Depuis le mois de mai 2025, la France fait face à une situation sanitaire inédite : 38 cas de transmissions autochtones de chikungunya ont été recensés, selon le bilan publié par Santé publique France le 23 juillet. Cette propagation interne survient alors que l’épidémie touche traditionnellement les zones tropicales. L’apparition de cas à Dax (Landes), dans les Bouches-du-Rhône, en Corse, en Gironde ou encore dans le Bas-Rhin témoigne d’une extension inédite du virus sur le territoire hexagonal.
Ce virus, transmis par le moustique tigre (Aedes albopictus), provoque fièvre, douleurs articulaires et fatigue. Aucun traitement curatif n’existe à ce jour. Depuis le 1er mai dernier, les services sanitaires ont détecté en France métropolitaine 833 cas importés de chikungunya, 624 cas importés de dengue et 2 cas importés de Zika. Pour Diana Rojas Alvarez, chef d’équipe de l’OMS sur les arbovirus cité par le quotidien Sud-Ouest le 22 juillet, « dans les régions où les populations ont peu ou pas d’immunité, le virus peut provoquer des épidémies rapides et importantes, infectant jusqu’à trois quarts de la population ».
Une menace mondiale liée au réchauffement climatique ?
L’Organisation mondiale de la santé alerte : l’épidémie actuelle rappelle celle de 2004-2005 dans l’océan Indien, qui avait touché près d’un demi-million de personnes. Cette année, « un tiers de la population réunionnaise est déjà infecté », indique Diana Rojas Alvarez. Le virus s’est ensuite propagé à Madagascar, la Somalie, le Kenya, l’Asie du Sud, et des cas autochtones ont été signalés en Italie et en France.
Selon l’OMS, 119 pays sont aujourd’hui touchés, mettant en danger 5,6 milliards de personnes. L’expansion du moustique tigre est facilitée par des étés plus longs et humides. « Nous tirons donc la sonnette d’alarme afin que les pays puissent se préparer à détecter rapidement et à renforcer leurs capacités pour éviter de très grandes épidémies », a déclaré la responsable de l’OMS.
Vaccins, précautions et lacunes de la riposte
Face à cette menace, deux vaccins sont aujourd’hui autorisés en Europe : Ixchiq et Vimkunya. Ce dernier est recommandé depuis juin 2025 en cas de séjour prolongé ou répété en zone épidémique pour les personnes de 12 à 65 ans atteintes de comorbidités. Mais les plus de 65 ans, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées n’ont, à ce jour, aucune solution vaccinale pleinement validée, ce qui accroît leur vulnérabilité.
En l’absence de traitement, la prévention repose essentiellement sur les répulsifs, les moustiquaires et l’élimination des eaux stagnantes. Des opérations de démoustication ont été engagées dans plusieurs communes du Sud. Mais pour de nombreux experts, la France n’est pas préparée à une épidémie à grande échelle. « Il faut qu’on soit vigilant », alertait Anna-Bella Failloux, entomologiste à l’Institut Pasteur, auprès du quotidien régional La Montagne le 26 juillet.
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