Une proposition de loi transpartisane prévoit d’interdire progressivement l’accès au tabac pour les futures générations, à partir de 2032
La France pourrait bientôt suivre le modèle britannique et néo-zélandais en interdisant la vente de tabac à une partie de sa population future. Le député écologiste Nicolas Thierry, élu de Gironde, a annoncé le dépôt d’une proposition de loi transpartisane visant à interdire la vente de tabac à toutes les personnes nées après 2014, même une fois majeures.
L’objectif affiché : bâtir la première génération sans tabac d’ici 2032.
Une interdiction progressive à partir de 2032
Le dispositif imaginé par le parlementaire repose sur un mécanisme évolutif.
À partir du 1ᵉʳ janvier 2032, les buralistes devraient refuser la vente de cigarettes, tabac chauffé ou autres produits dérivés à toute personne née en 2014 ou après.
L’âge légal d’achat serait ensuite relevé chaque année, de manière à exclure progressivement les générations les plus jeunes du marché du tabac.
Cette interdiction, inspirée de l’exemple britannique, ne concernerait pas les fumeurs actuels, mais viserait à “stopper l’entrée des jeunes dans le tabagisme”, selon Nicolas Thierry.
Un texte soutenu par une vingtaine de députés
La proposition de loi bénéficie déjà d’un soutien transversal à l’Assemblée nationale, rassemblant une vingtaine de députés issus de groupes politiques aussi variés que La France insoumise, le Parti socialiste, le groupe écologiste, le MoDem ou Horizons.
Le député girondin espère que ce texte pourra être inscrit à l’ordre du jour dans un prochain créneau consacré aux propositions transpartisanes.
L’initiative s’appuie sur un travail mené avec l’Alliance contre le tabac (ACT) et la Ligue contre le cancer, deux organisations engagées de longue date dans la prévention du tabagisme.
En France, le tabac demeure la première cause de mortalité évitable, responsable de près de 75 000 décès chaque année.
Son coût social – entre soins, pertes de productivité et prévention – est estimé à 156 milliards d’euros par an.
Après une nette baisse entre 2014 et 2019, la proportion de fumeurs s’est stabilisée avant de repartir légèrement à la baisse : selon Santé publique France, un quart des 18-75 ans fument encore régulièrement.
Malgré les paquets neutres, les hausses de prix et les campagnes de prévention, les pouvoirs publics peinent à atteindre leur objectif d’une “génération sans tabac” – c’est-à-dire moins de 5 % de fumeurs dans la population adulte.
Des jeunes de moins en moins fumeurs
L’idée d’un changement générationnel n’est pourtant pas qu’un vœu pieux.
Les données européennes montrent que le tabagisme quotidien chez les adolescents de 16 ans a chuté de 16 % en 2015 à 3,1 % en 2024, selon l’étude ESPAD.
Mieux encore, près de 9 adolescents sur 10 déclarent souhaiter vivre dans un monde sans tabac.
« Chaque année, 200 000 jeunes entrent encore dans le tabagisme. Il est temps de briser cette mécanique d’addiction précoce », plaide Marion Catellin, directrice de l’Alliance contre le tabac.
L’organisation salue une mesure “progressive, non punitive et protectrice des générations futures”.
Une dimension écologique et économique
Les défenseurs du texte soulignent également les effets environnementaux et sociaux de la filière tabac :
- près de 1,3 million d’enfants travailleraient encore dans les champs de tabac à travers le monde ;
- la culture du tabac contribuerait à environ 5 % de la déforestation mondiale ;
- la gestion des mégots reste un fléau écologique majeur en Europe.
Pour Nicolas Thierry, il n’est “plus acceptable de baser un modèle économique sur un fléau sanitaire”. L’interdiction générationnelle serait donc aussi une mesure de cohérence écologique et sociale, en phase avec les engagements européens de santé publique et de transition environnementale.
La France ne serait pas pionnière :
- la Nouvelle-Zélande avait été la première à annoncer une interdiction similaire (avant que la loi ne soit suspendue en 2024),
- le Royaume-Uni s’apprête à interdire la vente de cigarettes aux personnes nées après 2009,
- les Maldives appliquent déjà un dispositif comparable depuis novembre 2025.
L’Union européenne s’est elle-même fixé un objectif de moins de 5 % de fumeurs d’ici 2040.
Des interrogations sur les effets concrets
Certains observateurs s’interrogent toutefois sur la mise en œuvre pratique de cette interdiction :
comment les buralistes contrôleront-ils les dates de naissance ?
quelles seront les sanctions en cas de vente illégale ?
et surtout, cette mesure ne risque-t-elle pas d’alimenter les marchés parallèles ?
Les partisans du texte répondent que la progressivité du dispositif permettra d’éviter tout “effet de bascule” brutal : « la demande diminuera lentement, sans provoquer de choc économique chez les buralistes », assure le député.
Si la loi était adoptée, les enfants qui sont aujourd’hui en classe de CM2 ou de 6ᵉ ne pourraient jamais acheter légalement de tabac.
Une rupture symbolique majeure, qui marquerait la fin d’un siècle d’acceptation sociale du tabagisme.
« Retirer le tabac de l’horizon de la majorité, c’est envoyer un signal fort », résume Nicolas Thierry.
L’ambition est claire : faire de la génération née après 2014 la première à grandir dans une société enfin libérée de la cigarette.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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