Plusieurs choses étonnaient aux élections municipales de mars 2020 à La Baule-Escoublac. D’abord, vu la sociologie très particulière de la cité balnéaire, on voyait mal comment le Rassemblement nationale parviendrait à y présenter une liste puisqu’il faut trouver trente-trois candidats qui acceptent de se mouiller ; ce qui est facile pour la droite mais apparaît difficile pour un parti qui s’adresse d’abord aux classes populaires. Pourtant un certain Didier Vernet y est parvenu. Ensuite, même si le résultat fut médiocre puisque « La Baule en bleu » n’obtint que 352 voix (5,13 %), on se demandait où Vernet avait pu trouver ces 352 électeurs (ouvriers d’entretien, employés de l’hôtellerie –restauration ?) – certainement pas sur le front de mer ou au club de tennis ! Une consolation cependant pour ce dernier : il arrive avant-dernier et devance la députée de la circonscription Sandrine Josso (286 voix, 4,17 %).
Aujourd’hui, le RN travaille à la constitution d’une liste. Gauthier Bouchet, le délégué départemental, a désigné Marc Lelièvre comme tête de liste. Ce dernier est un « droitard » – pas un populiste – qui rêve de rassembler toutes les mini-boutiques de la droite “nationale“ (UDR, Identité-Libertés), mais il voit plus grand : « Nous accueillons des gens qui viennent des Républicains, de Renaissance, d’Horizons, des déçus du macronisme, qui considèrent que nous présentons un discours différent. Des commerçants nous rejoignent aussi. » (Presse Océan, mardi 17 juin 2025). Il oublie évidemment que l’électorat baulois largement acquis à la droite et à la famille macroniste votera pour celui qui incarne le mieux le “bloc bourgeois“ (formule chère à Jean-Luc Mélenchon) : Franck Louvrier, le maire, un homme qui est en campagne électorale permanente ; il a pour lui la notoriété et une incontestable popularité chez les classes supérieures qui constituent la base électorale de La Baule (club hippique, golf, tennis). Incontestablement, son poids politique écrase celui de Lelièvre. Quand on suit la presse locale, on sait avoir affaire à un professionnel de la communication – il ne rate rien.
Mais Lelièvre ignore une règle élémentaire de la politique : il faut d’abord s’adresser aux femmes et aux hommes qui sont susceptibles de voter pour vous – inutile de courtiser les clients de Louvrier qui n’ont que mépris pour le RN. Les 352 électeurs de 2020 – et quelques autres – ont peut-être des problèmes de logement, d’emploi, de médecin, de cantine pour les enfants… Bizarrement, les idées de Lelièvre en matière de sécurité sont courtes : « Nous sommes pour le développement de la vidéosurveillance et le retour de l’éclairage public. Il y a des rues qui la nuit sont dans le noir complet », explique-t-il (Presse Océan, mardi 17 juin 2025). En mars 2026, on verra si Lelièvre est capable de faire aussi bien que Vernet…
En attendant, Franck Louvrier (LR) a sa petite idée sur la question : « Quant au RN, sa poussée va nécessairement se traduire au niveau local, mais je pense qu’elle sera plus marginale qu’aux scrutins nationaux. Nous avons déjà eu un élu FN, mais c’était en 2024. » (La Tribune, dimanche 29 juin 2025). Effectivement, élection présidentielle d’un côté et élections municipales de l’autre ne répondent pas aux mêmes logiques ; ce sont des combats différents…
B. Morvan
Crédit photo : patrick janicek/Flickr (cc)
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