Va t-il falloir ressortir la catapulte et manifester massivement à Quimper, ou même à Rennes, pour se faire entendre ? Ce jeudi 19 septembre, une énième manifestante en faveur de l’hôpital de Carhaix sera interrogée dans le cadre d’une garde à vue au commissariat de Quimper. Les faits concernent l’occupation des locaux de l’ARS en septembre 2023 pour obtenir une réouverture des urgences de Carhaix.
Dans un communiqué, le comité de vigilance appelle à la mobilisation : ” Un bus sera mis à disposition des personnes souhaitant apporter leur soutien à Alexandra. Départ 8h50 devant l’hôpital. Nous demandons que ces convocations cessent ! Que les signataires du protocole signé en octobre reviennent autour de la table pour trouver des solutions pour réouvrir les Urgences ! Et pas seulement pendant les quatre jours des Vieilles Charrues.
Nous ne cessons jamais de lutter pour notre juste combat, celui de l’accès aux soins pour toutes et tous. Betek an trec’h ! Jusqu’à la victoire !”
Ces manifestants n’ont pourtant fait que réclamer ce que les autorités avaient promis.
En octobre 2023, l’Agence Régionale de Santé (ARS) et la direction de l’hôpital Brest-Carhaix s’engageaient auprès des élus locaux à renforcer la présence médicale au service des urgences de Carhaix, en particulier sur les créneaux du soir et de la nuit. Cet accord prévoyait notamment la présence de deux urgentistes 24 heures sur 24, mais depuis, les promesses semblent rester lettre morte. C’était un mensonge pur et simple. Les Urgents sont fermées. Les pompiers sont renvoyés vers d’autres hôpitaux. Alors que la situation des urgences est de plus en plus critique dans cette partie du Finistère, les habitants du Centre-Bretagne, déjà victimes d’une pénurie de médecins, voient leur accès aux soins de proximité s’éroder de jour en jour.
Ils sont tout simplement abandonnés, malgré les impôts, les charges, les taxes qu’ils paient au quotidien.
Un accord sans véritable échéance
Signé entre l’ARS, la direction de l’hôpital Brest-Carhaix et les collectivités territoriales, l’accord promettait de rétablir le fonctionnement des urgences tel qu’il était avant l’été 2023. Cela incluait le recrutement d’un second urgentiste, ou au minimum la présence d’un médecin généraliste pour soutenir le Service Mobile d’Urgence et de Réanimation (SMUR). Si les représentants de l’État s’étaient engagés à des améliorations, ces engagements, formulés sans échéances précises, laissent aujourd’hui les habitants et élus dans l’attente.
Certains travaux ont commencé comme l’installation d’un appareil IRM fixe et la prochaine mise en place de fauteuils dentaires. Mais ces progrès n’effacent pas les manques criants du côté des urgences.
Depuis juillet 2023, l’accès direct aux urgences de l’hôpital de Carhaix est restreint. Les habitants des cinq communautés de communes du Centre-Bretagne, soit 80 000 personnes, doivent composer le 15 avant tout déplacement vers l’hôpital. Cette situation est un coup dur pour cette région rurale, déjà classée comme désert médical. Le recours à la régulation par le 15 semble en effet devenu la norme, laissant les patients dans l’incertitude face à l’urgence de leur état de santé. D’autant plus qu’hormis excetions, tout le monde est renvoyé dans un autre hôpital, déjà saturé. Nous avons l’exemple récent d’une maman, dont le fils s’est cassé le bras, qui a été mise à la porte des urgences de Carhaix, puis à qui on a dit d’aller…à Quimper…et qui au final s’est retrouvée à Guingamp.
Malgré les protestations locales et les manifestations répétées, l’État ne semble pas disposé à débloquer rapidement la situation.
Une fracture avec les professionnels de santé
La situation à Carhaix reflète un problème plus large dans le système de santé français : le manque de ressources humaines, en particulier dans les services d’urgence. Alors que le service des urgences de Brest peine à maintenir son effectif, il est difficile d’y affecter des médecins pour combler les besoins à Carhaix sans déshabiller un service déjà sous tension. La grève des urgentistes brestois en novembre 2023, refusant d’effectuer des heures supplémentaires au-delà du seuil légal, a illustré la profonde fracture entre les soignants et la direction.
La situation est particulièrement tendue à Carhaix, où les gardes à vue de plusieurs manifestants et représentants syndicaux, à la suite de la manifestation de septembre 2023, ont encore envenimé le climat social. Les élus locaux, comme Christian Troadec, maire de Carhaix, dénoncent les contradictions de l’État et réclament une autonomie en matière de santé pour la Bretagne. Il prône une réorganisation des soins de proximité à l’image du système catalan, où des centres de soins sont situés à vingt minutes maximum des habitants. Mais ces projets nécessitent des moyens financiers et humains que l’hôpital de Brest-Carhaix peine à rassembler.
Près d’un an après les premières promesses, les urgences de Carhaix restent dans une situation précaire. Alors que certains projets de modernisation avancent, les promesses concernant les urgences semblent rester en suspens, au grand dam des habitants et des soignants. Jusqu’à ce que la colère explose pour de bon ? Il y a urgence.
YV
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Une réponse à “Un an après l’explosion de la colère, les urgences de Carhaix sont toujours fermées. Les autorités ont menti depuis plus d’un an”
pourquoi personne ne parle des milliers de lits supprimés par macron ?