Une vaste étude américaine publiée dans la revue JAMA Oncology établit un lien inquiétant entre la consommation d’aliments ultra-transformés et le développement de lésions précancéreuses du côlon chez les femmes de moins de 50 ans.
Une étude sur 24 ans et près de 30 000 infirmières
Des chercheurs ont suivi pendant 24 ans (1991-2015) plus de 29 000 infirmières américaines, âgées en moyenne de 45 ans, dans le cadre de la Nurses’ Health Study II. Les participantes ont régulièrement rempli des questionnaires détaillés sur leur alimentation et ont subi au moins une coloscopie avant l’âge de 50 ans.
L’objectif : déterminer si la consommation d’aliments ultra-transformés pouvait favoriser l’apparition d’adénomes conventionnels et de lésions dentelées, deux types de polypes précurseurs du cancer colorectal.
Des résultats sans équivoque pour les adénomes
Les résultats sont éloquents : les femmes dont la consommation d’aliments ultra-transformés était la plus élevée (environ 10 portions par jour) présentaient un risque augmenté de 45% de développer des adénomes conventionnels précoces par rapport à celles qui en consommaient le moins (environ 3 portions par jour).
Au total, 1 189 cas d’adénomes conventionnels ont été diagnostiqués pendant la durée de l’étude. En revanche, aucune association significative n’a été observée avec les lésions dentelées (1 598 cas recensés).
Qu’entend-on par aliments ultra-transformés ?
Les aliments ultra-transformés, définis selon la classification NOVA, sont des produits industriels prêts à consommer ou à réchauffer, contenant peu d’aliments entiers. Dans cette étude, ils représentaient en moyenne 35% des calories quotidiennes des participantes, soit environ 6 portions par jour.
Les principales sources identifiées étaient les pains et produits de petit-déjeuner industriels (23%), les sauces et condiments (22%), ainsi que les boissons sucrées ou édulcorées artificiellement (20%).
Des mécanismes biologiques complexes
Les chercheurs avancent plusieurs explications pour ces résultats. Les aliments ultra-transformés sont généralement pauvres en fibres, vitamines et polyphénols, mais riches en graisses de mauvaise qualité, amidons raffinés et additifs alimentaires comme les émulsifiants et édulcorants artificiels.
Ces composants pourraient perturber le microbiote intestinal, augmenter l’inflammation intestinale et contribuer au développement de tumeurs colorectales. L’étude note également que ces aliments favorisent une consommation excessive de calories, pouvant conduire à l’obésité, elle-même facteur de risque du cancer colorectal.
Une urgence face à l’augmentation des cas précoces
Cette recherche intervient dans un contexte préoccupant : l’incidence du cancer colorectal chez les moins de 50 ans augmente depuis plusieurs décennies dans les pays développés, notamment aux États-Unis. Cette tendance touche particulièrement les personnes nées après 1960.
Or, ces cancers précoces surviennent souvent chez des individus sans antécédents familiaux ni prédisposition génétique identifiée, suggérant un rôle majeur des facteurs environnementaux et du mode de vie.
Les auteurs reconnaissent certaines limites à leur étude : la population étudiée, composée exclusivement d’infirmières, majoritairement blanches et éduquées, pourrait limiter la généralisation des résultats. De plus, la classification des aliments ultra-transformés reste imparfaite et sujette à débat dans la communauté scientifique.
L’étude n’a pas non plus pu évaluer directement le risque de cancer colorectal en raison d’un nombre insuffisant de cas, se concentrant sur les lésions précancéreuses.
Vers une prévention par l’alimentation
Malgré ces limites, les conclusions plaident en faveur d’une amélioration de la qualité alimentaire comme stratégie de prévention. Les résultats sont restés robustes même après prise en compte de nombreux facteurs confondants comme l’indice de masse corporelle, le diabète de type 2 ou l’apport en fibres, folates, calcium et vitamine D.
Les chercheurs appellent à de nouvelles études pour identifier précisément les composants des aliments ultra-transformés responsables de ces effets délétères et pour valider ces résultats dans des populations plus diversifiées.
Illustration : DR
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