Gestion opaque, déficits persistants, et fiscalité en hausse : la commune de Guémené-sur-Scorff (Morbihan) s’enfonce un peu plus dans la crise budgétaire. Pour la deuxième année consécutive, la chambre régionale des comptes de Bretagne a demandé au préfet de régler d’office le budget communal, face à l’insincérité des comptes et à l’absence de mesures correctrices sérieuses.
870 000 € de factures impayées : une commune en cessation de paiement
Tout avait commencé en 2024, lorsque la chambre avait révélé 870 000 € de factures impayées, maintenues hors comptabilité par la municipalité. Une méthode pour masquer l’état de cessation de paiement d’une commune incapable d’honorer ses engagements. Le budget 2024 avait alors été repris en main par le préfet du Morbihan, avec à la clé un déficit dépassant le million d’euros, malgré une hausse importante des impôts locaux.
Face à cette situation critique, un plan de redressement pluriannuel devait être mis en œuvre par la municipalité. Mais un an plus tard, la promesse de redressement est restée lettre morte.
Le budget 2025 présenté par la commune a été une nouvelle fois jugé insincère : la section d’investissement affiche un déséquilibre réel de 689 671 €, même après rectifications comptables. Pire : les recettes de fonctionnement ne couvrent même pas le remboursement de la dette. La chambre avait pourtant préconisé une réduction drastique des dépenses, notamment de la masse salariale, et une nouvelle hausse des impôts pour sécuriser l’essentiel : le paiement des dépenses courantes et de la dette.
Mais le budget rectificatif adopté par le conseil municipal le 15 juillet 2025 ne prend en compte que marginalement ces recommandations. Le 22 juillet, la chambre a donc demandé une nouvelle fois au préfet de reprendre la main, estimant que les conditions minimales de sincérité et d’équilibre n’étaient pas réunies.
Des ventes incertaines, des déficits masqués, et une nouvelle hausse d’impôts à venir
La commune espère vendre des bâtiments pour renflouer ses caisses, mais le marché immobilier local atone rend ces prévisions hasardeuses. En attendant, le déficit d’investissement, aggravé par une opération immobilière non terminée, atteint encore 432 396 €.
Plus grave encore, la commune compense illégalement ce déficit en ponctionnant la trésorerie de son budget annexe d’assainissement, qui doit être transféré à la communauté de communes du Roi Morvan en 2026. Une pratique non conforme, qui ne pourra plus durer.
Malgré les injonctions répétées, aucun plan crédible de redressement financier pluriannuel n’a été élaboré. La chambre alerte : à défaut de mesures fortes, une nouvelle hausse de la fiscalité sera inévitable en 2026.
Le préfet du Morbihan continuera à saisir la chambre chaque année tant que la commune ne sera pas revenue à l’équilibre. La prochaine échéance est fixée au 20 novembre 2025, date à laquelle la municipalité devra rendre compte de la mise en œuvre des recommandations de la chambre.
Ce nouvel épisode révèle une gestion municipale pour le moins préoccupante. Entre déficits maquillés, décisions insuffisantes et augmentation des impôts pour les habitants, les contribuables de Guémené-sur-Scorff paient le prix fort de cette imprévoyance. Alors que la rigueur devrait s’imposer en période de crise budgétaire, c’est au préfet – et non aux élus locaux – qu’il revient de remettre la commune sur les rails.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine