la ville, sous la surveillance de Rennais. Un seul soldat fut puni par ses supérieurs : il avait laissé tomber la patène d’un calice dérobé au couvent des Cordeliers.

Des ouvriers, nombreux dans la ville, agirent comme les soldats. D’autres se firent payer chèrement pour transporter des meubles à l’écart du brasier. Cependant, des gens de la campagne, entraînés par M. de Masne et le comte de Guer, arrivèrent bientôt à la rescousse. Des notables rennais (MM. de Cintré, de Nétumières, Fournier, de Cucé, de Robien…) organisèrent la défense de leurs demeures, arrêtant la propagation de l’incendie dans certaines directions. Les autorités de la ville finirent par se ressaisir. Elles firent abattre des maisons pour éviter que le feu ne se propage à la ville basse. Enfin, une pluie salutaire se mit à tomber.

En cinq jours, l’incendie avait néanmoins détruit près de la moitié de la ville, soit sans doute un millier de bâtiments. Le Parlement de Bretagne avait cependant été épargné. Cette fois-là.

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Notes

(1) Archives de Bretagne, recueil d’actes, de chroniques et de documents historiques rares ou inédits, Tome XIII, Journal inédit d’un député de l’ordre de la noblesse aux États de Bretagne pendant la Régence (1717-1724), Rennes, Société des Bibliophiles bretons, 1905.

(2) Selon Jacquelot, on ignore l’origine exacte de l’incendie. Joseph Lavallée, auteur de Voyage dans les départements de la France, raconte que des mauvais plaisants avaient jeté un chat mort dans le carrosse de la maîtresse d’un colonel du régiment d’Auvergne ; « le colonel jura de s’en venger, et l’incendie éclata peu de temps après ».

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Illustration : Tableau représentant l’incendie de Rennes, basilique Saint-Sauveur, photo XIIIfromTOKYO via Wikimedia
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