Dans une vidéo diffusée en ligne, des hommes cagoulés et armés désignent plusieurs responsables politiques comme des “cibles légitimes” et dénoncent l’immigration et l’idéologie LGBT dans les écoles.
Une vidéo diffusée le 28 novembre 2025 a fait l’effet d’une bombe à Newry, Mourne et Down, district du sud-est de l’Irlande du Nord. On y voit trois hommes cagoulés, armés, lisant une déclaration au nom d’un groupe se présentant comme le New Republican Movement (NRM). Leur message : les élus locaux sont désormais des “cibles légitimes” en raison de leur participation à la destruction de “la culture, la religion et la sécurité” des communautés irlandaises.
Newry
A new group called the “New Republican Movement” have claimed local representatives are “legitimate targets”.
Mass immigration and the indoctrination of children is schools are mentioned as reasons for their existence. pic.twitter.com/Q4bw0puPPj
— Real News Éire (@real_eire) December 1, 2025
Dans un climat politique déjà tendu, ces menaces sont prises très au sérieux. Elles ont suscité une condamnation unanime de la part des responsables politiques nord-irlandais – y compris au sein de Sinn Féin, habituellement prompt à minimiser la radicalité dans ses propres rangs.
Dans cette vidéo, un homme lit un texte au nom du NRM, encadré de deux individus armés, dans une mise en scène qui rappelle les proclamations paramilitaires du passé. “Nous ne resterons plus les bras croisés pendant que notre culture et notre religion sont détruites par les gens que nous avons mis au pouvoir,” déclare le porte-parole masqué.
Il accuse les élus de “laisser inonder nos communautés par des hommes en âge de combattre, sans papiers”, et dénonce également “l’endoctrinement sexuel de nos enfants à l’école.” Le message se conclut par une menace directe :
“Nous avons vos adresses. Nous connaissons vos mouvements. Chaque l’un d’entre vous est une cible légitime.”
Condamnations officielles, mais une fracture idéologique de plus en plus visible
Le député Sinn Féin Dáire Hughes, représentant de Newry et Armagh, a qualifié la vidéo de “sinistre”. Il a dénoncé une “attaque contre la démocratie” et a affirmé que ces “voyous sans visage” ne le détourneraient pas de son mandat : “Ils ne représentent personne et ils ne nous empêcheront pas de défendre nos concitoyens”, a-t-il déclaré, rappelant que des bombes ont déjà été posées contre des bureaux de son parti.
Du côté du parti Alliance, formation centriste et progressiste, le vice-président Eóin Tennyson a aussi réagi fermement : “Ces menaces n’ont aucune place dans notre société. C’est une attaque contre les représentants démocratiquement élus, mais aussi contre les citoyens eux-mêmes.”
Ce qui distingue cette vidéo des déclarations classiques de groupes dissidents, c’est la teneur identitaire et civilisationnelle du message. Il ne s’agit plus uniquement de contestation du régime britannique ou d’appel à une Irlande unifiée, mais de rejet explicite de l’immigration extra-européenne, de la théorie du genre à l’école, et d’un modèle de société perçu comme destructeur des fondements culturels irlandais. “Ceux qui menacent notre mode de vie, et la sécurité de nos femmes et enfants, feront face à une action immédiate,” affirme le NRM.
Un discours qui, malgré sa violence, trouve un écho croissant dans certaines franges de la jeunesse républicaine désabusée, notamment dans les quartiers populaires où l’arrivée massive de migrants et les campagnes LGBT dans les écoles provoquent un rejet de plus en plus visible.
Selon plusieurs observateurs, l’apparition du NRM correspond à l’émergence de nouvelles formes de radicalité. Un ancien agent de sécurité basé dans le comté d’Armagh affirme que le recours à des codes visuels de type “paramilitaire” vise à gagner en crédibilité dans un paysage fragmenté, où plusieurs groupuscules tentent de se réapproprier l’héritage républicain tout en intégrant des thèmes plus contemporains, souvent inspirés de l’alt-right internationale.
Cette nouvelle menace survient dans un climat déjà tendu. En 2024, plusieurs attaques incendiaires avaient visé des bâtiments municipaux dans le comté de Down, et des agents du service de l’immigration avaient été publiquement menacés.
Les services de sécurité nord-irlandais prennent la menace très au sérieux, d’autant plus que les cibles visées ne sont plus uniquement les forces de sécurité britanniques, mais désormais aussi les élus locaux accusés de trahir le peuple.
Ce qui se joue en Irlande du Nord ne se résume plus à la vieille opposition entre unionistes et républicains. Une fracture interne traverse désormais le camp nationaliste, opposant d’un côté les républicains institutionnels (comme Sinn Féin, aujourd’hui majoritairement acquis à la mondialisation et au multiculturalisme), et de l’autre, une jeunesse radicalisée par les effets de l’immigration, la perte d’identité et l’intrusion des idéologies progressistes dans l’éducation et les institutions.
La vidéo du New Republican Movement est un signal : celui d’un pays déchiré entre son passé militant, son présent multiculturel imposé, et son avenir encore incertain.
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