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Aux élections régionales, Loïg Chesnais-Girard veut refaire 2015 en 2021

Aux élections régionales, l’objectif reste toujours le même : terminer en tête le second dimanche afin de pouvoir mettre la main sur l’exécutif. Si Jean-Yves Le Drian, en 2015, se permettait une promenade en solitaire,  Loïg Chesnais-Girard sera probablement contraint de fusionner au second tour avec une autre liste. Donc de négocier…

Il y a encore quelques semaines, on ne savait pas sur quel pied danser avec  Loïg Chesnais-Girard (PS), président du conseil régional de Bretagne. Quelle configuration aurait sa liste aux prochaines élections régionales ? Bien sûr, une petite formalité lui avait permis d’être désigné chef de file pour les élections régionales « par les militants des quatre fédérations du Parti socialiste en région Bretagne. À l’issue d’un appel à candidature, il était le seul candidat » (Le Télégramme, samedi 10 octobre 2020). Mais le problème essentiel demeurait : s’allier avec qui ? Avec les écolos, avec les Marcheurs ? L’intéressé se gardait bien de préciser ses projets : « Ils sont nombreux à lui reprocher de ménager la chèvre et le chou et de ne pas affirmer une ligne politique claire » (Le Télégramme, Bretagne, mardi 15 décembre 2020).

Une majorité composite

Il suffit de considérer de quels matériaux est faite sa majorité au conseil régional pour comprendre que la prudence s’impose à lui ; il se félicite d’être « à la tête d’une majorité composite » (Ouest-France, Bretagne, samedi 10 mars 2018). On doit reconnaître qu’il est servi : un groupe « Alliance progressiste des socialistes et démocrates de Bretagne » (33 membres), un groupe communiste (5), un groupe radical (3), un groupe régionaliste (3, Mona Bras, Lena Louarn, Paul Molac). Enfin cerise sur le gâteau le groupe Bremañ (les 9 Marcheurs, avec Richard Ferrand). Voilà l’héritage de Jean-Yves Le Drian puisque tous ces élus figuraient sur la liste de l’alors ministre de la Défense en 2015 ; notons que ce dernier est toujours membre du groupe socialiste. Pas d’insoumis, pas d’écolos, pas d’UDB, pas de Christian Troadec…

C’est dans ce décor que Loïg Chesnais-Girard a été amené récemment à dévoiler ses intentions pour le mois de juin. « Il faudra unir la Bretagne avec celles et ceux qui veulent travailler à mes côtés. Si la question est de savoir si je serai le candidat de la majorité présidentielle, la réponse est non. Si la question est de savoir si les Marcheurs qui sont déjà à mes côtés et qui se définissent eux-mêmes comme sociaux-démocrates ont vocation à rester avec moi, c’est oui. » (Le Figaro, mercredi 6 janvier 20201). Si on comprend bien, LCG entend monter une liste se situant plutôt dans les eaux de l’opposition mais, bienveillance oblige, il acceptera d’embarquer sur son esquif des « sociaux-démocrates » appartenant à LREM, c’est-à-dire des anciens du Parti socialiste. Une condition impérieuse : être « déjà à mes côtés ».

Une cohabitation qui ne va pas de soi

Ce qui signifie que seuls les neuf chanceux (Olivier Allain, Marc Coatanéa, Richard Ferrand, Karim Ghachem, Pierre Karleskind, Raymond Le Brazidec, Nicole Le Peih, Anne Patault, Hind Saoud) auraient le droit de bénéficier d’une place sur la liste Chesnais-Girard ; exit les autres. Question importante : seront-ils en position éligible ? Donc LCG semble disposé à maintenir une cohabitation qui ne va pas de soi au sein de sa liste puis de sa majorité. En effet la plupart des socialistes sont anti – Macron et ne se gênent pas pour critiquer la politique gouvernementale dans l’hémicycle, au grand dam de leurs « collègues » macronistes (« La Bretagne en marche et apparentés – Bremañ »).

Avec cette façon de procéder, il n’y aura pas d’accord d’appareil. Simplement un recrutement « intuitu personae », à la tête du client. À l’Élysée, on va être déçu puisque le chef de l’État comptait sur Jean-Yves Le Drian pour réussir la soudure. « Il souhaiterait que l’ex-président de la région Bretagne parvienne à convaincre celui qui lui a succédé, le socialiste Loïg Chesnais-Girard, de conclure un accord avec La République en marche. » (Le Canard enchaîné, 12 août 2020). Dans ces conditions, impossible pour les Marcheurs de ne pas aligner une liste : « La majorité présidentielle sera forcément présente. Avec Jean-Yves Le Drian, nous la mobiliserons » affirme Richard Ferrand (LREM), député de Carhaix et président de l’Assemblée nationale (Aujourd’hui en France, 20 décembre 2020).

Le RN en tête ?

Tout cela est bel et bon, mais il demeure certain que LCG ne dispose pas du poids politique de Jean-Yves Le Drian pour se permettre de faire la course en solitaire – la concurrence de EELV et de LREM le desservira. Si, au premier tour, la liste du RN arrivait en tête ou bien talonnait celle de Chesnais-Girard, rechercher un allié s’imposerait en vue d’une fusion, comme le permet le code électoral. Fin de l’hégémonie Le Drian  et obligation de négocier. Avec la liste EELV – UDB de préférence, comme cela s’est produit aux municipales à Nantes et à Rennes. On verrait alors les bêtes noires de Le Drian entrer dans l’exécutif régional et exiger une part substantielle du gâteau – la plupart des vice-présidences sont négociables, sauf celle de l’agriculture…

Hypothèse moins probable : en cas de désaccord avec les écolos, une fusion avec les Marcheurs sera à l’ordre du jour afin de barrer la route aux « affreux » du RN. Lorsque la République est en danger, tous les moyens sont bons pour la sauver ! N’oublions pas que les électeurs macronistes d’aujourd’hui sont en grande partie ceux de Hollande au premier tour de la présidentielle de 2012.

Que feront les centristes ?

Comme avec les centristes tout est possible, on peut également songer soit à leur participation à la liste LCG dès le premier tour, soit à leur mariage avec les socialistes au second. En effet, en 2015, candidats de droite et centristes figuraient sur la même liste dirigée par Marc Le Fur (LR). Mais conseiller régional d’opposition demeure un métier ingrat, une impasse politique. Les quatre centristes ont donc quitté le groupe pour constituer le leur. Placés en position éligible sur la liste Chesnais-Girard, ils pourraient recevoir une vice-présidence, alors qu’en demeurant associés aux républicains, ils sont assurés de n’en tirer aucun bénéfice puisque l’échec est garanti. Evidemment, si la victoire des marcheurs se profilait à l’horizon, ils loucheraient de ce côté-là…

Bernard Morvan

Photo : Conseil régional de Bretagne
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