La tiers-mondisation de la France poursuit son œuvre, gagnant désormais des domaines que l’on pensait à l’abri, comme la location touristique. Des escrocs se font passer pour de simples vacanciers sur des plateformes comme Airbnb ou Booking… et refusent ensuite de quitter les lieux. Pour les propriétaires, c’est le début d’un cauchemar juridique, où la loi, une fois encore, protège davantage les fraudeurs que les victimes.
Une faille juridique exploitée par des squatteurs organisés
Le scénario est rodé : le « locataire » réserve un logement pour un week-end ou quelques jours, puis, une fois installé, change la serrure, transfère les compteurs d’énergie à son nom et déclare qu’il ne partira pas. Comme l’entrée s’est faite avec l’accord du propriétaire, la loi « anti-squat » du 27 juillet 2023 ne s’applique pas.
« Quelqu’un qui squatte un appartement via Airbnb n’est pas rentré dans le bien par voie de fait », a expliqué Théo Berthet, de l’entreprise Squat Solutions, à Europe 1 le 5 août dernier. « Une voie de fait, qu’est-ce que c’est ? C’est une ruse, une violence physique ou verbale, ou une effraction », précise-t-il.
Résultat : une procédure judiciaire longue (au moins six mois, parfois des années) et coûteuse, avec plusieurs milliers d’euros de frais, comme le précisait de son côté Le Figaro le 2 août. L’avocat Xavier Demeuzoy évoque à ce sujet des situations « kafkaïennes ».
Plateformes préoccupées, propriétaires désarmés
Cité par le magazine Capital le 4 août, Airbnb affirme : « Dans le cas exceptionnellement rare où un problème comme celui-ci est porté à notre attention, nous prenons des mesures, notamment en supprimant les annonces et les utilisateurs de la plateforme. Nous collaborons également avec les forces de l’ordre afin de soutenir toute enquête ».
À Perpignan, une propriétaire a reçu ce SMS, retranscrit par Le Figaro : « J’ai un bébé d’un mois et demi, je suis à la rue depuis sa naissance. Je n’en peux plus. Pour le bien de mon bébé, je reste dans le logement. J’ai changé les serrures et mis le compteur d’électricité à mon nom ». Dans ce cas précis (rarissime), la police a obtenu le départ des occupants.
Pour réduire le risque, certains sites spécialisés recommandent de désactiver la réservation automatique, vérifier l’identité et les avis des voyageurs, demander une caution, rédiger un contrat (qui permet un référé rapide), et limiter la durée des séjours à 90 jours maximum. Des dispositifs comme les serrures connectées ou les caméras à l’entrée peuvent aussi dissuader.
Ces squats restent encore rares (environ un cas sur 100 000 selon Me Demeuzoy) mais les propriétaires doivent garder à l’esprit qu’une expulsion illégale les expose à trois ans de prison et 30 000 euros d’amende. Un paradoxe absurde où, en France, celui qui défend son bien risque beaucoup plus que celui qui l’a spolié.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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