Le Premier ministre hongrois rencontre Donald Trump ce 7 novembre à Washington. Au cœur des discussions : énergie, souveraineté, et la fin d’une Europe prisonnière de ses propres sanctions.
C’est un sommet discret par son format, mais lourd de conséquences pour l’équilibre européen. Ce 7 novembre, Viktor Orbán est à Washington pour une rencontre officielle avec Donald Trump. Objectif : consolider l’approvisionnement énergétique de la Hongrie, préserver ses relations économiques avec la Russie, et renforcer les liens politiques avec la future administration républicaine.
Le retour du réalisme sur la scène européenne
Depuis bientôt trois ans, l’Union européenne s’enferme dans une logique de sanctions successives contre Moscou : dix-neuf paquets adoptés depuis 2022, des milliers de restrictions imposées à des entreprises, des banques et des particuliers. Si le but affiché était d’asphyxier la machine de guerre du Kremlin, les effets les plus tangibles se sont fait sentir… à l’intérieur même du continent.
Les prix de l’énergie ont explosé, l’industrie européenne a perdu en compétitivité, et le coût de la vie a bondi. L’Allemagne, jadis locomotive économique, est entrée dans une série de récessions techniques. En France, les agriculteurs dénoncent l’envolée des coûts et la concurrence étrangère déloyale. En Italie, le gouvernement reconnaît que près de 40 % de l’inflation des produits de consommation provient directement de la hausse post-sanctions de l’énergie.
Dès le départ, Budapest avait alerté sur cette impasse. Orbán refusait les mesures les plus dures, arguant qu’isoler la Russie reviendrait à punir davantage les Européens que Moscou. Tandis que Bruxelles parlait « d’autonomie stratégique », la Hongrie, elle, préférait sécuriser ses approvisionnements en gaz et pétrole russe, et renforcer la coopération régionale.
Une position qualifiée à l’époque d’« égoïste » par certains, mais qui apparaît aujourd’hui comme pragmatique. L’économie hongroise reste stable, l’inflation maîtrisée, et les ménages bénéficient de tarifs énergétiques bien inférieurs à la moyenne européenne.
Orbán et Trump : la convergence du bon sens
Cette visite à Washington illustre le rapprochement de deux dirigeants qui partagent une même lecture du monde : souveraineté nationale, protection de l’industrie, et rejet des utopies idéologiques.
Selon la presse hongroise, Orbán devrait négocier des dérogations aux sanctions américaines sur le pétrole russe, afin de continuer à importer à prix raisonnable. En échange, les États-Unis obtiendraient une coopération renforcée dans le domaine nucléaire civil — notamment sur les réacteurs modulaires, le combustible et la gestion des déchets.
Pour Washington, la Hongrie demeure un partenaire fiable en Europe centrale : prévisible, stable, et guidé par l’intérêt national plutôt que par les slogans de Bruxelles. Donald Trump, qui fustigeait déjà la dépendance énergétique de l’Europe et l’excès de bureaucratie communautaire, voit en Orbán un allié naturel. Tous deux partagent la conviction que la prospérité occidentale passe par une énergie abordable et des relations fondées sur le réalisme, non sur la morale punitive.
L’Europe en fatigue stratégique
Ce sommet intervient alors que l’Union européenne donne des signes d’essoufflement politique. L’Autriche, la Slovaquie ou la Grèce réclament une réévaluation des sanctions, jugées contre-productives. Même le débat sur une éventuelle inclusion d’Israël dans la liste des États sanctionnables a révélé des fractures profondes : l’Italie, l’Allemagne, l’Autriche et la Hongrie s’y sont opposées, craignant un chaos diplomatique et économique supplémentaire.
Pendant ce temps, les ménages européens payent leur chauffage deux fois plus cher qu’avant 2021. Les PME étouffent sous le coût de l’électricité, et les États doivent multiplier les subventions pour compenser — au prix d’un endettement public qui explose.
Budapest, une voix de raison
Face à cette dérive, la Hongrie incarne une autre voie : celle du réalisme politique. Sans rompre avec l’Union européenne, Budapest défend une diplomatie fondée sur la souveraineté et la continuité économique. Orbán a maintenu des liens ouverts avec Moscou et Pékin, tout en gardant un ancrage occidental. Résultat : une stabilité interne enviable et une politique énergétique cohérente.
« La paix et la prospérité ne se construisent pas sur la punition », répète souvent le Premier ministre hongrois. Pour lui, les sanctions ne devraient jamais devenir une fin en soi, mais un levier de négociation. Sa ligne pourrait se résumer ainsi : la sécurité d’abord, l’idéologie ensuite.
Le sommet Hongrie–États-Unis dépasse donc la seule question du pétrole. Il symbolise une fracture plus profonde : celle d’une Europe partagée entre les illusions morales de Bruxelles et le retour brutal du réel. Orbán, en se tournant vers Washington, rappelle que la politique extérieure doit servir les peuples avant de servir les dogmes.
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Une réponse à “Sommet Hongrie–États-Unis : Viktor Orbán à Washington pour défendre le réalisme contre l’idéologie européenne”
Il y a quelques erreurs factuelles dans votre article. Par exemple, quand vous écrivez que « Les prix de l’énergie ont explosé », il faudrait préciser de quels prix vous parlez. Le cours du pétrole (Brent) a fortement monté dans les jours suivant l’agression russe contre l’Ukraine, avant toute sanction occidentale, puis il est resté élevé pendant plusieurs mois de 2022. La propagande poutinienne a alors insisté sur l’augmentation des prix due aux sanctions et cette idée semble restée gravée dans les esprits. Pourtant, dès la fin 2022 le cours du Brent avait rejoint son niveau de janvier 2022 et il est aujourd’hui inférieur malgré les sanctions (ou peut-être grâce à elles, puisque la Russie s’est trouvée obligée de brader son pétrole à des pays occidentaux, ce qui a contribué à détendre les cours mondiaux). Les cours du gaz naturel ont évolué à peu près de la même manière.
Je ne sais pas d’où vient et surtout de quand date votre affirmation selon laquelle « En Italie, le gouvernement reconnaît que près de 40 % de l’inflation des produits de consommation provient directement de la hausse post-sanctions de l’énergie ». Les prix de l’énergie augmentaient fortement en Italie dès avant février 2022 et ont bondi au second semestre 2022. Mais ils ont décéléré tout au long de l’année 2023 et BAISSENT presque en permanence depuis la fin 2023. Le niveau global d’inflation en Italie est d’ailleurs historiquement bas depuis deux ans.
Orban s’est trompé. Ses avertissements matérialistes (on sacrifierait le porte-monnaie des Européens pour défendre la liberté des Ukrainiens) procédaient d’une erreur d’analyse. Il est vrai que l’énergie coûte moins chez aux Hongrois qu’aux autres Européens. C’est en partie la « récompense » accordée par Poutine à son allié, mais c’est surtout le fruit d’un choix politique : les prix de l’électricité sont subventionnés par l’Etat hongrois à hauteur d’environ 2 % du PIB. Si la France en faisait autant, à raison de 60 milliards d’euros de transferts, le résultat ne serait pas très différent.