Le Guilvinec (29). 500 kg de bars détruits : les ligneurs dénoncent la dérive de la pêche industrielle

Le 21 août dernier, près de 500 kg de bars de taille inférieure à 40 cm ont été découverts dans deux coffres de la criée du Guilvinec (Finistère) et détruits, sans mise en vente. La CCI, gestionnaire de l’équipement, a confirmé la destruction des poissons.

Dans un communiqué du 22 août, l’Association des Ligneurs de la Pointe de Bretagne affirme qu’il s’agissait d’un « coup de senne d’un bolincheur de Douarnenez » ayant débarqué la veille 1,6 tonne de bars. Les ligneurs décrivent : « Deux grands coffres de criée remplis de bar sous taille sont découverts dans un recoin discret de la criée du Guilvinec ».

Ligneurs contre bolincheurs

Les ligneurs dénoncent une pratique « à priori “légale” mais purement irresponsable » : « Un bolincheur réalise un coup de senne sur un banc de bar, débarque l’ensemble de sa pêche à la criée du Guilvinec, réalise le tri des bars sous taille dans la criée et vend la part “légale” de sa capture. Le reste de sa pêche, des bars de taille inférieure à 40 cm, est détruit… ».

Ils estiment que la bolinche, une senne coulissante capable de capturer plusieurs tonnes d’un coup, est inadaptée : « Cette technique […] peut provoquer la mort inutile de milliers d’individus immatures ».

Le patron du navire mis en cause rejette ces accusations : « Ce poisson hors taille, ce n’est pas moi qui l’ai débarqué, ce n’est pas mon poisson ! […] Le signal [AIS] peut avoir régulièrement des ruptures, ça arrive fréquemment à tous les bateaux ! ». Cité par le journal le Télégramme le 25 août, il ajoute : « Le poisson que j’ai débarqué, je l’ai pêché en dessous du 48e, en toute légalité ».

Enquête demandée par les bolincheurs et le CRPMEM

L’association des bolincheurs de Bretagne, qui regroupe 27 navires, a réagi par la voix de son président, Yvon Le Lay : « Si ces faits se révélaient exacts, l’association des bolincheurs ne cautionne pas et ne cautionnera jamais de tels abus, elle condamne fermement ces faits s’ils sont avérés ». Il a insisté sur le caractère isolé : « Il ne faudrait en aucun cas mettre tous les bolincheurs dans le même sac ».

Le Comité régional des pêches de Bretagne (CRPMEM), dans un communiqué du 26 août, a rappelé qu’il est « rigoureusement interdit de pêcher et débarquer du poisson hors taille ». Son président, Olivier Le Nézet, déclare : « S’ils sont avérés, les faits imputés sont graves. Il est regrettable qu’un seul navire jette l’opprobre sur toute une flottille. […] Nous appelons à ce que toute la lumière soit établie ». Le CRPMEM annonce se réserver la possibilité de se constituer partie civile.

Les bars destinés à être jetés à la criée du Guilvinec. Source : page Facebook des Ligneurs de la Pointe de Bretagne.

Une ressource fragile

Ce gaspillage survient alors que l’Ifremer alerte sur l’état des stocks : en 2023, seuls 58 % des poissons débarqués en France provenaient de populations exploitées durablement, tandis que 31 % étaient issus de stocks en déclin. Des espèces comme la sole de Manche Est, le merlan ou le lieu jaune sont désormais classées en effondrement.

Pour les ligneurs, cet épisode illustre le choix politique à opérer entre la logique industrielle et la pêche artisanale sélective. Comme le résume le CRPMEM : « Quel que soit le métier exercé, les pratiques de pêche répréhensibles ne peuvent être laissées sans réponse ».

Crédit photo : page Facebook Ligneurs de la Pointe de Bretagne (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

5 réponses à “Le Guilvinec (29). 500 kg de bars détruits : les ligneurs dénoncent la dérive de la pêche industrielle”

  1. NEVEU Raymond dit :

    Voilà où nous conduisent les normes pondues par les crânes d’oeuf de Bruxelles, normes rendues plus contrariantes par des fonctionnaires inutiles français qui doivent justifier leur inutilité! FREXIT ! De plus moins de ces fonctionnaires est aussi une piste pour les économies.

  2. Poulbot dit :

    Le bar de ligne est meilleur que celui pêcher au filet , sa chaire n’est pas abimer, ni stresser , d’une finesse.
    On peux les ligneurs remonter les courants du raz de seins au risque de leur vie pour ce poisson en allant a la pointe du Raz, voir ces petits bateaux balloter par les flots….

  3. NEVEU Raymond dit :

    DINGUE EN VOULANT IMPRIMER MON COMMENTAIRE sur des souvenirs y compris mon oncle Camelot du Roi Microcrosoft a torché mon commentaire!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

  4. patphil dit :

    gaspillage intolérable grace aux « normes » technocratiques

  5. Eliot55 dit :

    Qu’est ce qui est intolérable ? De pêcher des poissons sous maille ?
    La maille a été instaurée de sorte que pour chaque espèce, le poisson ait pu se reproduire au moins une fois. Ainsi, la survie de l’espèce est assurée. Capturer des poissons sous maille c’est la condamner à l’extinction. Je suis donc favorable au maillage. Il ne faudrait toutefois pas que la réglementation, spécialité dans laquelle la France excelle, atteigne des degrés tels qu’elle reviendrait à interdire la pratique de la pêche, y compris la pêche à pied.
    Vacancier régulier à Loctudy près du Guilvinec, je pêche en mer 7 ou 8 fois durant ma quinzaine. Quand je prélève 4 ou 5 bars (Donc dans l’année…) c’est le bout du monde. Je vais à la pêche plus pour me vider l’esprit et pour le coup de ligne que pour ramener du poisson. Ce qui me révolte c’est que je me fasse contrôler en mer, avec « interrogation orale » sur la législation, par la Police de l’Environnement et que je lise qu’à quelques kilomètres de là certains professionnels débarquent et vendent du poisson dans l’illégalité plus complète. En octobre dernier, c’était une affaire au sujet de 350kg de thon débarqués au Guilvinec. Alors il faudrait peut-être ne pas se tromper de « gibier » et mettre un peu plus souvent les pieds dans les criées et sur les chalutiers aussi.
    Au sujet de révolte, c’est que ces 500kg de bars ait été détruits. Je pense qu’une dérogation (Parce qu’il doit bien y avoir une réglementation qui l’oblige, on est en France….) aurait pu être accordée pour que ce poissaille vers une maison de retraite ou autre établissement pour changer du menu quotidien des résidents. Quand je prends et/ou relâche un bar, j’en prends soin parce que je le respecte. Ce qu’a fait l’administration en détruisant ces bars est un manque de respect, un non sens. J’ai honte pour elle.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

Economie, Environnement

Chalutage de fond : les pêcheurs bretons dénoncent une transition irréaliste imposée par idéologie

Découvrir l'article

Environnement

Métamorphose en profondeur de la Flotte océanographique française : cap sur l’horizon 2035

Découvrir l'article

Economie, Local, Sociétal, Vie Pratique

Breizhmer : le label breton pour faire face à la marée des importations [Vidéo]

Découvrir l'article

Environnement, Sociétal

Nantes : le premier Festival National de la Pêche attend des milliers de passionnés du 23 au 25 mai

Découvrir l'article

Environnement

Le Festival National de la Pêche 2025 à Nantes : un rendez-vous inédit pour les passionnés de mer et de rivière

Découvrir l'article

A La Une, Economie, Environnement

Ludovic Le Roux (Les Pêcheurs de Bretagne) : « Il faut réapprendre au consommateur à consommer les produits de la mer » [Interview]

Découvrir l'article

Economie, Environnement

Pêche française : une filière en péril face aux pressions environnementales et politiques

Découvrir l'article

Economie, Environnement

État des populations de poissons en France : un bilan contrasté pour la pêche durable

Découvrir l'article

Economie, QUIMPER

Finistère. Sale temps pour les criées de Cornouaille malgré les investissements de la CCI

Découvrir l'article

Economie, Environnement

Environnement. Fermeture de la pêche dans le golfe de Gascogne pour protéger les dauphins

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky