Nantes, Rennes…On prépare déjà des élections municipales de 2026

Pour expliquer l’obstination des élus à se faire réélire, les gens ont cette belle formule : c’est que la place doit être bonne… Il est vrai que pour Johanna Rolland, maire est son métier. Quant à Jean-Charles Larsonneur, il aspire à s’installer à l’hôtel de ville de Brest ; pour aller au bureau, une voiture de fonction suffira. Tandis que pour se rendre au Palais-Bourbon, il faut utiliser l’avion ou le TGV – c’est plus compliqué…

Une véritable épidémie… Alors que les prochaines élections municipales n’auront lieu que dans trois ans, à droite et à gauche, on dégaine déjà ! « Oui, je vais me représenter en 2026. Quand on porte des projets, on a envie de les voir aboutir », lance Johanna Rolland (PS), maire de Nantes (Presse Océan, mercredi 6 septembre 2023). On comprend qu’elle veut prendre de vitesse tous ses « amis » écologistes, insoumis et autres et montrer que le « chef » c’est elle ; l’organisation de la campagne doit passer par le « général » Rolland – et surtout la constitution de la liste.

A Brest, Jean-Charles Larsonneur (Horizons), député de la circonscription, souffre des mêmes démangeaisons. Il vient d’annoncer la couleur : « Je n’ai aucune raison de le cacher : oui, je prépare un projet en 2026. Je ne suis pas de ceux qui disent « non, absolument pas » pour y aller au dernier moment, ni de ceux qui disent « j’y réfléchis » alors qu’ils sont en plein dedans. Je consulte beaucoup, je me nourris de ce que les Brestoises et les Brestois me disent. Ce serait peu professionnel de ne pas s’y prendre dès maintenant  pour préparer une élection municipale. J’ai déjà un cercle de personnes qui sont prêtes à me suivre, et j’en appelle à toutes les bonnes volontés qui ont envie de contribuer à un projet municipal à Brest. » (Le Télégramme, Brest, mercredi 27 septembre 2023)

Que pense de ce beau projet François Cuillandre (PS), l’actuel maire de Brest ? A-t-il l’intention de se représenter en 2026 ? Il aura alors 68 ans, ce qui peut lui donner envie de s’engager dans un nouveau mandat qu’il présentera comme étant le dernier. Cuillandre a été élu au conseil municipal de Brest en 1989 et en 1995 ; il devient maire en 2001. En 2026, il totalisera vingt-cinq ans de règne brestois. Trente ans, ça ferait un compte rond !

Il faudra compter avec Pierre-Yves Cadalen

Mais Larsonneur et Cuillandre doivent tenir compte d’un troisième personnage : Pierre-Yves Cadalen, le leader local des insoumis. Ce dernier montera forcément une liste car il ne peut pas compter sur l’union avec Cuillandre. On connaît les sentiments de ce dernier : « Je ne suis pas favorable à l’alliance avec la France insoumise (…) Se placer sous les fourches caudines de la France insoumise, pour moi, ce n’est pas la bonne chose » (Le Télégramme, Brest, jeudi 22 septembre 2022) Bien sûr, ces propos s’appliquaient aux élections législatives de juin mais on peut penser que, depuis, Cuillandre n’a pas changé d’avis. Rappelons les résultats de ces législatives dans la ville de Brest qui font de Cadalen un adversaire redoutable. Au second tour (19 juin), ce dernier y  devance Larsonneur : 15 096 voix (52,27 %) contre 13 783 voix (47,73 %) ; ce sont les autres communes de la circonscription (Bohars, Gouesnou, Guilers) qui permettront à Larsonneur de conserver son siège de député – ric-rac : 18 127 voix (50,16 %) contre 18 009 voix (49,84 %), soit un écart de 118 voix. Mais municipales et législatives sont deux combats bien différents qui ne correspondent pas aux mêmes logiques. Une grande inconnue demeure : Cuillandre se représentera-t-il ? Dans l’affirmative, cela n’arrangerait pas les affaires de Larsonneur et de Cadalen.

B. Morvan

Illustration : DR
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