Le virus de l’encéphalite à tiques peut se transmettre aux humains par voie alimentaire via des fromages au lait cru selon l’Anses. Explications.
Encéphalite à tiques : un virus à prendre au sérieux
C’est en 2020 que des cas de contaminations humaines par le virus de l’encéphalite à tiques via l’alimentation ont été observés en France pour la première fois. Un fait nouveau qui a conduit l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) à essayer d’améliorer la détection du virus et de prévenir les risques de contamination.
Selon le site Vaccination Info Service, l’
encéphalite à tiques est due à un
virus (arbovirus) transmis à l’homme par la piqûre d’une
tique infectée, essentiellement du printemps à l’automne. Après une
incubation d’une à deux semaines, la maladie débute brutalement comme une grippe, avec de la fièvre, des maux de tête et des frissons.
Mais ce n’est pas tout ! 20 à 30 % des malades peuvent ensuite être victimes des symptômes dus à une atteinte du cerveau (
encéphalite). Pourront notamment être observés une prostration (état d’abattement profond) ou agitation, de la somnolence, des délires, des
troubles du tonus des muscles ou encore des pertes d’équilibre. L’
encéphalite à tiques peut aussi occasionner 2 à 3% de décès et des séquelles (paralysies) dans 10 à 20% des cas.
Le fromage au lait cru mis en cause dans la transmission
Actuellement, il n’existe aucun médicament anti
viral spécifique contre l’encéphalite à tiques. Le traitement vise uniquement à soulager les symptômes.
Concernant les 43 habitants du département de l’Ain ayant souffert, au printemps 2020, de méningites, de méningo-encéphalites et de symptômes grippaux liés à une contamination par le virus de l’encéphalite à tiques, l’Anses a donc révélé au début de ce mois d’octobre que ces personnes avaient contracté le virus en consommant du fromage de chèvre au lait cru.
Les laboratoires de santé animale, de sécurité des aliments et de la rage et de la faune sauvage de l’Anses sont ainsi parvenus à remonter à la source : il s’est avéré que tous les
fromages impliqués provenaient de la même exploitation. En conséquence, les fromages en question ont été retirés du marché et les chèvres ont été confinées. Lors des analyses, un quart des chèvres se sont révélés porteuses d’anticorps contre le virus de l’encéphalite à tiques. Ce qui témoignait donc d’une ancienne contamination.
Par ailleurs, le virus a été détecté dans le lait de trois d’entre elles, sachant qu’il peut être excrété dans le lait jusqu’à 23 jours après l’infection. Enfin, l’Anses a fait savoir que des tiques porteuses du virus ont été trouvées dans les sous-bois présents dans la pâture des chèvres. De quoi potentiellement en conclure que ces parasites étaient à l’origine de l’infection.
Quelles moyens pour éviter ces contaminations par l’alimentation ?
Quant à la présence de l’encéphalite à tiques en France, elle avait été jusqu’à présent détectée en Alsace, en Lorraine, en Savoie et en Haute-Savoie. Plus généralement, le virus a tendance à s’étendre depuis l’est de l’Europe vers les contrées occidentales. Autre difficulté pour la détecter : l’encéphalite à tiques ne cause pas de symptômes chez les animaux.
Dans ces conditions, comment éviter ces transmissions par voie alimentaire tandis que, depuis cette affaire des fromages au lait cru en 2020, quelques autres cas de contamination par l’alimentation ont été à déplorer dans l’Hexagone ? L’Anses travaille actuellement sur le sujet dans le but d’identifier les facteurs pouvant influencer ces risques de contamination.
Parmi les travaux menés, des chercheurs tentent de comprendre l’effet du microbiote sur le risque de transmission. Dans cette optique, ils vont passer au crible l’ensemble des micro-organismes présents dans le système digestif des tiques, dans celui des animaux domestiques et dans le lait.
Enfin, du côté des consommateurs français, quelques précautions peuvent être prises. Il s’agit par exemple de préférer les produits laitiers pasteurisés à ceux au lait cru, la pasteurisation du lait éliminant le virus de l’encéphalite à tiques. Quant aux fromages, ceux nécessitant un temps d’affinage de plusieurs mois permettent aussi de se débarrasser du virus.
Crédit photo : Pixnio (CC0) (photo d’illustration)
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