Alors qu’une partie de la France est régulièrement placée en vigilance orages durant l’été, les spécialistes alertent sur un phénomène encore peu connu du grand public : l’asthme d’orage. Ces épisodes respiratoires soudains peuvent provoquer des crises particulièrement sévères, touchant en priorité les personnes allergiques, asthmatiques ou exposées à la pollution atmosphérique.
Lorsqu’un orage éclate en période de forte pollinisation, l’humidité, l’électricité atmosphérique et le vent contribuent à fragiliser les grains de pollen. Ceux-ci se fragmentent alors en particules microscopiques, bien plus fines que le pollen intact. Inhalées, elles pénètrent profondément dans les voies respiratoires et déclenchent une réaction allergique violente.
Les rafales de vent typiques des orages dispersent massivement ces fragments, ce qui expose soudainement une population entière, parfois en quelques minutes seulement.
Des crises différentes de l’asthme habituel
Les symptômes de l’asthme d’orage sont proches de ceux d’une crise classique – toux, essoufflement, oppression thoracique, sifflements respiratoires – mais leur déclenchement est souvent brutal et massif. Les bronchodilatateurs de secours peuvent s’avérer moins efficaces, nécessitant parfois une prise en charge hospitalière. Dans certains cas, les services d’urgence sont rapidement saturés face à l’afflux de patients.
La pollution atmosphérique, en particulier les particules fines, accentue la sévérité de ces crises. Ces polluants modifient la structure des pollens et aggravent leur pouvoir allergisant. Résultat : une réaction inflammatoire plus forte et des symptômes exacerbés.
Les personnes allergiques aux pollens et les asthmatiques mal contrôlés sont les premières victimes de ce phénomène. Les jeunes adultes et adolescents sont particulièrement représentés dans les épisodes recensés, comme celui survenu à Nantes en 2013 ou en Île-de-France en 2023.
Mais des cas existent aussi chez des individus sans antécédents connus. Dans la plupart des situations, ces crises révèlent une allergie ou un asthme jusque-là non diagnostiqué.
Des régions et des épisodes marquants
Le phénomène a déjà été observé à plusieurs reprises en France et à l’étranger. Nantes en 2013 a connu un afflux massif aux urgences après un violent orage, tandis que Londres en 1994 et Melbourne en 2016 ont enregistré des milliers de cas simultanés, avec des décès recensés en Australie.
Toutes les régions polliniques peuvent être touchées, dès lors qu’elles combinent forte concentration de pollens et orages estivaux.
Comment se protéger ?
Les pneumologues recommandent plusieurs réflexes :
- rester à l’intérieur au moment d’un orage en période de pollinisation ;
- fermer portes et fenêtres, y compris en voiture ;
- toujours avoir son traitement de secours à portée de main et suivre correctement son traitement de fond ;
- consulter rapidement en cas de symptômes sévères.
Un suivi allergologique ou respiratoire est conseillé après un épisode d’asthme d’orage, afin de mieux prévenir les récidives.
Avec le dérèglement climatique, les conditions propices à l’asthme d’orage tendent à s’amplifier. L’augmentation des épisodes orageux violents et l’allongement des saisons polliniques créent un terrain favorable à la multiplication de ces crises. Les spécialistes redoutent donc une hausse des cas dans les prochaines décennies, rendant ce risque de santé publique à surveiller de près.
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