Sous couvert “d’histoire locale”, un élu PCF du Morbihan s’en prend à la décision du conseil municipal d’honorer l’abbé Marcel Blanchard. Mais derrière cette polémique montée de toutes pièces, se cache moins une question de mémoire qu’une vieille hostilité idéologique contre la Bretagne catholique et enracinée.
Une rue de Quistinic, dans le Morbihan, portera désormais le nom de l’abbé Marcel Blanchard, recteur de la commune pendant plus de quarante ans. Un hommage évident, presque naturel, pour celui qui a profondément marqué la vie paroissiale et culturelle du pays de Pontivy : militant infatigable de la langue bretonne, musicologue, enseignant, fondateur du groupe des Kistinidiz, défenseur de la liturgie trilingue et du pardon de Saint-Mathurin.
Mais c’était sans compter sur Jean-Pierre Fouillé, élu minoritaire au conseil municipal, président départemental de l’Anacr 56 (association issue de la Résistance… et historiquement proche du Parti communiste français dont il est membre).
Un procès idéologique déguisé en débat historique
Profitant de sa tribune, Jean-Pierre Fouillé a jugé bon d’exprimer sa “réserve” vis-à-vis de cette décision, sous prétexte que le recteur Blanchard avait, dans son presbytère, conservé le portrait de l’abbé Yann-Vari Perrot – prêtre breton, défenseur de la langue et du peuple breton, assassiné en 1943 par un militant communiste.
Selon lui, rendre hommage à un curé qui respectait la mémoire d’un autre prêtre breton relèverait d’une “indécence” vis-à-vis des victimes de la guerre.
Mais ce que ces articles de presse omettent soigneusement de préciser, c’est que Jean-Pierre Fouillé est lui-même membre de la direction départementale du Parti communiste français.
Un détail lourd de sens : quand un militant du PCF — formation historiquement responsable de l’assassinat de Perrot — se permet de donner des leçons de morale à ceux qui défendent la mémoire d’un recteur breton, il y a de quoi s’interroger sur la sincérité de la démarche.
L’abbé Blanchard, prêtre breton et homme de transmission
Loin de toute caricature, Marcel Blanchard (1923-2022) incarne une figure profondément bretonne, à la fois spirituelle et populaire. Ordonné en 1947, il a servi pendant plus de quarante ans la paroisse de Quistinic.
Prêtre de caractère, toujours en soutane, il défendait avec conviction la culture bretonne, la musique traditionnelle et la dignité du peuple rural. On lui doit la renaissance du pardon de Saint-Mathurin, la création de chorales locales et la formation de plusieurs générations d’organistes.
Son engagement ne s’arrêtait pas à la sacristie : il soutenait les ouvriers de Pont-Augan lors des luttes sociales des années 1980, défendait la langue bretonne dans les offices, et n’hésitait pas à dialoguer avec les militants autonomistes lorsqu’il s’agissait de protéger les prêtres emprisonnés ou les libertés spirituelles.
Son cercueil, en 2022, fut recouvert d’un Gwenn ha Du, et l’hymne Breizh ma bro retentit dans la basilique de Sainte-Anne-d’Auray. Hommage à un homme de foi et de culture, enraciné et libre, fidèle à la Bretagne autant qu’à l’Évangile.
Une polémique qui en dit long sur la persistance des vieux réflexes idéologiques
Dans son intervention, Jean-Pierre Fouillé a voulu faire le lien entre l’abbé Perrot et les exactions de la “Milice Perrot”, un groupuscule collaborationniste formé après l’assassinat du prêtre. Une confusion historique délibérée, dénoncée par le maire de Quistinic, Antoine Pichon, qui a rappelé que l’abbé Perrot n’a jamais prôné la violence et s’est toujours élevé contre les atteintes à la vie humaine.
Mais pour une certaine gauche, tout ce qui relève de la Bretagne chrétienne et identitaire reste suspect. La figure du prêtre breton, enraciné, parlant la langue du peuple, attaché à sa terre, gêne encore ceux qui rêvent d’une Bretagne sans mémoire et d’un clergé réduit au silence.
L’affaire n’est donc pas qu’un débat de toponymie : elle révèle la persistance d’un anticléricalisme pavlovien, hérité des années 1950, où tout curé breton était suspect d’“autonomisme” ou de “fascisme”.
Les journaux locaux qui relaient la polémique se gardent bien de préciser le profil politique de celui qui la nourrit.
Pourtant, Jean-Pierre Fouillé n’est pas un simple “historien local”. Il est membre du Parti communiste français, organisateur de la Fête de l’Avenir du PCF à Pontivy, et ancien professeur d’histoire-géographie engagé dans la mouvance militante. Président de l’Anacr 56, il a fait de la mémoire de la Résistance un instrument idéologique — celle d’une “Résistance rouge”, souvent détachée des réalités bretonnes et marquée par la méfiance envers la foi et les traditions. Une Résistance rouge dont le mythe a été démonté avec précision à travers les ouvrages d’Yves Mervin.
C’est ce même militant qui, aujourd’hui, prétend juger indécent l’hommage rendu à un recteur catholique ayant simplement affiché, dans son presbytère, la photo d’un prêtre assassiné par les siens.
La décision du conseil municipal de Quistinic, validée à une large majorité, rend justice à un homme qui a fait vivre la Bretagne dans sa langue, sa foi et sa musique. Les polémiques agitées par les nostalgiques du marxisme culturel ne changeront rien à la réalité : l’abbé Marcel Blanchard appartient à cette lignée de prêtres bretons qui ont incarné la dignité du peuple et l’âme d’un pays.
Ceux-là ne seront jamais effacés par les procès d’intention ni les petites manœuvres politiciennes. Et si certains élus communistes croient encore pouvoir écrire l’histoire à la place des Bretons, qu’ils se souviennent que la Bretagne, elle, a la mémoire longue — et qu’elle n’oublie ni ses prêtres, ni ses martyrs.
Illustration : Ar Gedour (DR)
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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