La tiers-mondisation du pays se mesure aussi à l’échelle des parkings. Le vol de pièces automobiles est devenu un fléau endémique : un vol d’accessoire toutes les trois minutes, près de 100 000 faits enregistrés en 2024 et une hausse de 10 % en un an, selon le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure. Déjà en 2023, 89 700 véhicules avaient été visés, soit +4 % par rapport à 2022 et +9 % par rapport à 2021, selon les chiffres du ministère repris par le magazine L’Auto Journal le 30 janvier dernier.
Les victimes, ce sont les automobilistes honnêtes, confrontés à des coûts exorbitants. Ces pièces sont hors de prix neuves. Sur le marché noir, un phare de Clio vaut environ 150 € contre 990 € en concession, et une aile avant 60 € contre 249 € neuve. Quant aux batteries hybrides, elles se négocient entre 1 000 et 4 000 €.
Les pièces les plus ciblées
Les voleurs privilégient certaines pièces faciles à démonter et revendables au prix fort. Les optiques et phares représentent environ un tiers des vols ; les catalyseurs, riches en palladium, rhodium et platine, comptent pour 19 % ; les roues et jantes pour 18 %. Ces dernières, notamment en alliage, sont revendues à plusieurs centaines d’euros après quelques minutes de démontage, la voiture étant abandonnée sur des parpaings.
Selon CNews, les phares LED ou xénon se revendent entre 150 et 300 €, contre près de 1 000 € en neuf. Les catalyseurs, arrachés à la scie électrique en quelques minutes, constituent une véritable « mine d’or » pour les filières, qui les écoulent plusieurs centaines d’euros. Viennent ensuite les rétroviseurs (la pièce la plus volée en France), mais aussi les caméras de recul, radars de stationnement et capteurs d’aide à la conduite, arrachés directement des pare-chocs. L’Auto Journal relève également des vols ciblés : caméras intégrées aux logos Renault, catalyseurs de Toyota Prius et Lexus hybrides, ou encore banquettes arrière de petites citadines.
Réseaux internationaux et victimes démunies
Le phénomène alimente des filières internationales, de l’Europe de l’Est à l’Afrique de l’Ouest. Le marché des pièces détachées volées est international, alimentant à la fois les pays de l’Est (Russie comprise malgré l’embargo) et l’Afrique, du Maghreb à l’Afrique de l’Ouest, comme l’expliquait Benoît Leclair, directeur général d’Argos, au Figaro au mois d’août dernier.
Les assureurs, eux, répercutent la flambée du coût des pièces (+9 % en 2024) par des hausses de primes de 4 à 6 % en 2025. Les forces de l’ordre recommandent de recourir à des parkings éclairés ou surveillés, à des écrous antivol et, pour les catalyseurs, au gravage et aux plaques de protection. Mais ces conseils demeurent dérisoires face à des réseaux structurés et à un marché noir florissant. La « banque d’organes » roulante qu’est devenue la voiture française illustre l’impuissance de l’État et l’insécurité croissante qui pèse sur le quotidien des ménages.
Crédit photo : Pixabay (CC) (photo d’illustration)
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine