Crédits immobiliers : hausse des taux, recul de la solvabilité et atterrissage du marché

Malgré une légère reprise de l’activité à la rentrée, le marché du crédit immobilier continue de montrer des signes d’essoufflement. La hausse des taux, la durée des prêts à son maximum historique, et la baisse de la solvabilité des ménages dessinent un horizon incertain pour 2026.

Le dernier tableau de bord de l’Observatoire Crédit Logement / CSA, daté de novembre 2025, confirme une tendance lourde : celle d’un marché du crédit immobilier entré dans une phase d’atterrissage. Si la production de crédits reste en croissance par rapport à 2024, la dynamique observée au printemps dernier s’affaiblit nettement. Et les chiffres traduisent une équation de plus en plus complexe pour les ménages : hausse du coût des opérations, accès au crédit plus difficile, et taux d’intérêt désormais installés sur un nouveau palier.

Des taux d’intérêt en léger rebond

En novembre 2025, le taux moyen des crédits immobiliers accordés dans le secteur concurrentiel s’est établi à 3,12 % – contre 3,07 % entre mars et août. Cette hausse de 5 points de base s’est faite en douceur, mais elle marque la fin d’un cycle de stabilité. Les taux varient toutefois selon la nature du bien financé : 3,01 % pour l’accession dans le neuf3,12 % dans l’ancien.

Les prêts à 25 ans, prisés par les primo-accédants, ont vu leur taux progresser de 12 points de base depuis le printemps. Pour les prêts à 20 ans, la hausse atteint même 16 points de base. Les prêts à 15 ans, en revanche, restent plus stables. Si les banques n’ont pas encore pleinement répercuté les tensions sur les marchés financiers, elles privilégient la prudence, surtout dans un contexte d’incertitude économique.

Une durée d’emprunt historiquement longue

La durée moyenne des crédits atteint désormais 250 mois (plus de 20 ans), un record. Dans le neuf, elle monte à 260 mois, et dans l’ancien à 265 mois. Cette stratégie des banques vise à amortir le choc de la remontée des coûts pour les ménages, en allongeant la période de remboursement.

Mais cette politique atteint ses limites. La part des prêts très longs (25 ans et plus) diminue, passant de 51,9 % au premier trimestre à 46,1 % en novembre. Les établissements financiers, soucieux de limiter leur exposition au risque, resserrent progressivement leurs conditions. Cette évolution pourrait freiner davantage l’accès au crédit pour les ménages modestes, alors même que l’allongement des durées constituait jusqu’ici une soupape.

L’indicateur de solvabilité de la demande chute, conséquence directe de la hausse des prix immobiliers (+4,8 % depuis janvier) et de la hausse des taux. Le coût relatif des opérations, en nombre d’années de revenus, atteint 4,2 années en novembre, contre 4,0 un an plus tôt.

Cette dégradation des conditions pèse même sur les ménages les plus aisés. Et les outils d’ajustement traditionnels – allongement de la durée ou modulation du taux – ne suffisent plus à compenser l’augmentation rapide des prix. Dans ce contexte, de nombreux projets immobiliers sont ajournés, voire abandonnés.

Le marché ralentit, malgré une reprise post-été

La rentrée de septembre avait laissé entrevoir un léger rebond après la dépression estivale. Mais cette embellie reste limitée. La production de crédits n’a progressé que de 17,7 % en glissement annuel en novembre, contre 48,4 % en mars dernier. Même constat pour le nombre de prêts accordés : +18,4 % en novembre, contre +52,8 % en mars.

Le ralentissement est net dans l’ancien, où le nombre de prêts entre septembre et novembre recule de 11 % par rapport à l’été. En rythme annuel glissant, les tendances restent positives (+31,6 % de production de crédits, +36,2 % de prêts accordés), mais l’essoufflement est enclenché.

Entre durcissement des conditions d’octroi, repli de la solvabilité, inflation persistante dans l’immobilier et incertitudes économiques générales, le marché du crédit immobilier aborde 2026 dans une position fragilisée. Les marges de manœuvre se réduisent, aussi bien pour les ménages que pour les établissements bancaires.

Dans ce contexte, les stratégies d’adaptation – allongement des durées, modulation des taux, segmentation des profils emprunteurs – devront être maniées avec habileté pour éviter un véritable blocage du marché.

Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.

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