Du 17 au 23 novembre 2025 se tiendra la 29ᵉ Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH). Vingt ans après la grande loi de 2005 sur l’égalité des droits et des chances, cette édition met l’accent sur un thème d’actualité : « Handicaps et emploi, l’égalité pour toutes et tous », avec un focus particulier sur la santé mentale, désignée grande cause nationale cette année.
À cette occasion, Breizh-info a interrogé Quentin Alligand, délégué régional Bretagne de l’Agefiph, l’organisme chargé de favoriser l’insertion professionnelle des personnes handicapées.
Dans cet entretien, il revient sur la situation de l’emploi en Bretagne, les freins persistants à l’embauche, mais aussi sur les signaux encourageants : hausse du maintien dans l’emploi, mobilisation accrue des entreprises et outils concrets mis à disposition pour une inclusion durable.
Breizh-info.com : La 29ᵉ Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées débute dans quelques jours. Quel en est l’objectif principal cette année en Bretagne ?
Quentin Alligand : Cette édition se distingue par une mobilisation collective de tous les partenaires du territoire. L’objectif est de proposer des actions concrètes, à la fois pour les personnes en situation de handicap et pour les employeurs, afin de favoriser les rencontres, les opportunités d’emploi et l’inclusion durable.
Breizh-info.com : Comment décririez-vous la situation actuelle de l’emploi des personnes handicapées dans la région ? Quels sont, selon vous, les principaux freins à leur insertion professionnelle aujourd’hui ?
Quentin Alligand : Le dernière mesure du taux d’emploi des personnes handicapées dans les entreprises en Bretagne était de 4,2 % pour un pourcentage national de 3,6 %. Nous bénéficions d’une dynamique de recrutement et de recherche de compétences par les employeurs sur le territoire breton.
Breizh-info.com : Vous indiquez une hausse de 6,8 % du nombre de demandeurs d’emploi handicapés en un an. Comment expliquez-vous cette progression ? N’est-ce pas comparable avec les non-handicapés ?
Quentin Alligand : Au niveau national, le nombre de DEBOE (demandeurs d’emploi bénéficiaires de l’obligation d’emploi) a augmenté de 6,6 % en un an, soit plus de 30 000 personnes supplémentaires, contre une hausse de seulement 1,3 % pour l’ensemble des publics. Cette évolution s’explique par :
- une conjoncture économique peu favorable, avec une croissance faible et des créations d’emploi limitées ;
- une augmentation du nombre de personnes reconnues handicapées (+5 % en 2023), ce qui a entraîné une hausse du nombre de personnes en emploi (+8 %) mais aussi du nombre de demandeurs d’emploi.
En Bretagne, la tendance est plus positive au premier semestre 2025, avec une baisse de 3,2 % du nombre de DEBOE, alors que le nombre de demandeurs d’emploi tout public progresse de 4,2 %.
Breizh-info.com : Quels secteurs d’activité recrutent le plus de travailleurs handicapés en Bretagne aujourd’hui ? Observez-vous des disparités territoriales ?
Quentin Alligand : Il n’existe pas de secteur spécifique au recrutement de personnes handicapées : les employeurs recherchent avant tout des compétences. Les secteurs porteurs sont donc les mêmes que pour le tout public. L’enjeu est d’accompagner les entreprises dans la mise en œuvre d’une politique inclusive. Une fois cette démarche engagée, les freins liés au secteur disparaissent.
Concernant les disparités territoriales, aucune spécificité notable n’est observée en Bretagne, en dehors des tendances générales du marché de l’emploi.
Breizh-info.com : Le maintien dans l’emploi a progressé de 10 % en un an. Comment travaillez-vous avec les entreprises pour éviter les ruptures de parcours professionnels ?
Quentin Alligand : Nous accompagnons les employeurs dans la formalisation d’une politique RH inclusive, ce qui renforce le maintien dans l’emploi. En complément, le partenariat avec les services de santé au travail, la mobilisation des outils de l’Agefiph, notamment l’intervention des Cap emploi, permettent de sécuriser les parcours professionnels. Le maintien dans l’emploi est un levier essentiel pour éviter que les personnes ne basculent vers le chômage.
Breizh-info.com : Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les employeurs bretons lorsqu’ils recrutent ou accompagnent un salarié en situation de handicap ?
Quentin Alligand : La principale difficulté reste l’accès aux compétences, comme pour l’ensemble des publics. Il est donc essentiel de rendre les formations accessibles aux personnes en situation de handicap. Nous encourageons également l’alternance, notamment l’apprentissage, qui est ouvert à tous sans limite d’âge pour les personnes handicapées.
Breizh-info.com : Quels soutiens financiers ou outils l’Agefiph propose-t-elle aujourd’hui aux employeurs pour favoriser l’embauche ou la formation de travailleurs handicapés ?
Quentin Alligand : L’Agefiph propose un accompagnement stratégique aux employeurs et aux organismes de formation, avec :
- un diagnostic de situation pour définir une politique d’emploi inclusive ainsi que la mise en réseau entre pairs (employeurs ou organisme de formation) pour favoriser les échanges de bonnes pratiques ;
- le financement d’expertises (ergonomie, emploi accompagné, appuis spécifiques, Cap emploi) pour identifier les moyens de compensation adaptés ;
- le financement des besoins de compensation, afin que seule la compétence soit au cœur du recrutement ou de la formation.
Breizh-info.com : Quelles priorités se fixe l’Agefiph pour 2026 et au-delà ?
Quentin Alligand : L’accompagnement des employeurs et des organismes de formation reste une priorité. En mobilisant les collectifs, on observe une progression du taux d’emploi. Cette stratégie repose sur le financement et le pilotage d’expertises complémentaires aux dispositifs de droit commun, ainsi que sur le soutien renforcé au maintien dans l’emploi.
Breizh-info.com : Le numérique ou la pénurie de main-d’œuvre peuvent-ils être des leviers pour favoriser l’emploi des personnes handicapées ?
Quentin Alligand : Les tensions sur le marché du travail concernent tous les publics, y compris les personnes en situation de handicap. Là où il y a des opportunités, il faut veiller à ce qu’elles soient accessibles à tous. Le numérique et la pénurie de main-d’œuvre peuvent donc être des leviers efficaces, à condition d’accompagner les employeurs et les candidats dans leur appropriation.
Propos recueillis par YV
Illustration : Pixabay cc)
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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